Plus de 600 millions de dollars pour attirer Ford à Bécancour

Le ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation Pierre Fitzgibbon, le premier ministre du Québec François Legault et le ministre fédéral de l'Innovation François-Philippe Champagne, sur le chantier de la future usine de cathodes de Ford, à Bécancour
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les gouvernements fédéral et provincial investissent 644 millions de dollars pour la construction d’une nouvelle usine de Ford qui produira les matériaux nécessaires aux batteries de ses véhicules électriques dans le Centre-du-Québec.
Les travaux de construction de l’usine de cathodes nécessitent des investissements totaux de 1,2 milliard de dollars, dont la moitié proviennent de fonds publics.
Ottawa octroie 322 millions de dollars à la multinationale américaine par l’entremise du Fonds stratégique pour l’innovation. Investissement Québec investira l’autre moitié.
L'annonce a été faite officiellement à Bécancour jeudi matin. C'est un François Legault très fier qui a pris la parole.

Le ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation Pierre Fitzgibbon, le premier ministre du Québec François Legault et le ministre fédéral de l'Innovation François-Philippe Champagne, à Bécancour, le 17 août 2023
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
On vient aujourd’hui démontrer […] qu’on est capables maintenant d’attirer des gros joueurs, comme Ford. Et pour moi, c’est une grande fierté. Ça vient confirmer que le Québec est vraiment en train de se positionner comme un leader mondial de l’économie verte.
Ce n'est pas trop fort de dire ces mots-là
, a ajouté le premier ministre devant une série de politiciens de tous les ordres de gouvernements, de même que de dignitaires et de chefs d'entreprises, notamment des États-Unis, mais aussi de la Corée du Sud.
Ford s’est en effet allié à deux entreprises coréennes EcoProBM et SK On dans ce projet qui doit créer 345 emplois. Le premier ministre a dit espérer que ces emplois permettront aux jeunes Québécois de relever des défis professionnels de taille sans devoir s'exiler hors de la province.
Qu’est-ce qu’une cathode de batterie?
L’électricité produite par une batterie est créée à partir de la circulation d’électrons entre deux pôles : l’anode et la cathode. La cathode est le lien de transmission de l’électricité entre la batterie et le moteur. Elle représente 65 % de la valeur d’une batterie.
Une usine clé
L’usine de Ford ouvrira ses portes en 2026. Sa production sera destinée aux usines d’assemblage automobiles du constructeur à travers le Canada et les États-Unis.
Un fait d'importance que le ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, n'a pas manqué de souligner.
L’usine [de Ford à Bécancour], ce n’est pas juste une usine. C’est une usine critique pour l’ensemble des usines de Ford en Amérique du Nord. C'est ce qui est intéressant, comment le Québec a réussi à se positionner dans la chaîne de valeur stratégique.
Il y a 12 à 18 mois – moi, vous savez, j’ai été ministre des Affaires étrangères, donc je me promenais –, je peux vous dire qu’il n’y a pas grand monde qui parlait du Québec en matière de batteries, d’écosystème, de véhicules électriques, et aujourd’hui, on parle du Québec
, a ajouté le ministre Champagne.
Derrière ce que vous voyez aujourd’hui, c’est une région qui est en train de jaillir, c’est une région qui est en train de se positionner dans l’écosystème de l’automobile.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et député de Saint-Maurice-Champlain, François-Philippe Champagne, lors de l'annonce d'un investissement de son gouvernement à Ford et ses partenaires pour une usine à Bécancour
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La vallée de la transition énergétique prend forme
Ces investissements s’inscrivent dans la volonté d’Ottawa et de Québec de créer une vallée de la transition énergétique en Mauricie.
Ford n’est d’ailleurs pas le premier joueur de l'industrie à choisir le site. GM a été le premier constructeur à annoncer son intention de s’y installer et y ouvrira la première usine de cathodes de batteries au Canada en 2025.
Pour le gouvernement fédéral, bien qu’il ne s’agisse pas du même ordre d’investissement que l’entente de 13 milliards de dollars conclue avec le constructeur allemand Volkswagen pour l’implantation d’une usine de batteries en Ontario, cette annonce s’inscrit dans la même stratégie.
Le gouvernement n’hésite pas à délier les cordons de la bourse pour que ces multinationales s’installent au Canada plutôt que de l’autre côté de la frontière, et ainsi tenter de compétitionner avec les États-Unis qui font des investissements massifs à travers la loi américaine sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act ou IRA).

Entrevue avec Yan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.
Avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson et de Joëlle Girard