Fitzgibbon insiste, il faudra réduire considérablement le parc automobile québécois

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Pierre Fitzgibbon maintient sa position : si les Québécois espèrent être carboneutres d'ici 2050, il faudra réduire la taille du parc automobile de la province de façon substantielle. C'est une question de cohérence, a-t-il justifié, mercredi, lors de son arrivée à la réunion du Conseil des ministres à Québec.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie faisait ainsi écho à sa déclaration de lundi, selon laquelle il faudra réduire de moitié le nombre de véhicules au Québec pour que la province atteigne ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES).
Si on veut être cohérents et qu’on veut avoir une carboneutralité en 2050, il faut que les habitudes des consommateurs changent de façon importante
, a-t-il réitéré, soutenant toutefois qu'aucune cible de réduction officielle n'avait été décidée par le gouvernement.
Les Québécois sont des gens intelligents [...]. Il n’y a personne qui pense qu’il va y avoir 5 millions de véhicules au Québec en 2050. Après, est-ce qu’on réduit de 30 % ou de la moitié? On s’en fout.
Actuellement, un peu plus de 6 millions de véhicules de promenade circulent sur les routes du Québec, dont environ 170 000 qui sont considérés comme électriques, selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec, au 31 décembre 2022.
Pierre Fiztgibbon s'est dit content de la réaction à ses propos de lundi, malgré les craintes soulevées, notamment par les concessionnaires automobiles. Il faut que les gens prennent conscience qu’on va devoir changer nos habitudes.
Ce n’est pas de la provocation, c’est la réalité. Si on veut être carboneutres, il faut être cohérents.
Il exclut toutefois la possibilité d'emprunter la voie coercitive pour imposer des cibles de réduction. Selon lui, la réduction viendra naturellement
d'un changement d'habitudes, notamment grâce à la bonification de l'offre de transports en commun dans les grands centres urbains.
Les gens vont faire ce qu’ils veulent
, a-t-il assuré. Jamais le gouvernement ne va imposer combien de voitures [ils vont pouvoir posséder]. Si tu en veux trois, tu vas en avoir trois. Mais les gens qui ont un discours social, qui veulent permettre à la planète de ne pas avoir de GES en 2050, il va falloir qu’ils comprennent qu’il va y avoir des changements.

Entrevue avec Alain Webster, président du Comité consultatif sur les changements climatiques du Gouvernement du Québec et professeur en économie de l'environnement de l'Université de Sherbrooke.
Il faut être réaliste, avertit Legault
Pierre Fitzgibbon serait-il devenu le ministre le plus vert du Cabinet? se sont amusés à dire les journalistes alors qu'ils questionnaient François Legault, mercredi, lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale. Le premier ministre a éclaté de rire en affirmant ne pas en être certain.
Je sais que Pierre a lu beaucoup de rapports d'environnementalistes cet été
, a-t-il dit, sourire en coin. Il y a des environnementalistes qui proposent de réduire de moitié le nombre d'autos. Nous, notre approche, c'est vraiment de dire qu'il faut aller vers l'auto électrique.
Ce qui est surtout important, c'est de rendre disponibles les autos électriques et, dans les grandes villes, de s'assurer qu'il y a plus de transport en commun
, a-t-il indiqué, admettant que cette seconde stratégie visait, à terme, à réduire le nombre d'automobiles.
Mais il faut comprendre que le Québec c’est grand et que, dans les régions, la densité de population ne nous permet pas d’avoir partout du transport collectif, donc il faut quand même être réaliste.
Le premier ministre, qui préconise une stratégie incitative et non coercitive, a en somme affirmé que son gouvernement n'avait pas, à l'heure actuelle, fixé de cible de réduction du parc automobile.
En mêlée de presse, le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a de son côté soutenu que son collègue à l'Économie avait employé une image
en parlant de réduire de moitié le parc automobile.
Il faut offrir des solutions supplémentaires et c’est ce qu’on offre actuellement. Il y a le REM qui a été inauguré, le projet de tramway continue d’avancer, la ligne bleue continue d’avancer. Ce sont des options en plus qu’il faut donner. Mais il n’a jamais été question de réduire de moitié le parc automobile.