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Les apiculteurs d’Ottawa accueillent avec un optimisme mesuré le programme d’aide

Des abeilles les unes contre les autres.

Les abeilles à miel de la région d'Ottawa ont été touchées par les changements climatiques, les acariens parasites et la pénurie de fleurs.

Photo : Pixabay/Pexels

Radio-Canada

Alors que les gouvernements ontarien et fédéral ont annoncé un financement pour aider les apiculteurs à améliorer leurs exploitations, sur le terrain, ces derniers doivent composer avec « de nombreux défis ».

Shirley Stapley se souvient d'avoir pleuré le jour où, il y a quelques printemps, l'une de ses ruches les plus robustes a péri.

C'est tout simplement déchirant. Chaque apiculteur se soucie de ses abeilles, explique-t-elle.

Mme Stapley élevait des abeilles près de la communauté rurale de North Gower, dans le sud d’Ottawa. Lorsqu'il y a des pertes, on les ressent profondément.

Elle a finalement décidé d’arrêter son activité, car les défis sont devenus trop nombreux, que ce soit le varroa – un parasite qui vit dans les colonies d'abeilles – ou les conditions météorologiques difficiles qui peuvent anéantir les ruches.

Beaucoup d'apiculteurs perdent 75 % de leurs ruches pendant l'hiver, précise-t-elle. C'est dû aux changements climatiques. Il y a un changement radical de température ici et il y a beaucoup de condensation dans les ruches. Quel que soit le type d'isolation que nous mettons en place, nous constatons que les abeilles ne peuvent tout simplement pas passer l'hiver ici.

Ces pertes ont incité les gouvernements provincial et fédéral à investir plus de 1,3 million de dollars dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable afin d’aider à améliorer la résilience et la compétitivité des exploitations apicoles en Ontario.

Annoncé la semaine dernière, le programme peut financer jusqu'à 50 % des dépenses pour de l'équipement et de meilleures pratiques de gestion ou d'améliorations opérationnelles pour réduire les pertes.

Les apiculteurs de l’Ontario avec moins de 50 ruches sont admissibles à une somme maximale totale de 4500 $ pour des projets approuvés, tandis que les apiculteurs avec plus de 50 ruches sont admissibles à une somme pouvant s’élever à 25 000 $.

Une crise catastrophique

Mme Stapley estime qu'il s'agit d'un investissement encourageant, mais elle craint que ce ne soit qu'une goutte d'eau dans l'océan, compte tenu de l'ampleur des défis à relever.

Selon le président de l'Association des apiculteurs de l'Ontario, Ian Grant, au-delà des contraintes environnementales, les apiculteurs font également face à une pénurie de main-d'œuvre et à un resserrement des prix qui les empêche de couvrir l’ensemble de leurs coûts.

Le secteur est soumis à de nombreux facteurs de stress, explique Ian Grant. Pour être honnêtes, nous avons besoin de plus d'argent pour faire de la recherche et développer de nouveaux processus et de meilleures techniques de gestion pour aider à contrôler ce que nous voyons.

M. Grant fait remarquer que les pertes de l'année dernière ont été importantes, plus de la moitié des apiculteurs de l'Ontario ayant perdu au moins la moitié de leurs ruches. Il parle d'une crise catastrophique.

Si l'on n'investit pas suffisamment pour sauvegarder l'industrie apicole de l'Ontario, cela pourrait avoir des répercussions sur l'agriculture dans toute la province, selon M. Grant.

Plus d'un tiers des aliments que nous consommons sont pollinisés par les abeilles. Donc, si vous n'avez pas les abeilles pour faire ce travail, vous n'aurez pas une nourriture de qualité, vous n'aurez pas autant de nourriture disponible. Il en va de la sécurité alimentaire de la province.

Des abeilles dans une ruche.

Selon le président de l'Association des apiculteurs de l'Ontario, plus de la moitié des apiculteurs de l'Ontario ont perdu au moins la moitié de leurs ruches, l'an dernier. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Basil Etmanskie, de l'Association des apiculteurs de la vallée d’Ottawa (Upper Ottawa Valley Beekeepers' Association), craint lui aussi que l'argent soit rapidement englouti.

Apiculteur à petite échelle à Barry's Bay, dans le comté de Renfrew, il redoute que la majeure partie de l'argent annoncé aille vers de grandes exploitations commerciales. Selon lui, les apiculteurs locaux font face à une augmentation du nombre d'acariens, à des hivers humides et à des pénuries périodiques de fleurs dont les abeilles sont tributaires.

Il a subi des pertes au cours des deux dernières années et connaît d'autres apiculteurs qui ont connu des situations bien pires.

Je connais des gens qui avaient de 50 à 100 ruches, voire 300, et qui ont finalement eu la chance de sortir de l'hiver avec sept ou huit ruches, raconte-t-il. Ils ont perdu de 80 à 90 % de leurs abeilles, voire 100 % pour certains.

Élever de meilleures abeilles

Certains éleveurs, comme Jonny de Matos, tentent de mettre au point des abeilles capables de survivre là où d'autres périssent. Le nouveau programme pourrait l’aider à s'approvisionner en reines de dernière génération à prix réduit.

M. de Matos exploite un peu moins de 200 ruches pour la production de miel dans la région d'Ottawa, ainsi que 400 ruches d'accouplement. Il juge que l'annonce de la semaine dernière est un pas dans la bonne direction.

Il cherche les caractères spécifiques qui peuvent rendre les abeilles plus résistantes aux acariens, aux maladies ou aux changements climatiques, tout en favorisant des caractéristiques telles que la résistance à l'hiver.

L'initiative pourrait l'aider à réduire de moitié le coût d'une reine à 50 $ qui serait plus résistante.

Vous pouvez remplacer votre reine pour moins cher, avec une bonne souche locale résistante, explique-t-il. C'est donc gagnant-gagnant pour le producteur.

Pour sa part, Mme Stapley prévoit de se remettre à l'apiculture au printemps prochain. La perspective de mettre la main sur des reines subventionnées l’encourage, et elle espère que l'argent du gouvernement soutiendra la recherche pour développer des abeilles toujours plus résistantes.

Je suis prudemment optimiste, glisse-t-elle.

Avec les informations d’Arthur White-Crummey de CBC News

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