Un laboratoire universitaire étudie les effets des insectes sur les récoltes des Prairies

Sean Prager, qui dirige le Insect Research Facility, précise qu'une grande partie de la recherche qui y est réalisée se concentre sur comment prévenir l'arrivée de nouvelles espèces envahissantes au Canada.
Photo : Radio-Canada / Don Somers
En Saskatchewan, des chercheurs étudient les dangers potentiels que représentent les insectes envahissants pour les récoltes des Prairies. Ils se penchent particulièrement sur les espèces qui pourraient arriver d'autres régions, notamment à cause des changements climatiques.
Selon le professeur associé en entomologie Sean Prager, le Insect Research Facility de l'Université de la Saskatchewan a ouvert ses portes en avril, devenant le premier centre de recherche universitaire de ce genre dans l'Ouest canadien.
Il précise qu'une grande partie de la recherche qui y est réalisée se concentre sur comment prévenir l'arrivée de nouvelles espèces envahissantes au Canada.
Nous nous inquiétons surtout de ce qu'on commence à voir dans d'autres régions [...] Ce qu'on voit au Dakota du Nord, au Montana ou dans les Plaines des États-Unis est souvent un signe avant-coureur de ce qui va arriver ici
, explique Sean Prager, qui dirige le laboratoire.
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Le scientifique explique que son équipe travaille dans un espace contrôlé, où les différentes espèces d'insectes à l'étude sont maintenues en quarantaine.
Dans les réfrigérateurs du centre, des contenants transparents renferment toutes sortes d'insectes occupés à manger plusieurs types de plantes. Des étudiants de l'Université de la Saskatchewan s'affairent à analyser leur comportement et leur biologie.

Sean Prager dans une salle, illuminée en rouge, où sont gardés les insectes à l'étude.
Photo : Radio-Canada / Don Somers
L'équipe de recherche capture des insectes et teste ensuite la manière dont ils interagissent avec différentes plantes cultivées.
Est-ce que tel insecte du Maroc ou des États-Unis pourrait être un problème pour les lentilles ou les variétés que nous cultivons?
mentionne Sean Prager, à titre d'exemple.
Selon lui, les chercheurs du Insect Research Facility espèrent ainsi prévenir les infestations d'insectes ou développer des plantes plus résistantes.
Sean Prager ajoute que ce type de laboratoire est habituellement dirigé par les gouvernements. D'après lui, le fait que le centre qu'il dirige soit situé dans une université permet aux étudiants d'accéder à certaines connaissances.
Nous pouvons leur montrer des techniques de recherche qu'ils ne pourraient pas apprendre à faire ailleurs et ils pourront par la suite travailler à résoudre des problèmes.

Des insectes gardés au Insect Research Facility de l'Université de la Saskatchewan.
Photo : Radio-Canada / Don Somers
Des populations plus nombreuses
Un entomologiste travaillant pour le gouvernement de la Saskatchewan, James Tansey, souligne que les changements climatiques pourraient avoir un effet sur les populations d'insectes.
Prenant en exemple les sauterelles, il précise que normalement, les gels d'automne et les hivers froids les tuent.
Toutefois, une mortalité réduite dans les œufs pourrait signifier des populations plus nombreuses de sauterelles [...] On pourrait aussi voir une expansion des régions où se trouvent certaines espèces qui vivent actuellement aux États-Unis.

James Tansey souligne que les changements climatiques pourraient avoir un effet sur les populations d'insectes.
Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser
Dayna Elliot, une agronome vivant près de Elrose, au sud-ouest de Saskatoon, témoigne qu'elle a vu une grande quantité de sauterelles en 2023. Dans le cadre de son emploi, elle a visité plusieurs champs ravagés par cet insecte.
Nous avons eu des problèmes avec des espèces envahissantes, mais c'est incomparable cette année
, lance-t-elle. Plusieurs municipalités ont d'ailleurs dû composer avec les sauterelles au cours de l'été.
L'agronome se dit toutefois encouragée par le Insect Research Facility.
Ils peuvent découvrir des méthodes pour contrôler les populations d'insectes et quels sont les impacts de leur présence dans l'écosystème canadien pour nous préparer à mieux réagir et éviter que des agriculteurs ne perdent leurs récoltes
, souligne-t-elle.
Avec les informations de Ethan Williams