Le moral est au plus bas chez les agriculteurs de l’Est-du-Québec
Dans ce champ d'avoine, Gilles St-Laurent estime les pertes à 70 %.
Photo : Radio-Canada / Boris Firquet
Les précipitations abondantes qui s'abattent depuis le printemps ont de sérieuses conséquences sur les récoltes des agriculteurs de l'Est-du-Québec.
Gilles St-Laurent, agent de projet pour la firme-conseil SCV Agrilogie, accompagne des producteurs agricoles de la Vallée de la Matapédia.
En parcourant un champ d'avoine, il constate avec désolation l'état de la culture. Les grains verts sont chargés, pesants; la tige plie, casse. Jamais ils ne vont mûrir avant la récolte
, s'inquiète-t-il. Il estime que 70 % de la récolte du champ est gâchée. Les précipitations ont été particulièrement abondantes dans les derniers jours.
Gilles St-Laurent, agriculteur à la retraite, est agent de projet pour SCV Agrologie.
Photo : Radio-Canada / Boris Firquet
M. St-Laurent est lui-même retraité de l'agriculture. Il comprend bien les conséquences des mauvaises conditions météorologiques qui s'ajoutent à la hausse des coûts de la main-d'œuvre, du diesel, des semences et de l'engrais.
Le moral est bas. Je fais la tournée des agriculteurs assez régulièrement, et ce matin n'était pas la journée idéale pour leur parler. Les solutions ne sont pas très nombreuses.
La présidente de la Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) Gaspésie-Les Îles, Michèle Poirier, affirme que les pluies abondantes de la saison ont des répercussions sur toutes les productions. Le foin, le grain, les producteurs maraîchers […]. On se demande même si on va être capables de récolter les patates
, dit-elle. On est tous dans le même bateau. On essaie de trouver des solutions.
Avenir incertain
Il existe une assurance récolte qui dédommage les agriculteurs pour leurs pertes, mais beaucoup ne peuvent s'en prévaloir. Il faut payer une franchise de 20 % pour en bénéficier. C'est trop cher pour beaucoup
, explique Gilles St-Laurent. Selon le consultant, les programmes de l'État sont mal adaptés aux besoins des agriculteurs. C'est espérer un peu dans le vide des fois
, se désole-t-il.
Il prévoit que la réalité à laquelle tous doivent faire face pourrait sonner le glas de la carrière de plusieurs : Le producteur va s'endetter pis se demander s'il recommence l'an prochain.
À la Fédération de l'UPA Gaspésie-Les Îles, le discours est le même. La présidente, Michèle Poirier, note elle aussi un manque d'aide de la part de Québec. Les programmes d'assurance des gouvernements viennent nous aider, mais ça ne répond plus à nos besoins. […] Et les changements climatiques ne sont pas finis
, prévient-elle. Michèle Poirier appelle à un changement en profondeur des façons de cultiver la terre, afin de s'adapter aux conditions météorologiques extrêmes.
Michèle Poirier appelle à un changement en profondeur des façons de cultiver la terre, afin de s'adapter aux conditions météo extrêmes. (Photo d'archives)
Photo : Gracieuseté :Michèle Poirier
Dans ce contexte, l'UPA voit de plus en plus de détresse psychologique chez les agriculteurs.
Si vous avez besoin d’aide, parlez à la travailleuse de rang, parlez à vos confrères. On est tous dans la même situation, on essaie de s’en sortir.
Concept inspiré des travailleurs de rue, le travailleur de rang est un intervenant social œuvrant auprès des producteurs agricoles.
Source : UPA
Michèle Poirier s'attend à ce que bien des producteurs agricoles de l'Est-du-Québec subissent des pertes financières considérables d'ici la fin de la saison.
D'après les informations de Véronique Duval
