Retour sur la mort de Fredy Villanueva, 15 ans après le drame

Les blessures sont toujours douloureuses pour la famille et les proches de Fredy Villanueva, décédé en 2008. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon
La mort de Fredy Villanueva, un jeune de 18 ans de Montréal-Nord, et les émeutes qu'elle a provoquées marquent encore les esprits 15 ans plus tard à Montréal-Nord, alors que l'arrondissement peine à obtenir des investissements communautaires nécessaires à sa population.
À cette époque, les tensions sociales sont à leur comble alors que la pauvreté vécue par de nombreux jeunes est importante.
C'est dans ce contexte que deux policiers interpellent Fredy Villanueva, son frère et des amis parce qu'ils sont soupçonnés de jouer aux dés et à l'argent, le 9 août 2008.
L'intervention dégénère lorsque l'agent Jean-Loup Lapointe dégaine son arme après s'être fait entourer par le groupe de jeunes avec sa coéquipière.
Le policier atteint le jeune de 18 ans à deux reprises au thorax. Ces blessures lui seront fatales.

Le reportage de Pascal Robidas
La plus grosse émeute de l'histoire de Montréal-Nord éclate le soir et la nuit d'après, dans le quadrilatère du parc Henri-Bourassa.
La mort du jeune homme, bien connu dans sa communauté, est la goutte qui fait déborder le vase du ras-le-bol collectif ressenti par la population du quartier.
Quinze ans après ce drame, les investissements communautaires dans cet arrondissement densément peuplé peinent à assurer des installations sportives de qualité à sa population, composée au tiers de jeunes de 30 ans et moins.
Cassandra Exumé est coordonnatrice générale de Hoodstock, un organisme communautaire créé dans la foulée de la mort de Fredy Villanueva. Selon elle, peu de choses ont changé depuis la mort du jeune homme, notamment dans la façon dont les policiers interpellent les jeunes dans le quartier.
J’aurais tellement aimé pouvoir vous dire qu‘il y a un changement incroyable que les choses ont radicalement changé, mais malheureusement ce n'est pas le cas
, déplore-t-elle.
Ce qui est différent c’est la composition du quartier. Les nouveaux arrivants ont encore plus la crainte de faire les mauvaises choses, de ne pas connaître leurs droits, de ne pas être certains de comprendre si une interpellation est légale ou pas.
Elle estime que ces personnes ne veulent pas non plus aller plus loin quand elles sont interpellées pour les mauvaises raisons. L’insécurité continue donc à vivre et à être bien présente
, ajoute-t-elle.
De son côté, Brunilda Reyes, directrice générale de l’organisme Les Fourchettes de l'Espoir, estime qu’un malheur se transforme souvent en positif. Ça a permis aux autorités de reconnaître un problème existant et de commencer petit à petit à mettre en place des mesures pour pouvoir changer la situation.
À 18 ans, Ashley, qui vit dans Montréal-Nord, confie craindre la police et ne pas avoir confiance envers les autorités. Les policiers sont un peu considérés comme des ennemis
, confie-t-elle.
Ilan, 21 ans, voit les choses différemment. Les policiers disent bonjour, sont polis, même chose pour les jeunes. Le climat est plus calme, plus propre et plus civilisé. Tout le monde est plus respectueux qu’avant
, observe-t-il.
Le maire suppléant de Montréal, Abdellaq Sari, note que depuis 2008, de nombreux programmes ont été mis en place pour épauler les jeunes et confirme qu'il y a une meilleure communication entre les organismes communautaires et l'administration municipale.
Avec les informations de David Savoie