Crise des surdoses : la PN Bearspaw demande de l’aide à Ottawa pour des frais d’obsèques

La Première Nation Bearspaw, et ses voisines Chiniki et Goodstoney forment la Première Nation Stoney Nakoda. (Photo d'archives)
Photo : (Kyle Bakx/CBC)
Le chef de la Première Nation Bearspaw, Darcy Dixon, à l’ouest de Calgary, a envoyé une lettre à Services aux Autochtones Canada dans laquelle il demande de l'aide pour sa communauté. Celle-ci, dit-il, n'a pas assez de ressources face aux effets dévastateurs de la crise des surdoses.
La lettre explique que la Première Nation fait face à un nombre élevé de jeunes dépendants aux opioïdes, avec la mort comme conséquence dans beaucoup de cas.
Le chef mentionne un nombre extraordinaire de décès, notamment parmi les jeunes, ce qui augmente les frais d'obsèques, et une espérance de vie plus courte parmi les membres de sa Nation, qui fait partie de la Première Nation Stoney Nakoda.
Darcy Dixon explique qu’un financement est nécessaire pour faire face à la crise, afin de couvrir le coût des traitements des dépendances, la désintoxication, et les frais d'obsèques.
La Première Nation Bearspaw, et ses voisines Chiniki et Goodstoney forment la Première Nation Stoney Nakoda, et ont une structure de gouvernance unique. Elles doivent travailler ensemble et trouver un consensus lorsqu’elles demandent, reçoivent ou distribuent des fonds fédéraux.
Le chef Dixon explique qu'elles sont parfois en désaccord; il exhorte donc le gouvernement fédéral à négocier directement avec la Première Nation Bearspaw, comme il le fait avec les autres Premières Nations au Canada. Ce n'est pas parfait, mais au moins c'est là et nos voix peuvent être entendues.
À lire aussi :
Selon Services de santé Alberta, l'espérance de vie dans les Premières Nations en Alberta a baissé d’environ 8 ans entre 2017 (71 ans) et 2021 (63,2 ans). La lettre du chef Dixon explique que 28 personnes de la Première Nation sont mortes l’an dernier, à un âge moyen de 44 ans, alors que la communauté est d’environ 2000 personnes.
C'est avec un grand désespoir que nous avons été informés que nous sommes sur la voie de dépasser le nombre total de décès de l'année dernière. L'énorme augmentation des dépenses pour les funérailles a créé des difficultés financières extrêmes pour ma Nation et mon peuple.
Le chef Dixon précise que des frais d'obsèques sont d’environ 10 000 $ pour chaque décès.
Une demande de 250 000 $
En général, le gouvernement fédéral prend en charge ces coûts quand les Premières Nations ne peuvent pas le faire, mais le chef Dixon explique que sa communauté ne peut pas faire cette demande directement à Ottawa, et que le conseil tribal des Stoney Nakoda n’arrive pas à se mettre d’accord.
En conséquence, Darcy Dixon explique que la communauté a couvert ces coûts en puisant dans des fonds des services essentiels. Il demande à Ottawa au moins 250 000 $ pour couvrir les frais funéraires.
Dans un courriel, Carolane Gratton, porte-parole de Services aux Autochtones Canada, se dit profondément préoccupée par la perte de vies dans la Première Nation Bearspaw par suicide et par surdoses d'opioïdes en raison de l'héritage de la colonisation
.
Elle ajoute que le ministère a approuvé au moins une demande directe de financement de la part de la Première Nation Bearspaw, pour une équipe d’intervention de crise en santé mentale. Carolane Gratton explique que le ministère doit rencontrer les leaders de la communauté au cours des prochains jours pour la création de cette équipe et pour discuter des soutiens à travers le continuum de soins de bien-être mental.
« Se battre pour des miettes »
Sur la question de devenir indépendant du conseil tribal, la porte-parole assure qu’Ottawa continue de travailler avec la Première Nation Bearspaw pour les aider à faire avancer leur demande d'un accord de financement distinct et reste pleinement engagé à travailler avec elle sur une autonomie accrue et des services améliorés pour les membres.
Matthew Wildcat, directeur de la gouvernance autochtone et des partenariats à l'Université de l'Alberta, pense quant à lui que la structure de gouvernance n’est pas le problème, mais que l'enjeu vient plutôt d'un manque de ressources.
Des conditions d'incertitude économique rendent difficile pour les gens de travailler ensemble parce que vous avez souvent l'impression que vous ne travaillez pas ensemble pour agrandir les choses, mais plutôt [...] pour vous battre pour les miettes qui ont été distribuées par le gouvernement fédéral, et cela rend difficile pour les gens de travailler ensemble.
Avec les informations de Colleen Underwood