Plongée dans la sexualité à l’ère numérique au Centre Phi

L'expérience «Sexe, désirs et data» est présentée jusqu'au 31 octobre au Centre Phi, à Montréal.
Photo : Adil Boukind
Nos rapports amoureux et intimes n’échappent pas à l’emprise des nouvelles technologies. Le Centre Phi jette donc un regard bienveillant et joueur sur ce phénomène avec son exposition Sexe, désirs et data, présentée jusqu’au 31 octobre à Montréal.
Au fil d’un parcours d’environ une heure, le public peut découvrir sept installations interactives qui explorent diverses facettes de la sexualité à l’ère numérique, allant des applications de rencontre à l’intersection entre la pornographie et l’intelligence artificielle, en passant par les expériences queers.
L’exposition est une proposition de Club Sexu, un média s’intéressant à la sexualité positive depuis quelques années. L'objectif : sortir les discussions sur les technologies et les relations intimes de l’espace numérique.

«Sexe, désirs et data» propose sept installations interactives et immersives.
Photo : Adil Boukind
Myriam Achard, qui s’occupe des partenariats au Centre Phi, raconte avoir accueilli l’idée à bras ouverts, ravie de pouvoir parler pour la première fois de sexualité entre les murs du 407, rue Saint-Pierre. On essaie d’aller là où on ne nous attend pas
, a-t-elle expliqué lors d’une visite de presse, lundi.
Notons que les expérimentations coquines de Sexe, désirs et data, qui se déballent sur deux étages, une rareté au Centre Phi, sont réservées à un public averti de plus de 16 ans.
Un robot conversationnel s’invite dans la discussion
À votre arrivée, vous devrez enfiler un collier muni d’un appareil permettant aux différentes installations de l’exposition de détecter votre présence. Ainsi, les œuvres apparaissent, disparaissent ou encore se modulent au gré des mouvements du public.
N’oubliez pas votre téléphone intelligent, car on vous demandera de scanner un code QR et de choisir un pseudonyme : serez-vous JouissanceFlexible? SucetteTimide? Ou peut-être encore SecretÉpistolaire?
Tout au long de l’exposition, il est aussi possible de discuter avec un robot conversationnel non binaire du nom de Max, qui alimente les réflexions avec ses questions dégourdies.
Une application de rencontre... en groupe
À l’ère de Tinder, de Bumble et de Grindr, sommes-nous réellement maîtres et maîtresses de nos rencontres amoureuses et sexuelles?
À mi-chemin entre un jeu-questionnaire et un livre dont vous êtes le héros, Algo Match, premier arrêt du parcours, propose à des équipes de cinq personnes de choisir des partenaires imaginaires au fil de discussions sur une application de rencontre.

Avec l'installation «Algo match», le public est invité à choisir des prétendants et des prétendantes en groupe de cinq.
Photo : Adil Boukind
Un mystérieux algorithme calcule votre taux de compatibilité avec les prétendants et prétendantes, ce qui pourrait influencer – ou non – vos choix.
Un peu plus loin, l’installation interactive Results prend la forme d’une petite pièce dont les murs sont tapissés d’une quantité étourdissante de vidéos évoquant vaguement de la peau, des poils ou encore de scènes de sexe, le tout généré par une intelligence artificielle nourrie à la pornographie en ligne.
Les images sont volontairement abstraites et psychédéliques, en référence aux possibilités vertigineuses qu'offrent de telles technologies, tandis que la répétition de certains types de corps rappelle les biais sociaux qu’elles tendent à reproduire.

«Results» montre de la pornographie générée par intelligence artificielle.
Photo : Adil Boukind
Expériences trans et non binaires
Avec son installation coup de poing, l’artiste trans Ianna Book rappelle les expériences éprouvantes auxquelles peuvent être confrontées les personnes queers sur les applications de rencontre.
Sur une série d'écrans, elle présente les messages qu’elle a reçus après avoir annoncé à ses prétendants sa transsexualité. On peut y lire autant d’invitations pressées à la couchette que de propos dégradants, ainsi que quelques refus plus ou moins polis.
Une autre section du parcours propose une série de confidences anonymes sur la sexualité en lien avec le site web Confessionnal, de Club Sexu, tandis que Vibrato invite le public à découvrir un espace multisensoriel qui réagit aux mouvements et aux touchers.

«Vibrato» propose d'entrevoir la sexualité comme une expérience multisensorielle.
Photo : Adil Boukind
De leur côté, les artistes Sam Greffe et Juliette Langevin explorent la réalité des créateurs et créatrices de contenu pour adultes avec Show Me Yours, tandis que Queering the Map, extension de la plateforme web du même nom, invite le public à découvrir une série d’anecdotes géolocalisées sur le thème de l’amour queer.