La Première Nation Carry The Kettle paie le prix pour des problèmes de gouvernance

Selon Services aux Autochtones Canada, le litige juridique a eu un impact sur sa capacité à satisfaire aux conditions d'accès aux fonds.
Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser
Une dispute interne entre les dirigeants de la Première Nation Carry The Kettle pénalise les membres de la communauté. Ces derniers font face à des difficultés financières, car Services aux Autochtones Canada (SAC) limite leur accès à des fonds.
La Première Nation Carry The Kettle est située à 100 kilomètres à l'est de Regina.
Dans un communiqué publié le 12 juillet dernier, le chef de la Première Nation Carry The Kettle, Scott Eashappie, a indiqué que Services aux Autochtones Canada a pris le contrôle des fiducies et des sources de revenus de la communauté.
Je suis conscient des contraintes financières et des répercussions négatives que ces décisions auront sur les membres de notre communauté, tant dans les villes que dans les régions éloignées
, affirme-t-il.
Le chef et le conseil continueront de préconiser d'autres sources de revenus pour aider à compenser certains de ces coûts annuels assumés par la Première Nation Carry The Kettle au nom de ses membres
, ajoute-t-il.
Scott Eashappie indique que des secteurs comme les sports, l'assistance funéraire, les paiements des factures des aînés, ainsi que le pow-wow 2023 ont dû être annulés ou mis sur pause à cause de cette décision.
Il ajoute toutefois que les fonds pour les secteurs de la santé, de l’éducation et les droits fonciers issus de traités seront toujours disponibles.
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Le chef autochtone indique que Services aux Autochtones Canada est intervenu après une affaire litigieuse impliquant deux conseillères, Terinna Bellegarde et Joellen Haywahe, qui avaient été démises de leurs fonctions, l’an dernier.
Terinna Bellegarde et Joellen Haywahe ont contesté leurs révocations devant la cour. En janvier 2023, une décision de la cour a tranché en faveur des deux femmes en indiquant que leurs révocations devraient être annulées, ainsi que les élections partielles organisées.
Malgré cela, des élections partielles ont eu lieu en février 2023 pour remplacer Terinna Bellegarde et Joellen Haywahe au sein du conseil de la Première Nation, et cette manœuvre a été reconnue comme outrage au tribunal.
Dans un courriel envoyé jeudi, SAC a confirmé que la dispute interne au sein du conseil de bande de la Première Nation Carry The Kettle l'empêchait d'avoir accès à des fonds.
L'agence fédérale a ajouté qu'elle ne pouvait pas traiter les résolutions soumises par les dirigeants de la Première Nation, car ces documents sont signés par des personnes qui n'ont pas été élues en bonne et due forme au sein du conseil.
Il est important de noter que le financement lié à l'accord de financement entre la Première Nation Carry The Kettle et SAC n'a pas été interrompu ou diminué
, précise le courriel de l'agence fédérale. Aucun programme ou service fourni par SAC n'a été touché.
CBC/Radio-Canada a contacté Scott Eashappie pour plus d'information sur cette affaire, mais ce dernier a refusé nos demandes d'entrevue.
Une communauté qui souffre financièrement
L’une des membres de la Première Nation Carry The Kettle Stacey Hotomani se dit choquée
de voir que le financement destiné à aider des personnes âgées, comme sa grand-mère Rena Ryder, 89 ans, a été supprimé si rapidement.
Ici, les factures d'électricité vont de 900 $à 1500 $ par mois et la pension de ma grand-mère est de 2000 $ par mois
, explique Mme Hotomani. Lorsqu'ils paient leur facture d'électricité, ils n'ont que peu d'argent à dépenser pour leurs courses et leurs besoins, ce qui est triste.

Stacey Hotomani (à droite) s'efforce d'apporter son soutien à sa grand-mère âgée de 89 ans, Rena Ryder (à gauche), afin de l'aider à régler ses factures.
Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser
Elle ajoute qu'elle s'efforce à aider sa grand-mère, qui est une survivante des pensionnats pour Autochtones, afin de lui épargner toute préoccupation.
De son côté, Terinna Bellegarde estime que cette situation aurait pu être évitée si les conseillers avaient réussi à parvenir à un consensus entre eux.
C'est dommage que les choses se soient passées ainsi. [...] Nous sommes dans une situation très difficile
, déclare-t-elle.
Selon la professeure adjointe d'études politiques à l'université de la Saskatchewan Kathy Walker, il est nécessaire de mettre en place un organisme d’appel indépendant chargé d’examiner les litiges électoraux.
Ils pourraient bénéficier d'une audience équitable et impartiale, plus conforme à la gouvernance traditionnelle autochtone réelle, ou basée sur les coutumes de la communauté qui a le litige
, estime-t-elle.
Avec les informations de Jennifer Francis et Louise BigEagle