•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Victoire « raz-de-marée » du parti au pouvoir lors des élections au Cambodge

Hun Sen tient son bulletin de vote dans sa main droite.

Le premier ministre Hun Sen règne sur le Cambodge depuis 1985. Sa victoire était quasi assurée lors du scrutin du 23 juillet.

Photo : afp via getty images / Tang Chhin Sothy

Agence France-Presse

Le parti du premier ministre Hun Sen a revendiqué dimanche une victoire par « raz-de-marée » après des législatives sans suspense au Cambodge.

Hun Sen, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 38 ans, devrait passer le relais à son fils aîné, Hun Manet, général de 45 ans formé aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Nous gagnons avec un raz-de-marée, a déclaré à l'AFP le porte-parole du Parti du peuple cambodgien (PPC) Sok Eysan, dans l'attente des premiers résultats officiels.

En l'absence de toute opposition crédible après l'exclusion du principal mouvement hostile à Hun Sen, le PPC pourrait, comme en 2018, rafler l'ensemble des 125 sièges du Parlement. Il avait d'ailleurs profité de sa victoire à ce moment pour utiliser les tribunaux afin de dissoudre le principal parti d'opposition.

Cette fois-ci, c'est le Parti de la bougie (Candlelight Party), seul rival crédible du premier ministre cambodgien, qui a été exclu pour ne pas s'être inscrit correctement auprès de la commission électorale.

Plus de 9,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour ces septièmes élections nationales depuis les accords de paix de Paris en 1991, qui ont marqué la fin de l'ère des Khmers rouges. Le taux de participation se situait autour de 84 %, selon un chiffre non définitif.

Pour Hun Sen, ce chiffre démontre que le soutien à l'opposition s'est effondré. Le peuple cambodgien ne laissera pas les groupes de tricheurs détruire le pays, a-t-il affirmé par messagerie Telegram.

De son côté, Hun Manet déclarait aux journalistes de Phnom Penh que le peuple avait exercé son devoir et son droit de citoyen à voter pour choisir le parti que nous aimons pour diriger le pays.

Hun Manet lors d'une activité de campagne à Phnom Penh, souriant, le pouce en l'air.

Tout porte à croire que le premier ministre passera le flambeau à son fils, Hun Manet, après plus de 30 ans au pouvoir.

Photo : Getty Images / AFP / TANG CHHIN SOTHY

Une façade de démocratie

Le scrutin du 23 juillet a suscité les critiques d'une coalition de 17 ONG internationales, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui s'inquiètent d'un manque notable de transparence et d'équité.

Selon ses détracteurs, Hun Sen a fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, jetés par dizaines en prison depuis son arrivée au pouvoir.

Phil Robertson, de l'ONG Human Rights Watch, estime qu'imposer son fils est un coup de poignard dans le dos du peuple cambodgien. Il ajoute que ses frasques font ressembler le Cambodge à la Corée du Nord plutôt qu'à une véritable démocratie.

Membre du puissant comité permanent, Hun Manet était pour la première fois candidat sur une liste du PPC à Phnom Penh, première étape nécessaire pour devenir premier ministre. Interrogé par l'AFP sur ce qu'il ferait une fois au pouvoir, Hun Manet a répondu qu'il n'avait « rien à déclarer là-dessus ».

Il est né avec une cuillère en argent dans la bouche, analyse le politologue Ou Virak. Remplacer son père sera un défi majeur.

Entre changement et stabilité

Je vote sans enthousiasme, il n'y a plus de partis d'opposition, a dit à l'AFP Oum Sokum, 51 ans, dans un bureau de vote poussiéreux de Phnom Penh, sous forte présence policière.

D'autres électeurs ont affirmé voter pour la stabilité, dans un royaume encore profondément marqué par les années de guerre et le génocide.

Je veux voter pour la personne qui peut aider le pays à se développer. Je veux vivre en paix et en harmonie, a expliqué Chea Phearak, 36 ans.

À l'approche des élections, la liberté d'expression avait été largement étouffée avec la fermeture d'un des derniers médias indépendants, la lourde condamnation du principal opposant pour trahison et la modification de la loi électorale pour exclure de facto les opposants en exil des élections futures.

Parmi eux, l'ennemi juré de Hun Sen, Sam Rainsy, qui vit en exil en France depuis 2015 pour éviter la prison en raison de condamnations motivées, selon lui, par des considérations politiques.

La surprise du jour sera le nombre et le pourcentage de bulletins rayés ou nuls déposés par ses partisans en signe de protestation, a-t-il déclaré à l'AFP.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.