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Parkinson : pas besoin de reconnecter les neurones?

Un homme essaie d'empêcher sa main de trembler.

Le parkinson est une maladie chronique qui affecte progressivement la capacité à réaliser des mouvements.

Photo : iStock / Alexey Koza

La Presse canadienne

Il n'est peut-être pas nécessaire de restaurer toutes les connexions perdues dans le cerveau pour soulager les symptômes de la maladie de Parkinson, selon des travaux réalisés à l'Université de Montréal.

Rappelons que, dans la maladie de Parkinson, les neurones qui fabriquent la dopamine, molécule indispensable à la maîtrise des mouvements du corps, dégénèrent et disparaissent progressivement.

Les recherches scientifiques s'intéressent notamment à la façon de compenser le déficit en dopamine. Mais des expériences réalisées par le professeur Louis-Éric Trudeau, le doctorant Benoît Delignat-Lavaud et leurs collègues remettent en question le lien entre les niveaux de dopamine et les symptômes du Parkinson.

Contre toute attente, leurs conclusions démontrent que les circuits du mouvement dans le cerveau de souris modifiées génétiquement sont insensibles à une perte presque totale de la sécrétion active de dopamine.

Cette observation allait à l’encontre de notre hypothèse initiale, mais c’est souvent ainsi en science et cela nous a forcés à réévaluer nos certitudes sur ce que fait vraiment la dopamine dans le cerveau, a déclaré le neuroscientifique Louis-Éric Trudeau, dans un communiqué universitaire.

L'équipe du traumatologue Louis de Beaumont, du Centre de recherche de l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, a constaté au même moment que les niveaux extracellulaires de dopamine dans le cerveau de ces souris étaient normaux.

Lente dégradation apparente

La maladie de Parkinson progresse silencieusement depuis plusieurs années quand les premiers signes se manifestent. Environ 70 % du système dopaminergique a déjà été perdu quand on constate que quelque chose cloche.

Des médicaments qui remplacent la dopamine peuvent aider, mais la solution n'est pas durable.

Il y a une période qu'on appelle la lune de miel et ça peut durer plusieurs années, a dit M. Trudeau.

Tout semble bien fonctionner en matière de mouvement, et ça, c'est un mystère depuis longtemps. Comment ça se fait, si on a perdu 70 % ou plus des connexions, qu'on donne un petit peu de [médication] et que tout aille bien? Pourtant, on n'a pas restauré toutes les connexions perdues.

Une citation de Louis-Éric Trudeau, Université de Montréal

Il semblerait donc que les niveaux extracellulaires de dopamine suffisent à assurer le bon fonctionnement du cerveau et que c'est seulement quand ils baissent en deçà d'un certain seuil que les symptômes apparaissent. En d'autres mots, l'activité des circuits du mouvement dans le cerveau ne nécessite apparemment que de faibles niveaux de base de dopamine.

En laboratoire, les souris modifiées génétiquement par M. Trudeau et son équipe n'ont pas la capacité de produire de la dopamine. Mais même si 95 % de la dopamine libérée par l'activité électrique des neurones a été bloquée, les souris n'ont pas de problèmes moteurs, a-t-il dit.

Les rongeurs demeurent capables de se déplacer et de bouger tout à fait normalement. La clé de ce mystère, a expliqué M. Trudeau, semble être que le niveau extracellulaire de dopamine reste normal dans leur cerveau.

Le niveau de base de dopamine est peut-être ce qui est critique, finalement, pour maintenir longtemps la fonctionnalité des circuits du mouvement, selon son analyse.

Leçons pour la médication

Pour soulager les symptômes du parkinson, il ne serait donc pas essentiel de restaurer toutes les connexions entre les neurones : il pourrait être suffisant que le cerveau baigne dans suffisamment de dopamine pour pouvoir bien fonctionner, ce qui représente une cible thérapeutique complètement différente.

Ça nous donne d'autres idées sur comment on pourrait aborder le traitement de la maladie de Parkinson, selon M. Trudeau.

Ceux qui essaient de développer de la thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson vont être intéressés parce que ça augmente les chances que ce qu'ils sont en train de concevoir fonctionne.

Une citation de Louis-Éric Trudeau, Université de Montréal

Des thérapies expérimentales sont en cours, a-t-il ajouté, confiant quant à leurs débouchés.

Cette découverte pourrait expliquer la raison pour laquelle, lors d'essais réalisés dans les années 1990, des patients à qui l'on avait transplanté des cellules productrices de dopamine avaient vu leurs symptômes être soulagés – la connectivité entre leurs neurones n'avait pas été rétablie, mais la sécrétion de dopamine avait été augmentée.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Nature Communications (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

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