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Des adeptes font campagne en faveur de la « non-monogamie consensuelle »

Eva dans le centre-ville de Toronto.

La Torontoise Eva Dusome se définit comme une polyamoureuse solitaire.

Photo : Radio-Canada / Turgut Yeter

Radio-Canada

Eva Dusome pense souvent à ce qu'elle aurait raté si elle n'avait jamais connu les différentes manières de vivre hors de la monogamie. En 2007, la Torontoise a rencontré un homme marié qui était dans une relation ouverte et l'a initiée au concept de polyamour. Elle se définit désormais comme une polyamoureuse solitaire.

Eva Dusome aime décrire sa structure relationnelle comme un jardin. J'ai des chênes, des rosiers et deux fleurs qui vont peut-être durer une ou deux semaines seulement. Mes relations contiennent différents éléments qui n'ont pas forcément besoin d'être à long terme pour signifier quelque chose, dit-elle.

Samedi, les membres de sa communauté de partout dans le monde ont eu l'occasion de célébrer ce mode de vie. Des journées de sensibilisation à la non-monogamie consensuelle (NMC) – ce modèle de relations intimes et émotionnelles à plus de deux partenaires et avec le consentement de tous les participants qui inclut notamment le polyamour –ont été organisées en Amérique du Nord et en Europe.

Le seul événement célébrant la journée au Canada devait avoir lieu à Toronto, mais il a finalement été annulé le jour même en raison des risques d'orages.

La célébration a permis aux adeptes de militer pour la reconnaissance de leur mode de vie et de le présenter librement à un public qui, selon eux, ignore, voire méprise les relations hors de la monogamie. Il peut s'agir de trios amoureux, de parents polyamoureux, de couples mariés qui pratiquent l'échangisme, etc.

Des personnes tiennent une pancarte.

Le rassemblement de célébration de la non-monogamie a réuni une vingtaine de personnes à Oakland, en Californie.

Photo : Photo fournie par Brett Chamberlin

Il s'agit aussi d'une action pour l'obtention de droits pour ces personnes très marginalisées qui vivent souvent avec une identité cachée par peur de la stigmatisation et de la discrimination, explique Brett Chamberlin, directeur général de l'organisme OPEN (Organization for polyamory and ethical non-monogamy, soit l'Organisation pour le polyamour et la non-monogamie éthique, traduction libre).

Nous vivons dans un monde conçu pour imposer la primauté d'un seul type de relation, la relation à un partenaire, et le système juridique du Canada, des États-Unis et de nombreux autres pays reflète cette réalité, explique-t-il.

Les personnes dans des relations non monogames se voient refuser l'accès à une gamme de droits, privilèges et protections qui sont réservés uniquement aux relations entre conjoints, poursuit M. Chamberlin, qui évoque notamment l'accès aux droits parentaux, aux soins de santé, à l'héritage ou encore à l'immigration.

Pourtant, la monogamie n'est pas le modèle par défaut de l'homme, soutient le trentenaire californien, qui revendique une dizaine d'années de non-monogamie.

Une personne en entrevue devant son écran.

Les personnes polyamoureuses sont « très marginalisées » selon Brett Chamberlin, directeur général de l'OPEN, l'Organisation pour le polyamour et la non-monogamie éthique (traduction libre).

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran

Certaines études ont tenté d'évaluer les différentes façons de vivre la conjugalité. D'un point de vue statistique, une personne sur cinq au Canada a déjà tenté la non-monogamie consensuelle, dont beaucoup de parents, indique Milaine Alarie, sociologue à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Montréal. Elle note aussi un certain engouement chez les plus jeunes : Si on regarde les plus jeunes adultes, donc chez les personnes qui ont de 20 à 39 ans, c'est une personne sur quatre.

Un cadre juridique décalé

Reste que la loi demeure basée sur les relations à deux conjoints. On peut avoir plusieurs partenaires en même temps, mais légalement on ne peut marier qu’une seule personne à la fois, tandis que dans la plupart des provinces canadiennes, un enfant ne peut avoir légalement que deux parents, rappelle Mme Alarie.

Milaine Alarie lors d'une entrevue vidéo.

Selon Milaine Alarie, professeure associée à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Montréal, une personne sur cinq au Canada a déjà tenté la non-monogamie consensuelle.

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran

Aux États-Unis, il est toujours légal de licencier quelqu'un, de le priver de la garde de son enfant et de lui refuser un logement, le tout sur la base de sa structure de relation non monogame, reprend Brett Chamberlin.

Si certaines décisions de justice récentes ont offert des exceptions, comme ce foyer polyamoureux dans lequel un enfant s'est vu reconnaître trois parents légaux à Terre-Neuve-et-Labrador, les idées préconçues sont difficiles à briser.

Souvent, j'entends des gens dire "ça doit être des personnes qui ont peur de l'engagement ou encore c'est une dernière tentative pour sauver le couple ou c'est des personnes qui sont des obsédés sexuels". [Ces idées préconçues] n'ont rien à voir avec la réalité.

Une citation de Milaine Alarie, sociologue et professeure associée à l'INRS
Une dizaine de personnes sont assises sur le gazon dans un parc.

Un pique-nique pour la journée de la sensibilisation à la non-monogamie consensuelle a été organisé à Londres samedi.

Photo : Gracieuseté de Brett Chamberlin

Il y a un mythe courant selon lequel ce n'est qu'une excuse pour tromper [son conjoint], continue M. Chamberlin, qui tient à corriger cette perception : L'aspect du consentement est essentiel. La non-monogamie consensuelle signifie que chaque personne est pleinement consciente de la dynamique relationnelle et y consent pleinement.

Nous n'essayons pas de rendre tout le monde non monogame. Nous respectons également les relations monogames. Mais nous pensons que chacun devrait être libre de choisir la relation qui lui convient.

Une citation de Brett Chamberlin, directeur général d'OPEN

Construction de communautés

Eva Dusome ne savait même pas qu'il y avait un nom pour les relations ouvertes avec plusieurs partenaires avant sa rencontre en 2007.

La Torontoise dit penser souvent à ce qu'elle aurait raté si elle n'avait jamais connu les différentes manières de vivre hors de la monogamie. L'un de mes rêves éveillés est d'avoir un grand cercle polynucléaire et de pouvoir élever tous nos enfants ensemble et voir à quel point mes enfants auraient pu être mieux soutenus s'ils avaient eu plus d'adultes à la maison avec eux.

Une personne est assise sur une chaise et regarde à l'horizon.

Eva Dusome pense souvent à ce qu'elle aurait raté si elle n'avait jamais connu les façons de vivre hors de la monogamie

Photo : Radio-Canada / Turgut Yeter

Les petites communautés ont façonné l'origine de l'humanité, estime de son côté Brett Chamberlin. Et dans le contexte économique actuel, partager les coûts à plusieurs partenaires peut améliorer considérablement le niveau de vie, selon lui.

À Toronto, la seule ville au Canada où une activité était prévue samedi pour marquer la première Journée de visibilité pour la non-monogamie, un pique-nique a finalement été annulé le jour même en raison de risques d'orages.

Avec les informations de Mirna Djukic et Rozenn Nicolle

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