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Longtemps exclues de la gestion des ressources, les Premières Nations veulent leur place

Le chef Ira McArthur, de la communauté de Pheasant Rump.

Selon le chef Ira McArthur, de la communauté de Pheasant Rump, cette dernière souhaite s'associer aux gouvernements et aux entreprises, mais est prête à engager des poursuites judiciaires si nécessaire.

Photo : Radio-Canada / Richard Agecoutay

Radio-Canada

Les Premières Nations veulent désormais être impliquées dans tout projet d'exploitation des ressources naturelles sur leurs terres. C’est l’appel lancé vendredi à Washington par le chef de la Première Nation Thunderchild, en Saskatchewan, Delbert Wapass, durant une table ronde sur les minéraux essentiels organisée aux États-Unis. 

Delbert Wapass était le seul chef des Premières Nations d'Amérique du Nord à être invité à cette rencontre.

Nous sommes des partenaires volontaires, prêts à faire des affaires. Nous ne sommes pas des croque-mitaines et nous ne resterons pas les bras croisés. Cette nouvelle ruée vers l'or ne se fera pas sans nous, a indiqué Delbert Wapass.

À la table ronde, des conseillers économiques du président américain Joe Biden et du département américain de l'Énergie étaient présents, ainsi que des hauts dirigeants des secteurs des ressources et de l'électronique.

Les Premières Nations disent qu'elles ont été longtemps mises à l'écart et que leurs terres ont été expropriées lors des précédentes vagues de développement. Dorénavant, elles sont décidées à ne pas être exclues.

C'est pour leur faire comprendre que, lorsqu'ils traitent avec la province de la Saskatchewan et le Canada, ils doivent avoir un partenaire consentant, c'est-à-dire les membres des Premières Nations. Nous n'allons pas permettre que cela se produise sans que nous en profitions.

Une citation de Delbert Wapass, chef de la Première Nation Thunderchild

En Saskatchewan, les Premières Nations se sentent flouées

La Saskatchewan First Nations Natural Resource Centre of Excellence, qui défend les intérêts des Premières Nations, a produit une série de cartes.

Dans ces documents, le directeur général de l’organisme, Sheldon Wuttunee, affirme avoir découvert que la province avait déjà accordé des baux couvrant des centaines de kilomètres carrés à des entreprises. Ceux-ci comprennent des projets de minerais de lithium, d'hélium et de terres rares.

Les Premières Nations n'ont pas été consultées, et ceci, au mépris du droit international ou de l’obligation de consultation de la province.

Sheldon Wuttunee dit que, dorénavant, les Premières Nations ne vont plus se contenter de quelques emplois dans une nouvelle mine ou d'un contrat de restauration.

Un tableau.

Les Premières Nations affirment avoir été exclues des négociations en 1930, entre le gouvernement fédéral et la Saskatchewan pour le contrôle exclusif des ressources naturelles.

Photo : Radio-Canada

C'est une occasion d'affaires de plusieurs milliards de dollars. Nous devons vraiment travailler à créer une parité au sein de nos terres, a indiqué Sheldon Wuttunee.

Nous ne souhaitons pas continuer à gérer la pauvreté dans nos communautés. Nous prendrons la place qui nous revient dans la propriété de ces ressources.

Une citation de Sheldon Wuttunee, directeur général de Saskatchewan First Nations Natural Resource Centre of Excellence

Cependant, la province n'est pas d'accord. Le ministre de l'Énergie et des Ressources, Jim Reiter, estime qu'il n'est pas nécessaire de consulter les Premières Nations avant chaque début des travaux d’un projet.

Un précédent historique avec des répercussions actuelles

Sheldon Wuttunee affirme que les Premières Nations ont été flouées lors de la première vague de la ruée vers l'or dans les Prairies canadiennes, il y a plus d'un siècle.

Des spéculateurs, des soldats, le clergé et des agriculteurs se sont précipités pour exproprier les terres des Autochtones en les assujettissant.

Sheldon Wuttunee souligne que les traités signés en anglais plus tard dans les années 1870 contenaient des traductions trompeuses et des omissions lors des négociations.

Le directeur général de la Saskatchewan First Nations Natural Resource Centre of Excellence, Sheldon Wuttunee.

Le directeur général de la Saskatchewan First Nations Natural Resource Centre of Excellence, Sheldon Wuttunee, estime que les Premières Nations en Saskatchewan se sentent flouées.

Photo : Radio-Canada / Travis Reddaway/

Les Premières Nations ont par la suite été forcées de s'installer dans des communautés couvrant une petite fraction de leur territoire antérieur, avec l'interdiction de quitter ou de vendre leurs produits agricoles sans autorisation.

En 1901, malgré la signature du traité, la nation Pheasant Rump Dakota a été contrainte par le gouvernement de vendre la totalité des terres pour moins de la moitié de la valeur marchande aux fermiers blancs. Les résidents ont été parqués dans la nation White Bear voisine, où ils sont restés pendant des générations.

En 1930, le gouvernement fédéral a accordé à la Saskatchewan le contrôle exclusif des ressources naturelles. Les Premières Nations ont été exclues des négociations.

Depuis lors, les entreprises et la province ont extrait et vendu pour des centaines de milliards de dollars de pétrole et de gaz, de potasse, d'uranium, d'or et d'autres matières premières.

Cependant, grâce au projet de cartographie, Ira McArthur a appris que sa communauté, Pheasant Rump, en Saskatchewan, était entourée par des concessions d'hélium et de lithium.

Selon lui, sa nation souhaite s'associer aux gouvernements et aux entreprises, mais est prête à engager des poursuites judiciaires si nécessaire.

Un tableau.

Les Premières Nations se disent ouvertes à toute collaboration gagnant-gagnant avec des entreprises ou gouvernements qui souhaitent exploiter des ressources sur leurs terres.

Photo : Radio-Canada

La Saskatchewan a récemment fait voter la Saskatchewan First Act, une loi visant à réaffirmer sa compétence exclusive sur toutes les ressources naturelles.

La Saskatchewan First Act, c'est comme agiter le drapeau rouge devant un taureau assez en colère. Cela ne fait que faire reculer les Premières Nations, pour une bonne raison , affirme Ken Coates, historien à l'Université de la Saskatchewan.

Avec les informations de Jason Warick

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