Crise des opioïdes : la Confédération du Traité no. 6 déclare l’état d’urgence

Selon la Confédération des Premières Nations du Traité no.6, les risques de mortalité pour empoisonnement aux opioïdes sont sept fois plus élevés chez les Autochtones en Alberta.
Photo : Ben Nelms/CBC
La Confédération des Premières Nations du Traité no. 6 a déclaré l’état d’urgence et réclamé l’aide immédiate de tous les ordres de gouvernement « pour répondre à la crise des opioïdes qui touchent les Nations de la Confédération ».
Cette crise a causé la perte d’êtres chers, d’amis ou de familles
, a indiqué par communiqué lundi le grand chef de la Confédération, Leonard Standingontheroad. Notre peuple va mourir si [des mesures] de réduction des méfaits ne sont pas disponibles
.
Il espère que cette déclaration poussera le gouvernement provincial et Ottawa à débloquer du financement pour la confédération : Les communautés peuvent s’occuper elles-mêmes de cette crise [...] les gens doivent comprendre que nous avons des solutions, [mais] c’est toujours le financement qui nous fait défaut.
Pour se faire, la Confédération des Premières Nations du Traité no 6 qui représente 50 communautés des Prairies, cite une clause de son entente historique qui garantit du gouvernement des services de santé pour ses membres.
Leonard Standingontheroad demande donc aux deux gouvernements de faire front commun à cette problématique et ainsi donner le moyen aux Nations de mettre sur pied des mesures adaptées à leurs réalités .Il y a toujours ce problème de compétences qu’ils soulèvent, car les réserves sont sous régime fédéral [...] alors c’est un va-et-vient [avec le provincial] et nous sommes coincés au centre.
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De plus, la Confédération souhaite se trouver davantage autour des tables de discussions et des communautés lors des politiques liées à la crise des opioïdes afin d’y présenter leurs points de vue.
Un problème systémique, selon une experte
La Dre Esther Tailfeathers, l'ancienne responsable médicale du programme Indigenous Wellness Core des Services de santé de l’Alberta , a applaudi la prise de parole de la Confédération : Toutes nos nations souffrent et nous enterrons des gens quotidiennement. Nous demandons de l'aide, mais personne ne répond.
Elle abonde aussi vers une aide holistique pour les Autochtones dans le traitement aux dépendances. Par contre, celle qui a travaillé à endiguer la crise des opioïdes dans la réserve Blood, juge que c’est une aide beaucoup plus étendue qui doit être apportée.
L’Alberta et le Canada ne peuvent pas changer la situation tant qu’ils ne s’attardent pas aux inégalités qui existent dans les déterminants sociaux, comme le logement, les disparités économiques et les services à l’enfance.
La Tribu des Blood combat [la crise des opioïdes] depuis presque une décennie en pensant que c'était notre propre problème. Nous avons développé tout ce qu’on pouvait pour réduire les méfaits et pour traiter les dépendances [...], mais les gens ont continué de mourir
, ajoute-t-elle.
Cela doit être réglé collectivement.
Dans la mire de la province
De son côté, le ministre de la Santé mentale et de la Toxicomanie, Dan Williams, appui la Confédération sur le fait qu’il est temps que le gouvernement fédéral accélère le pas dans son soutien aux Nations aux prises avec des problèmes de dépendances, car elles ont été absentes de la conversation trop longtemps.
La province réaffirme aussi son désir de travailler avec les membres du Traité no. 6 comme dans la construction d’une communauté de guérison complètement financée en partenariat direct avec la Nation crie d’Enoch.
Les autorités mentionnent aussi que des communautés de guérison
ont été créées dans la Nation Tsuut'ina, Siksika et Kainai.
Avec les informations de Kory Siegers et Aaron Sousa