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Sommet de Vilnius : de possibles fissures dans l’armure des alliés de l’OTAN

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, n’échappera pas aux critiques.

Les drapeaux nationaux des pays membres de l'OTAN flottent devant le siège de l'organisation à Bruxelles.

Le sommet de l'OTAN se déroulera les 11 et 12 juillet, à Vilnius, en Lituanie.

Photo : AFP / KENZO TRIBOUILLARD

À la veille de l’ouverture du sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius, en Lituanie, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, ne veut laisser planer aucun doute. « Le message est clair : l'OTAN est unie », répète-t-il depuis déjà quelques jours.

Toutefois, au-delà de la démonstration d’unité et de solidarité envers l’Ukraine, force est d’admettre que plusieurs dossiers risquent de créer leur lot de divisions au sein des alliés, et le premier ministre canadien Justin Trudeau n’échappera pas aux critiques.

Avant de se rendre à Vilnius pour assister au sommet, Justin Trudeau fera un arrêt en Lettonie pour visiter les troupes canadiennes au camp d'Adazi. Le Canada y dirige le groupement tactique de l’OTAN et 700 militaires y sont déployés pour défendre le pays contre toute invasion russe.

Justin Trudeau marche vers un véhicule sur le tarmac de l'aéroport.

Justin Trudeau arrive à Riga, en Lettonie.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

En prenant la tête de cette brigade en juillet dernier, le gouvernement s’était engagé à accroître le contingent canadien sur place, ce qu’il n’arrive pas à concrétiser, déplore Justin Massie, professeur de sciences politiques à l'UQAM et codirecteur du Réseau d’analyse stratégique.

Le Canada n’a pas les troupes pour atteindre son objectif, qui est de doubler la taille du contingent […], parce qu’il manque 16 000 militaires dans les Forces armées canadiennes [FAC], note cet expert.

Mais il n’y a pas que la pénurie de personnel au sein des FAC qui cause problème, selon lui. Je reviens d’un voyage en Lettonie, où j’ai pu rencontrer des troupes canadiennes et lettones, et, ce qu’on me dit, c'est que les troupes canadiennes ont suffisamment de munitions pour se battre pendant une heure.

Si on est incapables de se battre pendant plus d’une heure, ce n’est pas une grande garantie de sécurité que l’on offre aux Lettons.

Une citation de Justin Massie, codirecteur du Réseau d’analyse stratégique

Sans minimiser les problèmes de recrutement et d’approvisionnement en matériel, le major-général à la retraite Richard Blanchette rappelle que le Canada n’est pas seul là-bas et que neuf autres pays font partie du groupement tactique. Cependant, il presse lui aussi le gouvernement d’agir.

En relisant l’annonce de l’entente signée avec la Lettonie, je constate que notre gouvernement a été prudent de ne pas mettre de date d’exécution, mais il y a des limites à retarder la mise en place des ressources nécessaires, surtout que plusieurs autres pays attendent d’ajuster leurs contributions, explique le major-général à la retraite.

Augmenter les dépenses militaires

Et puis, le sommet de Vilnius doit être l’occasion pour les alliés de s’engager à accroître leurs dépenses militaires. Sans aller dans les détails de la déclaration finale, on va voir que les alliés s’engageront substantiellement pour défendre l’Ukraine à l’issue de ce sommet, a déclaré le secrétaire général de l’OTAN vendredi lors de sa conférence de presse en prévision de la rencontre.

C’est clair que le premier ministre Trudeau s’attend à être vertement critiqué de ne pas avoir même un plan pour atteindre les 2 % du PIB [attribués aux dépenses de défense au sein de l'OTAN].

Une citation de Justin Massie, codirecteur du Réseau d’analyse stratégique

Dans cette optique, Justin Trudeau devra se défendre de ne jamais avoir atteint la cible de financement de 2 % du PIB en matière de dépenses militaires. Pour 2022-2023, les dépenses militaires canadiennes se limitent à 1,29 % du PIB national.

Il a préparé ses lignes de communication habituelles, croit Justin Massie, par exemple dire "oui, mais le Canada contribue beaucoup aux opérations de l’OTAN comme en Lettonie", mais compte tenu des sous-investissements dans la défense dans le passé, le Canada est incapable [de respecter] ses propres promesses.

Les controversées armes à sous-munitions

La décision des États-Unis de fournir des armes à sous-munitions à l'Ukraine sème aussi l’embarras. Bien que l’OTAN, comme alliance, n’ait pas de position officielle quant à leur utilisation, plusieurs pays membres, dont le Canada, en ont interdit l'utilisation et la production en ratifiant la Convention d’Oslo en 2008. Les États-Unis n’ont pas signé cette entente, comme la Russie et l'Ukraine.

Selon la Convention, les pays signataires se sont engagés à tout mettre en œuvre pour décourager ceux qui ne l’ont pas ratifiée d’utiliser des armes à sous-munitions.

Gros plan de Biden devant un logo de l'OTAN.

Des ONG canadiennes dénoncent la décision des États-Unis et demandent à Justin Trudeau de profiter du sommet pour mettre de la pression sur le président américain, Joe Biden. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / JONATHAN ERNST

La directrice générale de l’ONG Mines Action Canada, Erin Hunt, s’attend donc à ce que Justin Trudeau intervienne auprès du président américain Joe Biden.

Que ce soit publiquement, ce que je préférerais, ou plutôt discrètement, ça, ça lui appartient, dit Mme Hunt. Mais le Canada a une obligation juridique de travailler à promouvoir les normes auprès des États qui n’ont pas signé la Convention, ajoute-t-elle.

L’adhésion de l’Ukraine et de la Suède

L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN sera un autre point de discussion brûlant. Le président Volodymyr Zelensky voudrait que les alliés invitent formellement l’Ukraine à rejoindre ses rangs.

Les alliés se sont déjà entendus pour affirmer que la porte est ouverte, mais ils doivent déterminer comment et à quel moment l’Ukraine fera son entrée. Si certains, comme les Britanniques, plaident pour une adhésion rapide, Washington, de son côté, estime que Kiev a plusieurs étapes à franchir avant de devenir membre.

Le président Zelensky aimerait bien réussir à sécuriser une forme d’engagement quelconque de la part de notre alliance et il sait que la personne à convaincre est le président Biden.

Une citation de Richard Blanchette, major-général à la retraite

Tout indique que Justin Trudeau, lui, penche pour la voie rapide.

Le secrétaire général donne une poignée de main à Zelensky lors d'une conférence.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg , a invité le président ukrainien à participer au sommet de Vilnius.

Photo : La Presse canadienne / Efrem Lukatsky

Et bien que le Canada ne risque pas de jouer un grand rôle dans les discussions, l'adhésion de la Suède sera aussi en tête de liste de l’ordre du jour du sommet.

Cette adhésion fait encore l’objet de négociations avec la Turquie, qui estime que la Suède doit en faire davantage dans sa lutte contre les partisans de l’organisation terroriste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui se trouvent sur son territoire.

Dans une ultime tentative d’en arriver à un accord avant l’ouverture du sommet, Jens Stoltenberg a convoqué le président turc Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre suédois Ulf Kristersson à une rencontre lundi. Selon lui, il est tout à fait possible que l'adhésion de la Suède se concrétise lors du sommet.

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