2,2 M$ pour comprendre l’effet du dégel du pergélisol sur les habitations du Nunavik

La majorité des logements au Nunavik ne disposent pas de semelle de fondation comme la plupart des bâtiments du sud de la province.
Photo : Radio-Canada / Félix Lebel
La Société d’habitation du Québec (SHQ) compte mener une vaste étude pour évaluer les effets du dégel du pergélisol sur les logements sociaux du Nunavik, qui comptent pour presque 90 % des habitations de la région.
La SHQ va bénéficier d’une aide financière de 2,2 millions de dollars du gouvernement du Québec pour entreprendre ce projet.
Au terme de ces travaux, un plan d’intervention sera établi pour aider l’Office municipal d’habitation Kativik (OMHK) à s’adapter à cette nouvelle réalité amenée par les changements climatiques.

Le plan pourrait permettre d'adapter les logements à la réalité des changements climatiques. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Félix Lebel
La très grande majorité des quelque 4000 unités d’habitations gérées par l’OMHK sont bâties sur des vérins, déposés sur le sol.
Le dégel du pergélisol, la couche souterraine de sol gelé en permanence, modifie parfois la capacité du sol à soutenir les bâtiments.
L’impact sur les logements est de plus en plus visible, selon l’OMHK.
Actuellement, ce qu’on soupçonne, c’est que l’instabilité des sols, additionnée aux techniques de construction, entraîne des mouvements. Parfois, ça va créer des fissures, des joints entre des murs et le plancher prennent de la distance. Ce sont des éléments observables
, explique le directeur général de l’OMHK, Marco Audet.

L'Office municipal d'habitation Kativik, sous la direction de Marco Audet, gère un large parc immobilier au Nunavik, où vivent 98 % des résidents.
Photo : Radio-Canada / Félix Lebel
La présence des zones de pergélisol et leur dégel progressif sont déjà bien documentés dans la région.
Le plan d’action que produira la SHQ vise surtout à adapter les méthodes de construction, l’entretien et la modification des bâtiments, pour se préparer à l’avenir.
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Une ronde d’appel d’offres sera lancée dans les prochaines semaines, afin de trouver une firme spécialisée qui travaillera avec les équipes régionales. L’OMHK souhaite commencer les travaux de cette étude au courant de cette année.
Implication scientifique
Dans la foulée de cette annonce de financement, Québec a aussi octroyé 600 000 $ à l’Université Laval pour poursuivre les activités de la chaire de recherche en partenariat sur le pergélisol au Nunavik.
Les différents travaux menés par les équipes de chercheurs vont permettre de mieux documenter les effets du dégel du pergélisol dans la région.
Ces travaux se déploient principalement sur trois axes de recherche, soit les conséquences des changements climatiques sur les milieux naturels, sur les cycles biochimiques, tels que le relâchement de carbone et de mercure, ainsi que l’impact sur les infrastructures.

La fonte du pergélisol est un phénomène observé et étudié partout dans le Grand-Nord. (Photo d'archives)
Photo : Ressources naturelles Canada / Roger MacLeod
On travaille à mettre en place des moyens pour que ces informations-là soient disponibles pour les gens au bon moment et dans le bon format. C’est pour qu’ils puissent l’utiliser pour prendre de bonnes décisions et ainsi construire un Nord plus résilient face aux changements climatiques
, explique la titulaire de la chaire de recherche, Pascale Roy-Léveillé.
De son côté, Québec a souligné l’importance de permettre ce genre de travaux, essentiels pour aider les communautés du Nord à faire face aux changements climatiques.
Les impacts des changements climatiques au Nunavik sont parmi les plus rapides dans toutes les régions du monde. Il est essentiel de s'assurer que ces derniers puissent être freinés rapidement. Grâce au savoir ancestral des Inuit et aux chercheurs de l'Université Laval, j'ai espoir que des solutions concrètes seront trouvées afin que nous puissions préserver ce vaste territoire
, a déclaré le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.