Grève des ports de la C.-B. : des acteurs économiques réclament une intervention d’Ottawa
Le syndicat prie le gouvernement fédéral de ne pas intervenir par le biais d'une loi spéciale.

Environ 16 % des marchandises échangées par le Canada chaque année transitent par les ports de la Colombie-Britannique touchés par la grève. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
La grève de 7400 chargeurs de terminaux qui a commencé samedi dans plus de 30 ports de la Colombie-Britannique inquiète beaucoup d'acteurs du milieu économique du pays. Ils espèrent qu’Ottawa interviendra pour faire pression afin que le syndicat des débardeurs et les employeurs trouvent un terrain d’entente.
Matthew Holmes, premier vice-président de la Chambre de commerce du Canada pour les politiques et relations gouvernementales, ne cache pas qu’il s’attend à ce que le règlement de cette grève soit une priorité pour le gouvernement fédéral.
À ce point-ci, on veut que le gouvernement intervienne, il faut que ce soit réglé immédiatement
, martèle-t-il. Nous respectons le droit à la négociation collective et celui des travailleurs de négocier un contrat. Nous les voulons autour de la table avec les employeurs.
Il se dit prêt à réclamer un rappel du Parlement cet été pour forcer le retour au travail des grévistes par une loi spéciale. Même écho pour le vice-président aux affaires nationales de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), Jasmin Guénette, qui croit qu’après quelques jours, Ottawa n’aura plus d'autre choix que de s’imposer. Le gouvernement doit rester très attentif [il] doit regarder la situation de très près, il n’y a pas 1001 solutions
, souligne-t-il.
De son côté, le Syndicat international des débardeurs et magasiniers qui représente les travailleurs en grève a réagi aux demandes des représentants du milieu économique en priant le gouvernement fédéral de ne pas intervenir par le biais d'une loi spéciale.
Ottawa n’a pour sa part pas ouvert la porte à une intervention de ce type, affirmant préférer les négociations en cours.
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La Chambre de commerce du Canada craint d’ailleurs que la situation puisse avoir un effet sur les partenariats commerciaux internationaux. L’ambassadeur du Japon me disait que le Canada est un partenaire essentiel pour eux, ils sont très vulnérables dans leur région et ils comptent sur notre commerce
, explique Matthew Holmes.
Des secteurs particulièrement vulnérables
Jasmin Guénette estime qu’une paralysie du port de Vancouver, le plus achalandé au pays, nuirait entre autres aux secteurs agroalimentaire et manufacturier. On peut penser aux produits périssables, plus la grève dure, plus ces produits sont à risques, on perd de l’inventaire et du revenu
, illustre-t-il.

Selon Jasmin Guénette, plus la grève va durer, plus elle risque d'avoir un impact sur le prix à la consommation, une situation qui l'inquiète alors que le marché est déjà frappé par l'inflation. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Matthew Holmes, pour sa part, anticipe que les effets de la grève ne tarderont pas à se faire sentir, se référant au contexte de la pandémie qui a démontré la fragilité de la chaîne d’approvisionnement.
Les familles canadiennes, les entreprises canadiennes. [...] Ça touche tout le monde d’une façon ou d’une autre. C’est un électroménager que vous avez commandé ou un achat dans un magasin ou encore un cargo que nous envoyons vers l’étranger
, cite-t-il en exemple.
Avec plus de 800 millions de dollars par jour qui transitent par les ports de l’ouest, il suffirait que la grève traîne un peu pour qu'il y ait des conséquences économiques à long terme, à son avis. Une semaine, c’est plus de 5 milliards et demi de dollars en commerce. Ce sont des porte-conteneurs bloquant nos ports
, soutient-il.
Durant un point de presse dimanche, Rob Ashton, président de la branche canadienne du Syndicat international des débardeurs et magasiniers, a tenu à souligner les sacrifices qui ont été faits par les travailleurs durant la pandémie, alors que la majorité de la population était en isolement.
Nous avions été appelés des héros et nos employeurs ont vu leurs profits gonfler. Ils semblent avoir oublié la contribution de nos travailleurs durant cette période
, défend-il. Les deux partis négocient toujours avec l'aide des négociateurs. Le syndicat avance que la sous-traitance, l’automatisation des ports et le coût de la vie sont les principales raisons de ce bras de fer avec les employeurs.
Avec les informations d'Amélia MachHour