Rimouski se distingue pour l’entretien de ses HLM

L'Office municipal d’habitation (OMH) a trouvé une façon de faire unique pour rénover ses 690 habitations à loyer modique (HLM) et ainsi éviter qu’ils soient inhabités.

Dans la province, des centaines de logements sociaux ne peuvent pas être habités, car ils sont jugés trop vétustes. C’est le cas à Montréal, où on en compte plus de 500.

Pour accélérer la réfection de ses immeubles, l’OMH de Rimouski a décidé, il y a sept ans, d'en gérer lui-même les travaux.

En 2016, on a vu la charge titanesque qui se présentait devant nous, puis on a rapidement réalisé qu’on était mieux servis par nous-mêmes, explique le directeur général de l’OMH de Rimouski, Alain Boulianne. On s’est dotés d’une licence de propriétaire-constructeur de la Régie du bâtiment du Québec, poursuit-il.

Depuis, un employé a été embauché par l’OMH pour gérer la rénovation des logements sociaux.

Jacques Sirois se promène donc de chantier en chantier pour superviser les rénovations en cours. Il n’a pas à recourir à des appels d'offres pour trouver des entrepreneurs et il peut donc travailler toute l’année, selon son propre calendrier.

Le fait que je travaille à l’Office, ça fait que l’Office sauve, si on veut, les frais d’administration qu’un entrepreneur général se garde, parce qu’on fait la même chose, et on a effectivement une communication beaucoup plus directe, explique M. Sirois.

Des logements en meilleur état

Les résultats sont probants : aujourd’hui, seulement 7 % du parc de HLM de Rimouski est en mauvais ou en très mauvais état. C’est un des meilleurs bilans parmi les plus grandes villes du Québec.

Alain Boulianne estime économiser 10 % des coûts payés par les autres offices d’habitation, mais il admet que cette façon de faire vient avec son lot de défis et d'obstacles.

La gestion d’une entreprise de construction [implique] des [préoccupations] au niveau de la santé [et de la] sécurité des employés, des obligations au niveau de la CNESST, des assurances de chantiers [...], donc ça sous-entend qu’il y a une certaine complexité administrative à mettre en place, explique-t-il.

Ouvrir en mode plein écran

Malgré tout, l'OMH réussit à économiser en gérant elle-même ses travaux. Cet argent donne une marge pour améliorer l’ergonomie ou la ventilation des HLM, par exemple, ou pour adapter chaque logement à son locataire.

Cette façon de faire semble être appréciée des locataires comme Liliane Turcotte, qui habite son HLM depuis 16 ans. L’Office d’habitation l’a complètement rénové en 2020.

J’ai trouvé ça énormément beau et je me suis dit : “Ben voyons donc, ça se peut pas! Je suis dans du neuf! Ça se peut pas!”, raconte-t-elle.

Le coordonnateur de la Fédération des locataires d'habitations à loyer modique du Québec, Robert Pilon, explique aussi que la méthode adoptée à l'OMH de Rimouski pourrait être exportée ailleurs.

Dans beaucoup d'autres villes au Québec, quand je me promène, les gens disent que les travaux qui ont été faits par les sous-traitants, les gens ont tourné les coins ronds, les matériaux utilisés sont plus cheap que prévu. Les gens sont généralement insatisfaits des travaux qui sont faits [ailleurs], alors qu'à Rimouski, c'est le contraire, dit-il.

Rénover mais aussi construire des HLM?

Alors que Rimouski est frappée par une grave crise du logement, l’Office municipal d’habitation pourrait même créer une filière de construction de logements sociaux.

Ça fait partie de la planification à plus long terme éventuellement de pouvoir être propriétaire-constructeur et de construire de nouveaux projets d’habitation, indique M. Boulianne.

D'après un reportage de Jean-Sébastien Cloutier