Grèce : avec la majorité absolue, Kyriakos Mitsotakis de nouveau premier ministre

Le dirigeant du parti conservateur grec Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, salue ses partisans dans le centre d'Athènes, le 25 juin 2023.
Photo : afp via getty images / LOUISA GOULIAMAKI
La droite de Kyriakos Mitsotakis a remporté une large victoire aux élections législatives dimanche en Grèce, s'adjugeant une majorité absolue qui va permettre au dirigeant d'entamer un nouveau mandat de premier ministre.
La Nouvelle Démocratie (ND), au pouvoir de 2019 à la fin de mai dernier, obtient 40,5 % des voix, soit largement plus du double que son principal adversaire, la gauche Syriza, emmenée par Alexis Tsipras, selon des résultats portant sur plus de 90 % des bureaux de vote.
Syriza, qui a déjà subi un revers cinglant lors du premier scrutin, il y a cinq semaines, ne recueille que 17,8 % des suffrages, soit 2,2 points de moins que le 21 mai.

Ce résultat devrait assurer à la droite 158 sièges sur les 300 du Parlement monocaméral grec, selon des analystes.
Avec un tel score, Kyriakos Mitsotakis, un diplômé de Harvard, aux États-Unis, âgé de 55 ans et issu d'une dynastie politique grecque, est assuré de retrouver le fauteuil de premier ministre qu'il a dû céder fin mai, avant la tenue des deuxièmes élections.
Le peuple, pour la deuxième fois en quelques semaines, nous a donné un mandat fort pour avancer vers les grands changements dont le pays a besoin.
Toute la Grèce est bleue!
a-t-il également lancé devant ses partisans en liesse en référence à la couleur de son parti.
La Nouvelle Démocratie est le parti du centre droite le plus fort en Europe!
a-t-il également assuré, s'exprimant en bras de chemise devant le siège de son parti à Athènes.
Quatre ans après son accession au pouvoir, Nouvelle Démocratie améliore son score par rapport à 2019, où elle avait obtenu 39,85 % des voix.
Défaite lourde de la gauche
Huit partis devraient franchir le seuil des 3 % nécessaire pour entrer au Parlement, selon ces résultats partiels, dont le parti d'extrême droite Spartiates
, soutenu par un ancien cadre de la formation néo-nazie Aube dorée
, Ilias Kassidiaris, qui purge actuellement une forte peine de prison.
Kyriakos Mitsotakis avait recueilli 40,79 % des suffrages le 21 mai.
Toutefois, cette avance ne lui avait pas apporté la majorité absolue requise pour former un gouvernement sans devoir nouer d'alliance.
Il avait exclu de bâtir une coalition et réclamé de nouvelles élections, comptant pour cela sur un mode de scrutin qui accorde au parti arrivé en tête un boni
pouvant aller jusqu'à 50 sièges.

Le leader du parti de gauche Syriza, Alexis Tsipras, dans un bureau de vote à Athènes le 21 mai.
Photo : Reuters / Elias Marcou
Face à lui, Alexis Tsipras encaisse une nouvelle lourde défaite après une gifle il y a cinq semaines lorsque Syriza était tombée à 20,07 % des suffrages, soit une chute de plus de 11,5 points par rapport à 2019.
La question de son avenir à la tête du parti devrait désormais se poser alors que déjà, après la défaite du 21 mai, l'ancien premier ministre (2015-2019) et chouchou de la gauche radicale en Europe avait reconnu avoir songé à démissionner.
Dans le quartier athénien de Pangrati, Aris Manopoulos, un commerçant d'une cinquantaine d'années, explique avoir fait le choix de la raison
.
J'ai voté pour Nouvelle Démocratie pour que le pays aille de l'avant et qu'il continue à se redresser économiquement
, confie-t-il.
Tourner la page
Ces derniers jours, M. Mitsotakis avait appelé les Grecs à lui accorder une vaste majorité.
En se détournant largement de Syriza, les Grecs semblent montrer qu'ils veulent définitivement tourner la page des années d'âpre crise financière et de plans de sauvetage aux conditions draconiennes qui les ont considérablement appauvris.
Kyriakos Mitsotakis n'a d'ailleurs cessé de brandir son bilan économique, marqué par un rebond de la croissance – à 5,9 % en 2022 – et par un chômage en baisse après une décennie de crise.
Il a promis des augmentations de salaire, notamment pour les plus faibles revenus, principale préoccupation des Grecs qui subissent la cherté de la vie.
Les grandes réformes vont avancer rapidement
, a-t-il assuré dimanche soir, affirmant vouloir des augmentations de salaire et la réduction des inégalités
.
Kyriakos Mitsotakis s'est également engagé à procéder à des embauches massives dans le secteur de la santé publique, qui souffre de manques criants de moyens depuis la crise financière et les cures d'amaigrissement radicales imposées dans de nombreux services publics.