« Peu importe où vous vivez au Canada, vous pouvez être incommodé par la fumée »

En date du 15 juin, la fumée des grands incendies qui brûlent dans le nord-est de la Colombie-Britannique se dirige vers des communautés situées plus au sud de la province, selon BC Wildfire.
Photo : BC Wildfire
Pendant que les flammes font toujours rage dans les forêts d'un bout à l'autre du pays, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, et les autorités de santé publique lancent un appel à la prudence compte tenu de la dégradation de la qualité de l'air. Ils invitent aussi à se méfier de la chaleur, qui peut être plus néfaste que la fumée.
L'état de santé de notre population est intimement relié à la santé de notre environnement
, a lancé le ministre Duclos en guise d'introduction à la conférence de presse, lundi.
Déjà, plus de 100 000 personnes ont été évacuées depuis le début des incendies et on constate des répercussions sur la santé physique et mentale des Canadiens, a-t-il fait observer.
Aux côtés de l'administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, et de l'administrateur en chef adjoint, le Dr Howard Njoo, le ministre libéral a souligné que la moitié des feux de forêt en cours sont toujours non maîtrisés.
Il a ajouté que six millions d'hectares de forêt ont brûlé depuis le début de la saison, ce qui représente une superficie 18 fois plus grande que la moyenne sur dix ans à pareille date.
D'ailleurs, le ministre Duclos a prévenu que plusieurs semaines pourraient encore s'écouler avant qu'on atteigne la pointe de la saison.
Nombreux polluants dans la fumée
Jean-Yves Duclos a mis la population en garde contre la présence de nombreux polluants dans la fumée, qui peuvent avoir de graves effets sur la santé. La Dre Theresa Tam a renchéri en disant que ce sont les particules fines présentes dans la fumée qui représentent la plus grande menace pour la santé.

L'hôtel Bessborough de Saskatoon, en Saskatchewan, dans un nuage de smog causé par les feux de forêt, le 20 mai 2023.
Photo : La Presse canadienne / Heywood Yu
Le gouvernement demande aux citoyens de surveiller l'évolution de la qualité de l'air dans leur région. En cas de dégradation sérieuse de la qualité de l'air, on suggère le port d'un masque N-95 afin de réduire l'inhalation de particules fines.
La Dre Tam a mentionné que la fumée peut se déplacer de très grandes distances, ce qui fait en sorte que tous les habitants du Canada, peu importe où ils vivent, peuvent être incommodés par la fumée
.
Dans le cas d'une dégradation de la qualité de l'air, il vaut mieux demeurer à l'intérieur et fermer les fenêtres.
Les aînés, les femmes enceintes, les bébés et les jeunes enfants, les personnes souffrant d'asthme ou de toute autre maladie chronique, les gens qui travaillent en plein air ainsi que ceux qui font des activités physiquement exigeantes à l'extérieur doivent faire preuve d'une grande prudence. Cela inclut les pompiers et les secours d'urgence présents sur les lieux d'incendies.
On demande à toute la population d'être alerte pour repérer tout symptôme lié à l'inhalation de fumée ou d'air de mauvaise qualité. On parle entre autres choses d'irritation des voies respiratoires, de toux et de maux de tête.

Montréal a connu un épisode de smog le lundi 5 juin 2023 en raison des feux de forêt en activité dans diverses régions du pays.
Photo : Radio-Canada / Steve Rompré
Cocktail de chaleur et de fumée
La santé publique canadienne insiste aussi sur les risques associés à la chaleur. Pour plusieurs personnes dont la santé est fragile, les effets de la chaleur extrême peuvent être plus néfastes que ceux de la mauvaise qualité de l'air.
Selon le Dr Howard Njoo, il faut se méfier des symptômes de maladies liées à la chaleur, notamment des maux de tête, des crampes musculaires, la soif, de l'urine foncée, des nausées, des vomissements et de la somnolence.
Restez au frais et hydratez-vous. Si vous avez à choisir, rester au frais l'emporte sur la qualité de l'air parce que les maladies liées à la chaleur sont plus sérieuses que celles liées à la fumée.
Dans le meilleur des cas, les gens doivent demeurer à l'intérieur, à l'air frais, grâce à un purificateur d'air et à un système de climatisation. Si on ne dispose pas de tels appareils, il est possible de se réfugier dans des lieux publics frais.

Un nuage de fumée flotte au-dessus de Toronto.
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
Effets à long terme
Avec la fréquence accélérée des incendies de forêt et l'exposition de plus en plus prolongée des populations éloignées, la santé publique s'inquiète des effets à long terme.
La Dre Theresa Tam a expliqué que de plus en plus de preuves scientifiques soutiennent qu'une exposition saisonnière aux feux de forêt peut avoir des conséquences à long terme sur la santé.
Elle précise que les communautés autochtones des régions nordiques et éloignées sont affectées de manière disproportionnée par les catastrophes naturelles.
Cette année, de nombreuses Premières Nations ont dû quitter leurs résidences et leurs territoires traditionnels en raison d'inondations ou d'incendies, a-t-elle noté.