Feux à Lebel-sur-Quévillon : « On sent que le danger est encore là »

Un feu de forêt était bien visible de la route 113, à environ 20 km de Lebel-sur-Quévillon, dans la journée de lundi (le 19 juin).
Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry
Les équipes qui combattent les feux de forêt estiment que l’indice d’inflammabilité augmentera cette semaine, notamment dans le Nord-du-Québec, où des feux de forêt sont combattus intensivement. Si le feu le plus près de la municipalité de Lebel-sur-Quévillon a peu progressé, de faibles quantités de pluie sont prévues d’ici vendredi.
Malgré tout, des centaines de personnes ont regagné leur domicile depuis dimanche, après 16 jours d'évacuation. Environ les deux tiers de la population sont revenus dans la ville
, a précisé le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière, lors de sa mise au point quotidienne.
Il a ajouté que ces personnes doivent être prêtes à évacuer de nouveau en cas de besoin. M. Lafrenière a tenté de rassurer la population à propos du danger que représentent les feux de forêt et des répercussions sur les finances des personnes évacuées.

Le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
Le gouvernement du Québec avait annoncé le 9 juin une indemnité forfaitaire de 1500 $ par résidence évacuée. Le maire affirme que de l’aide financière supplémentaire a été demandée.
Guy Lafrenière souligne que la ville est bien protégée par les équipes totalisant quelque 200 pompiers au sol, mais qu'il faut tout de même se tenir prêt à toute éventualité.
Les vents annoncés dans les prochains jours ne m'inquiètent pas trop, mais si un nouveau feu se déclare à l'ouest de la ville, même s'il était petit, on serait obligés d'évacuer.

Des feux de forêt vus de la rivière Bell, à une trentaine de kilomètres au sud de Lebel-sur-Quévillon et à l'est de la route 113.
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
Julie Paquin a pu retrouver son domicile après plus de deux semaines d’évacuation. À l’émission Des matins en or, elle a mentionné qu'elle demeure inquiète.
On aurait préféré rentrer dans d’autres conditions. On aurait aimé de la pluie.
On sent que le danger est encore là et que le feu est encore actif
, exprime-t-elle.
Avec sa famille, Mme Paquin a aussi remarqué une forte odeur de fumée à l’extérieur ainsi que de la cendre qui s’est déposée sur son terrain.

Des pompiers de l'étranger venus en renfort dorment dans des tentes à Lebel-sur-Quévillon.
Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard
On voit que la ville a été abandonnée. Les gazons étaient longs, c’était jauni. On voit que le décor est différent. Il y avait énormément de policiers de la SQ, les patrouilles des pompiers locaux, de la sécurité publique. Il y avait les tentes des pompiers à l’extérieur
, décrit-elle.
Plusieurs personnes se trouvaient dans les allées d’épicerie.
On ne sait pas si on reste ou si on repart, alors on achète vraiment juste le minimum pour ne pas avoir à perdre des aliments si on doit quitter rapidement
, indique Maude Blanchet.
On a des réserves dans les congélateurs. En autant qu’ils ne nous coupent pas l’électricité...
, espère pour sa part Denis Caron.
D'autres personnes ont préféré retourner à leur domicile pour faire le plein d'effets personnels avant de quitter la ville de nouveau. Le plan de réouverture des écoles de Lebel-sur-Quévillon a aussi été suspendu.

Une épaisse fumée s'élevait au-dessus de l'ancien village de Beattyville, une vingtaine de kilomètres au sud de Lebel-sur-Quévillon, dans la journée de lundi.
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
Heureux, mais dans l'attente
Sans parler d'un retour à la normale, la vie reprenait son cours à Lebel-sur-Quévillon lundi, mais toujours avec cette possibilité d'une nouvelle évacuation.
« Ça fait du bien de rentrer en ville et de revenir chez nous après deux semaines, même si c'est peut-être pour quelques jours seulement », a signalé un Quévillonnais croisé en ville.
« Il faut rester aux aguets au cas où il y aurait une deuxième évacuation, mais on est confiants de pouvoir rester dans notre village», a ajouté une dame.
« On est contents d'être de retour, mais tout nettoyer et tout remettre en place, c'est de l'ouvrage! », a pour sa part lancé une restauratrice.
« S'il y a quelque chose, nos valises sont prêtes! », a renchéri une autre dame.

Les citoyens de Lebel-sur-Quévillon se sont rendus à l'épicerie de la ville en grand nombre pour faire des provisions en attendant de savoir ce qui les attend.
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
À lire aussi :
1000 $ d’amende pour un feu à ciel ouvert
La superficie de forêt brûlée près de Lebel-sur-Quévillon est estimée à 330 000 hectares.
Le maire Lafrenière a rappelé l’importance de respecter les interdictions de faire des feux à ciel ouvert, d’allumer des feux d'artifice et de se rendre dans les chemins forestiers ou d’aller en forêt sur les terres du domaine de l’État.
La prudence est de mise
, a-t-il déclaré.
Le montant de l’amende – sans les frais d’administration – pour un feu à ciel ouvert est fixé à 1000 $.
Contenir, maîtriser, éteindre
Les pompiers de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) comptent sur l’aide d’experts en feux de forêt de l’étranger pour intervenir.
Il faut d’abord contenir le feu, stopper sa progression temporairement, le maîtriser, arrêter sa progression complètement et ensuite aller faire de la thermovision afin de trouver les points chauds pour l’éteindre correctement et ne laisser aucune trace de chaleur
, explique Josée Poitras, porte-parole de la SOPFEU.

Comme tous les matins depuis plus de deux semaines, les pompiers forestiers se préparent à une longue journée de travail à Lebel-sur-Quévillon.
Photo : Radio-Canada / Michel Aspirot
Carl Schwope, commandant des opérations de l’équipe de pompiers forestiers des États-Unis dépêchée en renfort dans la région, se dit très confiant de voir ses troupes venir à bout des feux de forêt qui font rage autour de Lebel-sur-Quévillon.
M. Schwope et son équipe sont d’ailleurs des spécialistes pour combattre des incendies de grande ampleur, eux qui ont affronté les plus gros feux aux États-Unis. Nous sommes très familiers avec la gestion de ce type de feux, on connaît les stratégies et les techniques pour les contenir et les maîtriser. Avec l’aide des Portugais, on sera en mesure de protéger Lebel [sur-Quévillon] et Senneterre
, a-t-il raconté en substance.

Dany Tremblay (à gauche), directeur des cuisines des Camps NT, avec une partie de son équipe.
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
Grosse logistique d'accueil
Toute une logistique a été déployée pour accueillir les pompiers forestiers de la SOPFEU et les renforts venus des États-Unis et du Portugal.
On a une cuisine pour nourrir les personnes de la SOPFEU, qui sont 140. Le déjeuner, un lunch pour quand elles partent en forêt, puis le souper. On a une cuisine complète qu’on a dû monter en une journée et demie
, précise Dany Tremblay, directeur des cuisines des Camps NT, une entreprise spécialisée dans l’installation de camps forestiers. Son équipe est actuellement installée au club de golf Quévillon.