Le Nord de l’Ontario veut mieux intégrer ses immigrants francophones

Les acteurs communautaires et organismes francophones vont échanger pendant deux jours sur les défis qui touchent l’immigration francophone en Ontario lors du Forum provincial des trois réseaux de l’Ontario, à Sudbury.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Le Grand Sudbury accueille, jeudi et vendredi, la sixième édition du Forum provincial des trois réseaux de l’Ontario. L’objectif de la rencontre est de permettre aux acteurs principaux de l’immigration francophone d’avoir un espace de concertation et de collaboration afin de discuter des enjeux de l’immigration francophone.
Les acteurs communautaires, les fournisseurs de services, les organismes francophones et les bailleurs de fonds vont échanger pendant deux jours sur les défis en lien avec l'accueil et l'intégration de nouveaux arrivants francophones dans la région.
L’importance d’une rencontre
Nous voulons profiter de l’appel à proposition qui arrive d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), le nouveau plan d’action de langue officielle qui a été annoncé par le gouvernement pour se projeter vers les prochaines années, à savoir 2025 à 2030
, explique Thomas Mercier, coordonnateur du réseau en immigration du Nord de l’Ontario.

Thomas Mercier, coordonnateur du réseau en immigration du Nord de l’Ontario, participe à la sixième édition du Forum provincial des trois réseaux de l’Ontario à Sudbury.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Il soutient que le forum vise également à trouver de nouveaux acteurs et des stratégies communes.
Pour ce faire, nous avons initié plusieurs ateliers, parce que les besoins des partenaires sont variés
, a-t-il fait savoir.
Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Fabien Hébert, aussi sur place, affirme qu'il s'est rendu à Sudbury pour découvrir la réalité de la communauté immigrante du nord de la province. Qu’est-ce qu’il vivent? Quels sont leurs défis sur le terrain?
, se demande-t-il. Fabien Hébert affirme qu'il veut aussi mieux cerner ce que nous pouvons faire pour eux en tant qu’organisation francophone
.

Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, participe à la sixième édition du Forum provincial des trois réseaux de l’Ontario à Sudbury.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Selon lui, la pertinence de cette rencontre réside surtout dans le fait qu’elle permet de déterminer le bon message à transmettre à d’importants partenaires, comme IRCC et le gouvernement de l’Ontario, en ce qui concerne les besoins des nouveaux arrivants.
L'intégration, c’est important. On va les garder chez nous si nous les traitons comme il faut.
J’ai bon espoir que nous verrons un nombre grandissant de nouveaux arrivants dans nos communautés. Ce qu’il faut faire, c’est de mieux se préparer à les accueillir, car c’est le futur au niveau du développement économique
, ajoute-t-il.
L’immigration, un atout pour Kapuskasing
La petite municipalité de Kapuskasing fait partie des communautés du nord de la province qui comptent beaucoup sur l'immigration. La conseillère municipale Mélanie Breton, qui était sur place, notait que la municipalité est aux prises avec une pénurie de main-d'œuvre.
Kapuskasing a d'ailleurs développé un programme d'accueil assez original. Nous offrons par exemple des paniers d'accueil lorsque les gens arrivent dans la région
, signale la conseillère municipale.
Elle ajoute que la Municipalité de Kapuskasing accorde également de l’aide financière aux organismes pour les soutenir dans le processus d'accueil des nouveaux arrivants.
Il est nécessaire d'avoir plus de collaboration entre les acteurs. Cela est important pour les municipalités qui n’ont pas plus de moyens.
Le directeur du développement économique de Kapuskasing, Paul Nadeau, trouve quant à lui important de voir comment les municipalités dans le Nord peuvent jouer un plus grand rôle dans l’immigration francophone
.
Il ajoute que la Ville de Kapuskasing aimerait jouer davantage un rôle de chef de file au sein des organisations de l’immigration francophone afin de permettre à la communauté de mieux développer les services en immigration pour le bien de toute la région.
Toutefois, Paul Nadeau reconnaît qu’il y a encore énormément de lacunes et qu’il reste beaucoup à faire pour amener les nouveaux arrivants à mieux s'intégrer dans la communauté et à se sentir à l'aise.
Difficile de reconnaître les acquis
La reconnaissance des acquis des nouveaux arrivants demeure un défi, d'après Fabien Hébert. Nous allons chercher des gens en fonction de leur connaissance et leurs diplômes, mais une fois au Canada, ils ne sont pas capables de valider leur certification
, se désole-t-il.
J'étais à Windsor récemment, j’ai rencontré un couple d'infirmiers qui est au pays depuis plus d’un an. Depuis, l’homme et son épouse ne sont pas capables de se trouver un emploi parce qu'il n'y [a] pas de reconnaissance de leurs acquis
, regrette-t-il.
De l'avis de Fabien Hébert, c’est ce genre de message que nous devons faire passer auprès du gouvernement.
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Répondre aux besoins
Ce forum permettra sans doute aux acteurs de mieux aider les nouveaux arrivants et de découvrir les failles, mentionne Moïse Zahoui, coordonnateur en immigration pour le Centre de santé communautaire du Grand Sudbury.

Moïse Zahoui, coordonnateur en immigration du Centre de santé communautaire du Grand Sudbury, participe à la sixième édition du Forum provincial des trois réseaux de l’Ontario à Sudbury.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Selon Moïse Zahoui, les besoins restent nombreux, surtout en matière de logement et de programmes linguistiques, puisque les gens doivent apprendre l’anglais.
Les partenaires font des efforts pour minimiser ces besoins, mais nous souhaitons une implication plus forte du ministère fédéral de l'Immigration afin de rendre le service sur le terrain plus efficace
, poursuit-il.
Nous voulons mettre de l’avant, auprès des immigrants, les atouts de notre communauté.
Notre but est de nouer des partenariats stratégiques régionaux qui sont cruciaux pour la visibilité des communautés comme la nôtre et s’inspirer des pratiques qui connaissent du succès ailleurs dans d’autres régions
, conclut-il.
Avec les informations de Chris St-Pierre