Politique 713 : une révision qui peut être dure pour la santé mentale des jeunes

Les changements à la Politique 713 entreront en vigueur le 1er juillet 2023.
Photo : Getty Images / LeoPatrizi
Les critiques fusent du côté politique et de la communauté LGBTQ+ pour dénoncer la révision de la politique sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans les écoles au Nouveau-Brunswick. Pour la psychologue Sophie Godbout-Beaulieu, ces changements sont néfastes pour le santé mentale des jeunes.
Le principal changement est que les jeunes de moins de 16 ans ne pourront plus utiliser le pronom ou le prénom de leur choix à l'école sans l'accord de leurs parents. Le ministre de l'Éducation Bill Hogan a indiqué croire qu'il est fondamentalement mal
de ne pas impliquer les parents lorsqu'un élève exprime le désir de changer son identité de genre et souhaitait avec cette réforme respecter les droits des parents.
Certains parents peuvent se demander pourquoi il serait problématique de leur demander d’obtenir leur consentement pour que leur enfant utilise le prénom qu’il préfère.

Des citoyens donnent leur avis sur la révision de la politique sur l'identité de genre dans les écoles du Nouveau-Brunswick.
Une catégorie à part
La psychologue Sophie Godbout-Beaulieu estime qu’il est majoritairement louable, pour les parents, de vouloir savoir ce qui se passe dans la vie de leurs enfants.
Lorsque l’on parle d’identité de genre ou de préférences sexuelles, on entre néanmoins dans une catégorie à part.
Il y a des cas où les enfants et les jeunes ne sont pas encore prêts à en parler à leurs parents
, dit Sophie Godbout-Beaulieu. Si on n’a pas encore le consentement, on pousse peut-être le jeune à avoir des conversations avec ses parents plus rapidement qu’il préférerait.
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Il s’agit d’une question de santé et de sécurité, selon la psychologue, qui avance que la révision de la politique 713 est dangereuse
car certains enfants pourraient risquer des abus de la part des familles en ayant une conversation sur son orientation sexuelle ou son identité de genre.
Sophie Godbout-Beaulieu ajoute que de donner le choix au jeune de décider quand il est prêt à partager ces informations intimes lui donne un élément de contrôle, dans une situation qui peut être déstabilisante.
Quand on enlève cela à un enfant ou à un jeune, ça peut créer de l’anxiété ou de la dépression
, avertit-elle. Ça peut augmenter les risques de santé mentale.
On sait que l’appartenance scolaire, c'est très important pour diminuer ce risque [...] En allant de l'avant avec les changements de la politique 713, on fait en sorte de probablement augmenter le risque de suicide.
Célébrer la diversité
Il peut être difficile pour un parent d’être dans une situation où il ressent que son enfant ne veut pas lui parler.
Il y a des parents qui n’ont potentiellement rien à se reprocher
, rappelle Sophie Godbout-Beaulieu. L’enfant n’est peut-être juste pas là, dans ce cheminement-là, et il faut prendre notre mal en patience puis attendre, à bras ouvert.

La psychologue Sophie Godbout-Beaulieu croit que la révision de la Politique 713 est néfaste, car elle renforce auprès de certains jeunes le sentiment qu’il ne sont pas vu ou bien compris.
Photo : Gracieuseté : Sophie Godbout-Beaulieu
En attendant le moment où son enfant sera prêt à s’ouvrir sur le sujet, la psychologue conseille aux parents de réaffirmer leurs valeurs d’ouverture à la communauté LGBTQ+ au sein du noyau familial et d’avoir des discussions sur le thème de l’identité de genre et des préférences sexuelles.
Par exemple, un parent peut dire à son enfant que son amour envers lui ne se définit pas par cela. Il n’y a pas une façon d’être qui est meilleure qu’un autre
, dit Sophie Godbout-Beaulieu.
Ces échanges cruciaux peuvent sécuriser les jeunes et les aider à se sentir accompagnés. Ce n’est pas une préférence, ce n’est pas un choix de vie
, poursuit la psychologue. C’est leur réalité.
Il est aussi bénéfique de passer le message à son enfant, dès un jeune âge, que la diversité ce n’est pas juste quelque chose qu’on accepte, c’est quelque chose qu’on célèbre
, conclut-elle.
Avec des informations de Karine Godin