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Envoyé spécial

À Kiev, Justin Trudeau annonce de l’aide supplémentaire pour l’Ukraine

Le premier ministre du Canada se rend dans la capitale ukrainienne pour la deuxième fois depuis le début de la guerre.

Justin Trudeau et Volodymyr Zelensky se serrent la main en souriant lors d'une conférence de presse.

De passage à Kiev, le premier ministre Justin Trudeau a réitéré l'appui du Canada au président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Photo : Reuters / VALENTYN OGIRENKO

Justin Trudeau a débarqué samedi dans la capitale ukrainienne pour une visite éclair. Le premier ministre vient réaffirmer son soutien au président Volodymyr Zelensky, confronté à des développements dramatiques dans le conflit qui l’oppose à la Russie.

La visite officielle a été planifiée dans le plus grand secret pour des raisons de sécurité. Impossible de savoir quel moyen de transport le premier ministre a utilisé pour entrer dans ce pays en guerre. Il est accompagné de la vice-première ministre et ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland.

Samedi, il a fait un premier arrêt en plein cœur de Kiev, devant le célèbre monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or. Il a observé le mur de la mémoire érigé pour rendre hommage aux soldats ukrainiens disparus dans le conflit avec la Russie.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau visite le mur du souvenir pour rendre hommage aux soldats ukrainiens tués, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau visite le mur du souvenir lors d'une visite surprise pour rendre hommage aux soldats ukrainiens tués, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Photo : Reuters / VALENTYN OGIRENKO

Fonds, armes, formation et sanctions

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

Le premier ministre canadien a aussi rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans un point de presse conjoint, Justin Trudeau a annoncé entre autres une nouvelle aide financière de 500 millions de dollars pour l'armée ukrainienne, la prolongation de la participation du Canada à l'opération UNIFIER jusqu'en 2026 pour contribuer à former les militaires ukrainiens, l'envoi de munitions (288 missiles AIM-7 et 10 000 munitions de 105 mm), de même que de nouvelles sanctions contre 24 personnes et 17 entités soutenant l'invasion russe.

Le gouvernement Trudeau en a aussi profité pour annoncer la saisie d’un avion-cargo immatriculé en Russie, Antonov 124, qui est immobilisé depuis février 2022 à l’aéroport Pearson de Toronto.

C'est un message clair au régime russe indiquant qu’il n’y aura plus d’endroit où se réfugier pour ceux qui soutiennent la guerre d’agression du Kremlin et ceux qui en ont profité.

Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

Afin d'aider la population après plus d'un an de conflit, le Canada financera en outre des projets de soutien en santé mentale à hauteur de 265 000 $ et dirigera une partie de son aide humanitaire pour soutenir les populations inondées par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr.

Les Ukrainiens sont des gens courageux et résilients, mais ils ont besoin de soutien.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Le premier ministre canadien Justin Trudeau, accompagné de la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland, arrive pour une réunion avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, accompagné de la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland, arrive pour une réunion avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023

Photo : Reuters / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER

« Nous ne cesserons jamais de défendre les intérêts de l'Ukraine et nos valeurs communes »

Dans son discours prononcé un peu plus tard devant les élus du parlement ukrainien, Justin Trudeau a souligné entre autres le courage et le sens du sacrifice de la population ukrainienne et a condamné une fois de plus l'invasion russe, en soulignant que Vladimir Poutine a sous-estimé la détermination et l'unité des alliés et partenaires démocratiques face à l'autoritarisme et à la brutalité.

Les alliés et les partenaires, il les a nommés : les sept pays du G7, les 21 membres de l'APEC, les 24 membres du G20, les 31 membres de l'OTAN, les 35 membres de l'Organisation des États américains, les 56 membres du Commonwealth, les 88 États et gouvernements de la Francophonie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le premier ministre canadien Justin Trudeau participent à une réunion en tête-à-tête, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Il s'agit de la deuxième visite du premier ministre canadien à Kiev depuis le début de l'invasion par la Russie.

Photo : Reuters / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER

Le premier ministre a aussi fait l'éloge de la démocratie. Les gouvernements doivent être transparents et responsables, et ils doivent traiter les gens avec le respect et la dignité qu'ils méritent. Voilà les valeurs qui sont en jeu. Et c'est ce que vous défendez chaque jour sur les lignes de front.

En envahissant l'Ukraine, la Russie a violé les principes de base de l'ordre international fondé sur des règles. Elle a bafoué les éléments fondateurs de la Charte des Nations Unies.

Une citation de extrait du discours de Justin Trudeau devant le parlement ukrainien

Plus tard, en mêlée de presse, le premier ministre a été questionné à propos du fait qu'aucun journaliste n'a pu prendre place dans la salle principale du parlement lors de son discours. À cela s'ajoute d'autres informations concernant un accès plus restreint pour les membres des médias en Ukraine, y compris le fait que Kiev n'a pas renouvelé, il y a quelques jours, l'accréditation d'un photographe travaillant pour le Globe and Mail.

Oui, nous avons parlé de cette situation, a répondu M. Trudeau.

Nous allons continuer de parler des meilleures pratiques démocratiques avec tous nos amis, à travers le monde, a-t-il ajouté. Il est important de reconnaître qu'il faut se battre pour la démocratie partout dans le monde.

Le chef du gouvernement canadien a aussi martelé que nous voyons de plus en plus d'économies qui constatent que l'approche néo-colonialiste d'autocraties, comme la Russie et d'autres pays, n'est pas la voie à emprunter.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le premier ministre canadien Justin Trudeau participent à une réunion en tête-à-tête, à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le premier ministre canadien Justin Trudeau ont participé à une réunion en tête-à-tête, à Kiev.

Photo : Reuters / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER

En ce qui concerne les déclarations du maître du Kremlin à propos des combats sur le champ de bataille, M. Trudeau a par ailleurs été clair : Je ne fais aucunement confiance à ce que dit Vladimir Poutine. Il a démontré qu'il ment chaque fois qu'il ouvre la bouche.

Ottawa, a encore ajouté le premier ministre, sera là pour appuyer l'Ukraine pendant aussi longtemps que nécessaire, sans égard aux résultats sur le terrain.

Nouvel appel à aider Kiev

Jeudi, le secrétaire général de l’OTAN a enjoint les membres de l’Alliance à fournir de l’aide sans tarder à l’Ukraine pour composer avec les inondations catastrophiques et des évacuations majeures après la rupture du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr.

Des rues de Kherson complètement inondées, l'eau atteint le toit de nombreuses maisons.

Selon le ministre ukrainien de l'Intérieur, Igor Klymenko, 1894 personnes ont été évacuées des zones sous contrôle ukrainien. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Libkos

Ce passage du premier ministre canadien coïncide avec une période stratégique pour le pouvoir ukrainien. La contre-offensive annoncée depuis des mois semble se mettre en place à l’est et au sud-est du pays.

Alors que les combats et les bombardements continuent sur la ligne de front, la capitale ukrainienne est quant à elle confrontée à des attaques aériennes répétées depuis le début du mois de mai, dont la plupart sont repoussées par le système de défense ukrainien. D’ailleurs, les sirènes anti-aériennes ont retenti dans la nuit de vendredi à samedi à Kiev, quelques heures seulement avant la première apparition publique du premier ministre.

Pendant sa visite, Justin Trudeau pourrait être rattrapé par des enjeux intérieurs. Au Canada, la lutte contre d’importants feux de forêt n’est pas terminée. Par ailleurs, la démission du rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère nommé par le premier ministre cause des remous sur la scène politique fédérale. L’opposition en a profité pour réclamer une fois de plus la tenue d’une enquête publique.

Le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or.

Lors de sa deuxième visite éclair, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a visité le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or, situé sur la place Saint-Michel.

Photo : Radio-Canada / Louis Blouin.

Une visite symbolique

La présence du premier ministre canadien ne passe pas inaperçue auprès des parlementaires ukrainiens. C’est d’une importance énorme et un grand symbole pour nous parce que M. Trudeau démontre au monde entier qu’il est avec nous. C’est courageux de venir à Kiev dans une période aussi dangereuse, a déclaré la députée Lesia Zaburanna, en entrevue à Radio-Canada.

L’élue de la région de Kiev affirme que l’Ukraine a besoin de l’appui financier et politique du Canada. En ce moment, le pays arrive à peine à couvrir les dépenses de son armée. Sans l’aide internationale, les services à la population incluant l'éducation, la santé et le système des retraites risqueraient de s’écrouler.

Le bout du canon d'un char d'assaut exposé devant le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or.

Un char d'assaut est exposé en plein cœur de Kiev, devant le célèbre monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or.

Photo : Radio-Canada / Louis Blouin

Le gouvernement de Volodymyr Zelensky milite aussi pour la création d’un tribunal international spécial afin de traduire Vladimir Poutine et ses collaborateurs en justice.

Kiev cherche également des appuis de la communauté internationale pour rapatrier les enfants ukrainiens qui ont été déplacés en Russie.

La visite de Justin Trudeau se veut avant tout un soutien moral, selon Yann Breault, professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean. Une manière de rappeler aux Ukrainiens qu’ils ne sont pas seuls face à l’ennemi.

Un signal qui arrive à un moment crucial, alors que s’amorce la contre-offensive ukrainienne.

Chaque fois qu'il y a un leader étranger qui se déplace sur le terrain, qui fait des annonces, même si la portée n'est pas significative sur le champ de bataille, ça peut avoir un effet bénéfique pour la motivation des troupes, explique le professeur Breault.

À ses yeux, le premier ministre y trouve aussi son compte. Cela s’inscrit dans une stratégie de rehausser la stature ou le rôle du Canada , souligne le professeur Breault. Pour le gouvernement Trudeau, c’est donc une manière d’être entendu et vu par les alliés de l’OTAN.

Des militaires ukrainiens près de la ville de Bakhmout.

Des militaires ukrainiens à bord d'un véhicule de combat d'infanterie BMP-1 près de la ville de Bakhmout, sur la ligne de front. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / VIACHESLAV RATYNSKYI

Un voyage surtout symbolique, alors que la capacité de transfert d’armement du Canada atteint sa limite.

Le Canada doit équilibrer sa contribution militaire pour qu'elle soit durable. Et c'est particulièrement difficile à un moment où le système d'acquisition et les chaînes d'approvisionnement sont paralysés, explique Frédéric Côté, lieutenant-colonel à la retraite et doctorant en études internationales à l’Université Laval.

Il faut que les Forces armées canadiennes contribuent à l'effort collectif sans miner leur viabilité.

Une citation de Frédéric Côté, lieutenant-colonel à la retraite et doctorant en études internationales à l’Université Laval

Jusqu’ici, le Canada a promis de fournir aux forces ukrainiennes une cinquantaine de missiles de défense aérienne et un système de missiles surface-air acheté au coût de 406 millions de dollars aux États-Unis. Le gouvernement a aussi livré huit chars Leopard, des dizaines de véhicules blindés et des milliers d’obus d’artillerie, notamment. Depuis février 2022, le Canada s’est engagé à fournir une aide militaire dont la valeur dépasse le milliard de dollars.

Toutefois, des doutes se font sentir sur la capacité du Canada à fournir des munitions si le conflit s’étire pendant des mois ou des années encore. Il va falloir une augmentation de nos capacités de production pour être capable de maintenir la quantité d'obus qui est actuellement utilisée sur le champ de bataille, explique Yann Breault.

Quelle issue?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky accueille le premier ministre canadien Justin Trudeau à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky accueille le premier ministre canadien Justin Trudeau à Kiev, en Ukraine, le 10 juin 2023.

Photo : via reuters / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER

La contre-offensive ukrainienne fait monter les attentes et la pression sur Kiev. Les pays alliés, qui fournissent de l’aide à coup de milliards pour aider les soldats ukrainiens, espèrent des avancées importantes. Car l’appui occidental, au rythme actuel, risque de s’effriter. C’est certainement le pari de Moscou.

Les élections américaines en 2024 pourraient avoir un impact sur la posture des États-Unis. En Allemagne, les difficultés économiques se font sentir. Le pays est entré en récession technique.

ll y a certainement un message qui est envoyé derrière les portes closes, en disant, "Monsieur Zelensky, c’est maintenant qu'il faut agir", explique Yann Breault.

Une ambiguïté persiste autour de l'objectif poursuivi dans le conflit. Si le leadership ukrainien dit se battre pour la libération totale de l’Ukraine, les visées des pays alliés ne sont pas exprimées ouvertement.

Justin Trudeau et d’autres leaders étrangers ont déclaré que c’est aux Ukrainiens de décider jusqu’où ils voudront se battre. Yann Breault juge que ces déclarations sont quelque peu hypocrites.

En réalité, c'est nous qui offrons l'argent et les armes aux Ukrainiens. La journée où [les alliés] décident que cela s'arrête, cela va probablement s'arrêter. On prétend que les Ukrainiens sont aux commandes, mais en réalité, ce n’est pas exactement cela, souligne-t-il.

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