Le gala DANSEncore, à la fois dramatique et poignant

La troupe québécoise DM Nation
Photo : Radio-Canada / Josée Bourassa
Chaque année, le gala du Festival international DANSEncore est comme une photographie sociale et collective du moment. Si l’an dernier, il se voulait comme un exutoire au sortir de la pandémie, cette année, c’est un peu comme si la vie reprenait son rythme effréné et que les séquelles des trois dernières années commençaient à se faire sentir.
La troupe RB Dance Company de France a soufflé le public. La compagnie qui marie le jazz, la claquette, la danse urbaine et la danse percussive a donné un spectacle sidérant. Intitulé Look back, les danseurs interprètent en boucle ces mots pour rythmer leurs pas de danse en claquette. À l’aide de tables, les danseurs amplifient la rythmique pour créer un effet hypnotique et imposant. Campée dans un décor sombre, la chorégraphie donne l’impression de sortir tout droit d’une dystopie.

La troupe RB Dance Company
Photo : Radio-Canada / Josée Bourassa
L’incroyable troupe DM Nation de Lévis, championne mondiale de danse hip-hop, n’était pas en reste avec ses costumes de bronze. Dansant frénétiquement sur la reprise du duo Milk & Bone de la chanson Monopolis, leur numéro intitulé Oxygène, même s’il était hautement spectaculaire n’était pas sans rappeler combien nous sommes pris dans le tourbillon du quotidien.
La danse urbaine au service de la danse contemporaine
Le gala du festival est aussi une photographie de ce qui se danse actuellement. Si le jazz a longtemps inspiré la danse contemporaine, aujourd’hui, c’est la danse urbaine et hip-hop qui se met au service du style. La troupe française Pockemon Crew en a donné un exemple impressionnant : elle a réussi à utiliser le breakdance pour servir une forme plus théâtrale. Normalement cette forme de danse acrobatique séduit par son côté spectaculaire, cette fois-ci elle ouvre la porte à de nouvelles possibilités d’interprétation.

Un nombre imposant de jeunes danseurs ont ouvert la soirée.
Photo : Radio-Canada / Josée Bourassa
Le Québec brille
Une des singularités du gala cette année, c’est de voir performer plusieurs compagnies québécoises qui n’ont rien à envier aux plus vieilles compagnies internationales. Et la beauté de la chose, c’est de les voir s’exécuter sur des pièces musicales québécoises. En plus de la troupe DM Nation, le duo Alex et Alex était de retour dans un numéro très émouvant, exécuté sur une chanson d’Elliot Maginot qui était aussi sur la scène pour l’interpréter. Et le festival a eu la belle et brillante idée d’inviter Alex Francoeur du duo à créer le numéro d’ouverture avec une troupe composée de la jeune relève en danse du Québec. Un superbe numéro d’ouverture sur la chanson Avec des fleurs de Daniel Bélanger. Oui, nos créateurs musicaux ont tout pour bien servir la danse.

Les danseurs Denys et Antonina
Photo : Radio-Canada / Josée Bourassa
Très joyeux, mais très bref
Le moment de joie de la soirée est venu du duo de danseurs ukrainiens Denys et Antonina. Ils ont interprété un cha-cha et un jive endiablés qui n’avaient rien à voir avec les danses sociales qu’on dansait aux noces comme jadis. Arborant des costumes flamboyants, déployant une énergie contagieuse et des sourires à éclairer toute la salle J.-Antonio-Thompson, les spectateurs ont craqué devant la joie de vivre et le talent de ces deux danseurs. En dépit du fait que leur pays est durement éprouvé, les deux danseurs ont porté une belle lumière d’espoir… peut-être un peu trop brièvement, mais pas moins intensément.