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David Johnston démissionne de son poste de rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère

David Johnston.

David Johnston

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Radio-Canada

L'ex-gouverneur général David Johnston a annoncé vendredi après-midi sa démission du poste de rapporteur spécial indépendant sur l'ingérence étrangère.

Lorsque j’ai assumé le mandat de rapporteur spécial indépendant sur l’ingérence étrangère, mon objectif était d’aider à accroître la confiance dans nos institutions démocratiques. Je constate que, compte tenu du climat hautement partisan entourant ma nomination et mon travail, mon rôle a eu l’effet opposé, a indiqué M. Johnston dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau.

Je remets donc par la présente ma démission, prenant effet au plus tard à la fin du mois de juin 2023 ou dès que j’aurais remis un bref rapport final, ce que j’espère pouvoir faire avant la fin du mois, a ajouté l’ancien gouverneur général.

Cette décision survient trois jours après l’audience de M. Johnston devant un comité parlementaire des Communes, qui l’a questionné pendant plus de trois heures.

Attaqué sur sa légitimité comme rapporteur sur l'ingérence étrangère, il s’était efforcé de recentrer les échanges sur les dangers et l'urgence de la situation qu'il a étudiée dans un premier rapport déposé fin mai.

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Des élus lui reprochaient ses liens intimes avec la famille Trudeau et le fait qu'il ne reconnaît pas une apparence de conflit d'intérêts, incompatible avec sa mission.

Le recours à l’avocate Sheila Block pour l’assister dans son mandat a également suscité la méfiance chez plusieurs élus. Mme Block fait partie des donateurs du Parti libéral.

Nommé en mars au poste de rapporteur spécial indépendant par M. Trudeau, David Johnston tente depuis des semaines de prouver son intégrité malgré les appels en faveur de sa démission.

La Chambre des communes avait même adopté une motion du Nouveau Parti démocratique (NPD), avec l'appui des députés conservateurs et bloquistes, qui exhortait M. Johnston à se retirer et qui demandait au gouvernement de déclencher une enquête publique.

Poursuivre le travail

Malgré son départ, M. Johnston a insisté auprès de M. Trudeau sur l’importance de poursuivre la mission qui lui avait été confiée.

L’examen approfondi et détaillé de l’ingérence étrangère, de ses effets et de la manière de la prévenir doit constituer une priorité urgente pour votre Gouvernement et votre Parlement, a-t-il affirmé.

Même si j’ai conclu qu’une enquête publique en vertu de la Loi sur les enquêtes ne serait pas efficace compte tenu de la nature classifiée de la vaste majorité des renseignements, j’ai recommandé la tenue d’audiences publiques visant à la fois à sensibiliser le public et à considérer la nécessité de réformer divers aspects des systèmes et des politiques du gouvernement liés à l’ingérence étrangère.

Il a également transmis ses conseils au premier ministre pour la nomination du prochain rapporteur spécial indépendant.

Je vous encourage à nommer une personne respectée, dotée d’une expérience en sécurité nationale, pour réaliser le travail que j’ai recommandé dans mon premier rapport. Idéalement, vous devriez consulter les partis de l’opposition afin de déterminer des candidats appropriés pour diriger cet effort.

Le gouvernement Trudeau a réagi par la voix du ministre Dominic LeBlanc, responsable des Affaires intergouvernementales.

Je tiens à remercier le très honorable David Johnston pour les décennies qu'il a consacrées au service du Canada. Les attaques partisanes lancées par le Parti conservateur contre l'ancien gouverneur général étaient injustifiées et inacceptables. La démocratie exige que nous nous élevions au-dessus des considérations partisanes, a-t-il déclaré par communiqué.

Le premier ministre m'a mandaté de consulter les experts et les partis d'opposition sur les prochaines étapes et d'évaluer qui est le mieux placé pour effectuer ce travail. Alors que je m’acquitte de cette tâche, nos efforts pour lutter contre l'ingérence étrangère dans notre démocratie se poursuivent, tout comme les examens en cours de l'annexe classifiée du rapport de M. Johnston, et les travaux du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et de l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement.

Les partis d'opposition satisfaits

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a salué cette décision digne.

Le premier ministre Justin Trudeau n’a d’autre choix que de confier au Parlement la nomination d’un-e juge qui présidera une commission d’enquête publique et indépendante sur les ingérences chinoises au Canada, a-t-il déclaré sur Twitter.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, approuve également la décision de l’ancien gouverneur général.

David Johnston a fait la bonne chose. Maintenant, le premier ministre doit demander une enquête publique pour que nous puissions restaurer notre confiance en notre démocratie.

J'ai toujours pensé que M. Johnston était une personne honorable, a encore fait savoir le chef néo-démocrate par voie de communiqué. Malheureusement pour lui, il a été victime de la mauvaise gestion de l'interférence étrangère par le gouvernement libéral.

Une décision inévitable, juge-t-on chez les conservateurs

Pour sa part, le député conservateur Luc Berthold a confié à Radio-Canada que cette décision était inévitable.

Il [M. Johnston] n'a jamais réussi à avoir la confiance des députés de la Chambre, a-t-il affirmé. C'est maintenant le temps pour Justin Trudeau de lancer le plus rapidement possible une enquête publique indépendante sur l’ingérence de Pékin dans notre démocratie.

L'exercice qu'a fait M. Johnston nous a démontré qu'on n'a pas d'autre façon de faire la lumière sur l'ingérence de Pékin dans nos élections.

Il a aussi insisté sur l’importance de nommer un juge qui aura l'approbation de tous les partis reconnus à la Chambre. On doit avoir quelqu’un d'indépendant.

Son chef, Pierre Poilievre, a profité de l'occasion pour de nouveau tirer à boulets rouges sur le premier ministre Trudeau.

Depuis des mois, [Justin] Trudeau tente de dissimuler l'aide qu'il a reçue du gouvernement communiste de Pékin. Il a détruit la réputation d'un ancien gouverneur général pour dissimuler son propre refus de défendre le Canada contre les intérêts et les menaces étrangères, a-t-il déclaré, selon ce qu'a fait savoir son attachée de presse.

Quant au Bureau du Conseil privé, il a remercié M. Johnston pour son rapport et pour son engagement envers le pays et les Canadiens. Il a également précisé que le travail se poursuivait pour évaluer les menaces d’ingérence étrangère dans le processus électoral fédéral.

Le gouvernement demeure engagé à prendre des mesures pour protéger nos institutions et pour maintenir la confiance des Canadiens dans notre démocratie.

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