Une marche pour ne pas oublier les hommes et garçons autochtones disparus ou assassinés

Des dizaines de personnes ont marché en mémoire des hommes et des garçons autochtones, bispirituels, disparus ou assassinés.
Photo : Radio-Canada / Jennifer Magher
Des dizaines de personnes ont marché et pagayé à Vancouver en l'honneur des garçons, des hommes et des personnes bispirituelles autochtones disparus et assassinés à travers le pays.
Pour la deuxième année consécutive, les Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil Waututh ont invité les Autochtones et les non-Autochtones à battre le pavé, vendredi, pour sensibiliser le public au sort réservé aux hommes, garçons et personnes bispirituelles autochtones.
La marche est inspirée par celle en mémoire des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées qui a lieu depuis 32 ans à Vancouver en février. L’événement se voulait un appel à la justice, les familles déplorant que les disparitions et les décès de leurs proches n'aient pas capté l'attention du public comme ils auraient dû.
Quand mon fils est mort, il n'y avait personne. Nous nous sommes sentis seuls. Aujourd'hui, je me sens tellement soulagée, en voyant tous ces gens, que nos prières sont exaucées
, a déclaré Eugenia Oudie, dont le fils Charles a été retrouvé mort dans l'est de la ville de Vancouver le 6 septembre 2015.
Tout un symbole, le rassemblement s'est formé devant le quartier général du service de police de Vancouver, souvent mis en cause dans ce dossier épineux.

La foule s'est retrouvée devant le quartier général de la police de Vancouver (VPD).
Photo : Radio-Canada / Jennifer Magher
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Le cortège a ensuite traversé le pont de la rue Cambie, marchant jusqu'au parc Creekside, près du village olympique. Là, une démonstration s'est tenue sur les eaux de False Creek.
[Nous marchons] pour nos frères et guerriers, un oncle, un père, un fils, un petit-enfant, pour reconnaître leurs noms
, a déclaré Loretta John, dont le beau-frère, Everett Jones, a disparu, en 2016, à Duncan, sur l'île de Vancouver.
Il est toujours porté disparu, il fait toujours partie de la famille et nous voulons juste faire notre deuil.

La sensibilisation au sort des hommes et garçons autochtones disparus ou assassinés s'est déroulée aussi sur les eaux de False Creek, à Vancouver.
Photo : Radio-Canada / Jennifer Magher
Une surreprésentation des Autochtones
Selon Statistique Canada, en 2020, les hommes autochtones étaient quatre fois plus susceptibles de mourir par homicide qu'une femme autochtone et sept fois plus susceptibles de mourir par homicide que les non-Autochtones au pays.
L'agence gouvernementale a déclaré que les hommes représentaient plus de 80 % des 201 Autochtones tués cette année-là. Cela signifie que le nombre d'hommes autochtones décédés par homicide a atteint son plus haut niveau depuis 2014. Les femmes autochtones viennent juste derrière dans ces tristes statistiques.

Les familles demandent que les hommes et garçons soient protégés et non tués.
Photo : Radio-Canada / Jennifer Magher
Nous voulons que cette prise de conscience continue de se propager à travers le pays pour que les Canadiens comprennent pourquoi les peuples autochtones sont toujours au bas de l'échelle
, a lancé le fondateur de la marche, Curtis Ahenakew, membre de la Première Nation Ahtahkakoop en Saskatchewan, où une marche est partie jusqu'à Ottawa.
Nous sommes au bas de l'échelle, toujours invisibles, non reconnus.
Au nom de la justice
La famille d'Eugenia Oudie a engagé son propre enquêteur pour investiguer sur la mort de Charles après que les autorités ont jugé qu'il s'agissait d'un accident.
Eugenia Oudie travaille à l'obtention d'une maîtrise en études des Premières Nations à l'Université du Nord de la Colombie-Britannique, en particulier sur les hommes et les garçons disparus et assassinés. Nous devons trouver un équilibre avec les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous devons élever nos hommes avec la guérison.
Le mois dernier, le gouvernement fédéral a annoncé un nouveau financement de 95,8 millions de dollars sur cinq ans pour les familles des Autochtones disparus et assassinés. À l'époque, le ministre de la Justice, David Lametti, avait déclaré qu'une partie de l'argent offrirait des services aux familles des hommes victimes.
Avec les informations de Jennifer Magher et de La Presse canadienne