Les feux de forêt causent de la détresse chez plusieurs Néo-Écossais

Tania Smith qualifie la situation d'épuisante émotionnellement.
Photo : Radio-Canada / Peter Dawson
La Nouvelle-Écosse vient de vivre un épisode historique avec des feux de forêt intenses, un événement qui va marquer le paysage, mais aussi les esprits. La province propose des services de soutien psychologique.
Vous devez faire le deuil de vos souvenirs. Ils sont encore dans notre tête bien sûr, mais nous avons perdu le lieu où se sont déroulés, ces moments
, raconte Mary Young.
Elle fait partie des quelque 150 personnes à avoir perdu leur maison dans les feux près d’Halifax. En Nouvelle-Écosse, plus de 200 foyers ont été détruits par ces incendies historiques qui ont brûlé près de 24 000 hectares.
Il y a tellement de choses pour lesquelles nous n’avons pas de réponses. Dans ces moments-là, vous prenez les choses les unes après les autres
, souligne Tania Smith, évacuée du Sud-Ouest.
C’est épuisant émotionnellement.
Autant de réactions que de gens touchés
La Dre Geneviève Belleville, professeure de psychologie à l’Université Laval, qualifie de traumatiques
ces événements. Elle indique que les réactions peuvent être aussi nombreuses et différentes que les individus.

Geneviève Belleville, professeure titulaire à l'École de psychologie de l'Université Laval.
Photo : Radio-Canada / Nicole Germain
Ça peut causer un sentiment d’anxiété chez des personnes, qui peut s’aggraver en attaque de panique. D’autres peuvent être démoralisés face à l’ampleur, la lourdeur des conséquences. Mais la majorité des personnes vont être résilientes. On voit des communautés qui se viennent en aide les unes aux autres.
Ce sentiment de soutien de la communauté a été noté dans les nombreux témoignages recueillis ces derniers jours.

Le brasier n’a laissé aucune chance aux propriétaires de ces deux voitures à Upper Tantallon, en Nouvelle-Écosse.
Photo : Radio-Canada / Capture d'écran Mediacentral
Les gens ont été incroyables
, confirme Natasha Poirier au bord des larmes. Elle est l’une des évacués du comté de Shelburne. Ils sont venus de toute part nous apporter leur aide.
Les enfants chamboulés par cette catastrophe naturelle
Les enfants ne vont pas forcément avoir les mots pour nommer les choses qu’ils vivent
, déclare la Dre Belleville. On peut voir plus de symptômes somatiques comme des problèmes de sommeil, des maux de ventre, de tête, des crises inexpliquées ou des changements d’humeur. Tout cela, ce sont des contrecoups du stress vécu.
Des réactions qu’ont constatées Morgan et Kyle Dimmock, parents de deux enfants de quatre mois et deux ans et demi.

Morgan et Kyle Dimmock et leurs deux enfants. Ils ont dû évacuer Upper Tantallon et ont vécu à l'hôtel pendant une semaine et demie.
Photo : Autre banques d'images / Julie Sicot
Ça a été très compliqué. Ils dorment très mal depuis que nous avons été déplacés
, souligne Morgan Dimmock.
Depuis l’évacuation, la famille vit à l’hôtel et vient tout juste de retourner dans sa maison d’Upper Tantallon. Le père, Kyle, ajoute : Notre plus grand fait beaucoup de cauchemars. Ses jouets, ses livres, ses vêtements, rien n’est à lui, tout est différent.
Ces Haligoniens espèrent que le retour à la maison permettra à la famille de retrouver un peu de sérénité.
Il faut faire attention de donner la meilleure information possible en fonction de l’âge, de la capacité à comprendre, car un enfant peut avoir tendance à "catastrophiser" s'il a des informations partielles. Les stratégies de distraction vont être utiles
, conseille la Dre Belleville.
Du soutien gratuit proposé par la province
La prise en charge de la santé mentale est plus présente dans les enjeux de santé publique depuis la pandémie.
En février 2022, la Nouvelle-Écosse a lancé le programme Accès mieux-être
, un service de soutien avec un conseiller formé en psychologie.
Depuis la semaine dernière, Telus Santé, prestataire pour la province de ce dispositif, a constaté une augmentation de la demande.
Le niveau de stress est plus élevé qu’à la normale
, confirme Bernard Blais, directeur clinique de Telus Santé. Il y a beaucoup de preuves qui montrent qu’une seule rencontre peut faire beaucoup. Ce n’est pas une ligne de crise, mais pour des symptômes légers et modérés.
Il faut compter cinq jours pour avoir un rendez-vous.
Il existe aussi une ligne d’écoute accessible gratuitement, Peer Support Line. Toutes les informations pour accéder à ces services sont disponibles sur le site de la Nouvelle-Écosse (Nouvelle fenêtre).