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Enquête sur la mort de Shannon Sargent : un décès évitable, selon une médecin

Shannon Sargent sourit, une boule de quilles à la main.

Shannon Sargent est morte dans sa cellule au Centre de détention d'Ottawa-Carleton, en juillet 2016.

Photo : Gracieuseté

Radio-Canada

Shannon Sargent aurait pu être admise de nouveau à l'hôpital, ce qui aurait augmenté ses chances de survie, selon une médecin urgentologue appelée à témoigner jeudi, lors de l'enquête du coroner sur la mort de cette femme autochtone. Son décès aurait été évité si elle avait été orientée vers un chirurgien cardiaque, lors d'une visite aux urgences la veille de son décès.

L'enquête du coroner se poursuit pour une dixième et dernière journée pour faire la lumière sur le décès de Shannon Sargent.

Mme Sargent avait 34 ans lorsqu'elle est décédée au Centre de détention d'Ottawa-Carleton (CDOC) au petit matin, le 20 juillet 2016. Elle avait subi une opération à cœur ouvert pour remplacer sa valve aortique 13 jours plus tôt.

La veille, Mme Sargent avait été emmenée à l'hôpital, puisqu'elle se plaignait de douleurs à la poitrine. Jeudi, la Dre Aikta Verma, urgentologue en chef à l'hôpital Sunnybrook de Toronto, a indiqué que si le chirurgien cardiaque avait été consulté à ce moment, le spécialiste aurait probablement ordonné une surveillance cardiaque plus poussée.

Mme Sargent serait restée à l'hôpital, au moins pour la nuit, a poursuivi Mme Verma.

Je pense que ce sont là les principaux éléments qui auraient pu conduire à un résultat différent, a mentionné Mme Verma lors de son interrogatoire mené par l'avocat assigné à cette enquête, Mike Boyce.

En début de semaine, le pathologiste judiciaire qui a effectué l'autopsie de Mme Sargent a expliqué que la consommation chronique de drogues avait contribué à son arythmie cardiaque pour finalement causer son décès, en 2016.

Plusieurs évaluations médicales

Mme Sargent se plaignait de douleurs à la poitrine lorsqu'elle a été amenée au campus Civic de l'Hôpital d'Ottawa dans l'après-midi du 19 juillet 2016, à la suite de son arrestation pour avoir manqué une comparution devant le tribunal.

Un électrocardiogramme a été réalisé et s'est révélé anormal, a témoigné la Dre Verma. Cette dernière a fait valoir que ces résultats auraient dû être comparés à des lectures similaires prises le 11 juillet, après l'intervention chirurgicale de Mme Sargent.

La Dre Verma a expliqué qu'à l'hôpital Sunnybrook, les patients qui, comme Mme Sargent, reviennent aux urgences dans les 30 jours suivant une intervention médicale, sont directement orientés vers un spécialiste. Il s'agit d'une pratique courante. C'est d'autant plus vrai pour ceux qui présentent un risque élevé de complications postopératoires, comme les patients ayant subi des chirurgies cardiaques.

Nous ne pouvons pas être des spécialistes dans tous les domaines.

Une citation de Dre Aikta Verma, urgentologue en chef à l'hôpital Sunnybrook de Toronto

Mercredi, le Dr Andy Pan, le médecin qui a vu Mme Sargent lors de sa première visite à l'hôpital le 19 juillet, a indiqué à la commission d'enquête qu'aucun des résultats d'examens effectués cet après-midi-là ne nécessitait une consultation auprès d'un chirurgien cardiaque.

Les médecins des urgences de l'Hôpital d'Ottawa n'ont pas non plus le pouvoir d'admettre des patients, a ajouté le Dr Pan.

Au lieu d'être réadmise, Mme Sargent a été transportée au CDOC où elle a subi un deuxième examen médical. Elle a ensuite été renvoyée à l'hôpital.

Selon le formulaire de consultation médicale préparé par une infirmière au CDOC, outre des douleurs thoraciques persistantes, Mme Sargent souffrait d'hypotension et présentait du sang dans ses selles. Cette dernière avait aussi contracté une infection à la bactérie C. difficile.

Des témoignages contradictoires

Des témoignages contradictoires ont été recueillis concernant un formulaire médical qui devait être remis au personnel de l'hôpital.

Mme Sargent a été renvoyée au CDOC sans être passée au triage. L'infirmière qui était responsable à l'époque a ajouté qu'on ne lui avait même jamais dit que la patiente attendait à l'extérieur dans un fourgon.

Mercredi après-midi, Dean Joncas, un sergent ayant 36 ans d'expérience, a déclaré qu'il n'avait jamais vu un détenu être escorté à l'hôpital sans avoir fait l'objet d'un triage.

C'est une évidence. Si j'envoie un détenu sous escorte à l'hôpital, c'est pour qu'il soit examiné, a déclaré M. Joncas lors de l'enquête.

Si la patiente s'était trouvée à l'hôpital lorsque son cœur s'est arrêté, ses chances de survie auraient triplé, a fait valoir la Dre Verma.

L'experte a également noté que la sortie de la patiente, le 15 juillet 2016, après sa chirurgie cardiaque, n'était pas optimale. Elle a rappelé que Mme Sargent n'avait pas quitté l'hôpital avec un travailleur social, comme convenu.

La Dre Verma s'explique mal pourquoi le personnel n'a pas tenu compte des autres déterminants sociaux dans ce dossier, tels que la consommation de drogues, le sans-abrisme intermittent et la difficulté d'accès aux médicaments nécessaires.

Il est probable qu'ils n'aient pas été [mentionnés], a-t-elle ajouté, car ils n'étaient pas notés au dossier de la patiente.

L'Hôpital d'Ottawa a depuis adopté un système numérique de tenue des dossiers qui permet de signaler plus facilement des problèmes de ce type, a-t-on appris lors de l'enquête.

Cette enquête est obligatoire étant donné que le décès est survenu en détention. Le jury pourra formuler des recommandations visant à prévenir d'autres décès dans des circonstances similaires. L'enquête est présidée par le Dr Robert Reddoch. Les conclusions sont attendues lundi.

Avec les informations d'Alistair Steele, de CBC News

Avec les informations de CBC

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