Travailler à 80 ans : « Quand j’arrêterai, c’est parce que je n’aurai plus le choix »

Louise Larochelle
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
À 80 ans, Louise Larochelle est toujours aussi heureuse de travailler. Celle qui a choisi de retourner sur le marché de l'emploi à l'âge de 45 ans après avoir élevé ses enfants ne se voit pas à la retraite de si tôt.
Difficile de croire à l’âge vénérable de Louise Larochelle, qui est adjointe administrative au Protecteur du citoyen depuis 13 ans.
Quand je me lève le matin pour venir travailler, je suis tellement heureuse, je travaille juste quatre jours par semaine et ça remplit bien ma vie.
Après avoir travaillé comme enseignante jusqu'à son mariage, Mme Larochelle a décidé de retourner sur le marché du travail à la fin des années 80. D’abord, à l’Assemblée nationale puis dans l'administration de l'Orchestre symphonique de Québec, avant de joindre le Protecteur du citoyen.
Moi, à 80 ans, je ne suis pas fatiguée de travailler parce que j'ai commencé à travailler à 45 ans.
L'énergique dame commence tous les matins vers 7h au 19e étage d’un immeuble de bureaux du centre-ville de Québec. Il n’y a pas un midi où elle ne va pas marcher une heure, toujours en solitaire. Je veux vraiment bouger, parce que c’est ça qui me tient en forme, j’en suis certaine
dit-t-elle.
Si la pandémie l’a forcée à interrompre ses activités en raison des recommandations pour les personnes de 70 ans et plus, Mme Larochelle a souhaité revenir au bureau. Pas question de faire du télétravail. Je travaille parce que je suis heureuse de partir, alors je suis contente de venir travailler.

Louise Larochelle n'est pas une adepte du télétravail, contrairement à plusieurs de ses collègues.
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Veuve depuis plusieurs années, Louise Larochelle ne pourrait avoir l’énergie qu’elle a sans ses deux filles dont elle est si fière. Encore ce matin, avant de faire l’entrevue, elles m’ont écrit un courriel pour me dire ''lâche pas maman, tu es capable!''
Celle qui a récemment fait un safari en Tanzanie a encore des projets plein la tête. J'aime beaucoup voyager, alors ça me permet de travailler et de faire des voyages qui me plaisent.
Et elle ne pense pas à la retraite. Quand j'arrêterai, c'est parce que je n'aurai plus le choix.

Selon l'Institut de la statistique du Québec, le pourcentage des personnes de 65 à 69 ans sur le marché du travail a constamment augmenté entre 2005 et 2021. Il est passé de 16 % à 25 % chez les hommes et de 9 % à 16 % chez les femmes.
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En forte croissance
Le marché du travail est composé de plus en plus de personnes âgées de 65 ans et plus.
Ce groupe formait 4 % des employés en 2021 au Québec avec 170 600 travailleurs. En 2005, ils représentaient seulement 1,5 % des salariés, selon l'Institut de la statistique du Québec.
Sur les 200 employés du bureau de Québec du Protecteur du Citoyen, 9 ont 65 ans et plus. De ce chiffre, un employé a 75 ans et Mme Larochelle a 80 ans. Une ressource précieuse pour l'organisme, qui vit aussi des problèmes de recrutement de main-d'œuvre.
[Avec le temps], la motivation décline souvent peu à peu, mais du côté de chez Louise, ce n'est aucunement le cas. [...] Elle est tombée dans la fontaine de Jouvence
, lance Normand Trudel, directeur des ressources humaines et de l'administration au Protecteur du citoyen. Il ajoute qu'elle n'a pas de mal à suivre les mises à jour des systèmes informatiques.
L'organisme public met d'ailleurs en place des pratiques pour favoriser la rétention de personnes plus âgées. Après un certain nombre d'années, on veut un horaire allégé [...] de trouver les bonnes tâches et les bonnes responsabilités qui vont correspondre à leurs besoins
, souligne Hélène Vallières, vice-protectrice aux affaires institutionnelles et prévention et Protecteur du citoyen.