Le plan de Québec pour avoir plus de psychologues reçoit un accueil tiède à l’UdeS

Pour répondre aux besoins, le ministère de la Santé estime qu'il faudrait recruter autour de 1000 psychologues au cours des cinq prochaines années seulement dans le réseau public. (Archives)
Photo : Getty Images / Katarzyna Bialasiewicz
Pour pallier la pénurie de psychologues et de professionnels en santé mentale dans le réseau public de la santé, Québec a dévoilé toute une série de mesures pour optimiser leur formation alors que les listes d’attentes ne cessent de s’allonger après la pandémie de COVID-19. Une annonce qui a été reçue plutôt tièdement à l'Université de Sherbrooke.
Pour répondre aux besoins, le ministère de la Santé estime qu'il faudrait recruter autour de 1000 psychologues au cours des cinq prochaines années seulement dans le réseau public. Québec va donc soutenir les universités pour qu'elles augmentent notamment les cohortes au doctorat en psychologie clinique.
Un baccalauréat plus pratique
Comme l’indique le ministère de l'Enseignement supérieur dans un communiqué, les universités seront soutenues pour apporter des modifications aux parcours de baccalauréat en psychologie afin de leur donner une portée plus pratique en y incluant, par exemple, davantage de stages ou en créant de nouveaux profils dans leurs programmes
.
Une mesure qui, selon Québec, vise à permettre aux étudiantes et étudiants d'intégrer rapidement un emploi dans nos réseaux publics dès l'obtention de leur baccalauréat
.
De plus, Québec a également annoncé que les étudiants en psychologie qui réalisent leur internat dans le réseau public continueront de recevoir une bourse de 25 000 $
. Cette nouvelle bourse vient donc doubler le soutien déjà accordé et le porter à 50 000 $ pour les étudiantes et étudiants qui répondent aux critères des deux bourses
, mentionne-t-on.
Toutes ces mesures ont été formulées dans le rapport du Groupe de travail sur l'optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale. Ce sont des mesures qui représentent actuellement un investissement total de près de 1,7 million de dollars. On travaille pour rehausser cette enveloppe budgétaire dans le courant des prochains mois
, a fait savoir la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, lors d’une conférence de presse, jeudi.
Accueil tiède à l’UdeS
Philippe Longpré, directeur du département de psychologie à l'Université de Sherbrooke (UdeS), accueille tièdement les mesures dévoilées ce jeudi par Québec. C’est un premier pas qui est fait vers l’amélioration de la formation et de l’offre de service en santé mentale
, reconnaît-il. Mais c’est un pas qui est insuffisant.
La psychologie est le programme qui est le moins financé dans tous les programmes universitaires.
Le professeur spécialisé en psychologie du travail à l’UdeS regrette que des recommandations du rapport David aient été écartées, notamment concernant le financement récurrent. Bonifier la formation, accepter plus d’étudiants au doctorat dans les programmes, ça ne peut pas se faire sans embauches de professeurs, donc argent récurrent
, lance-t-il en entrevue avec Radio-Canada Estrie.
Il y a actuellement un chantier sur le mode de financement universitaire qui est amorcé. J’espère que la question de la psychologie sera débattue et que le financement va être rehaussé. Sans ce rehaussement, les mesures annoncées aujourd’hui [...] auront très peu d’impact. Ce sont majoritairement des annonces pour bonifier des programmes
, poursuit-il.
D’ailleurs, Philippe Longpré pense qu’augmenter les cohortes en psychologie dans la prochaine année est tout sauf réaliste. Ça prend des professeurs qui peuvent encadrer des essais et des mémoires doctoraux. Ce sont des ressources qui coûtent cher
, insiste-t-il.
Des disparités entre chercheurs et cliniciens du public
Isabelle Lessard, doctorante en psychologie clinique adulte, pense que l’annonce de ce jeudi comporte de bons points
, mais qu’elle ne révolutionnera pas
le milieu de la psychologie. Ça va créer des disparités entre les personnes qui voudront aller travailler dans le public et celles qui font de la recherche. [Les chercheurs] ont un apport qui est aussi intéressant pour la pratique sur le terrain
, fait-elle savoir.
De plus, elle juge que les conditions dans le secteur public ne sont pas forcément meilleures
. Ce sont souvent des suivis qui sont plutôt courts. On parle de huit, douze, quinze rencontres. Mais les personnes qui se retrouvent dans le public sont souvent des personnes qui ont des problématiques complexes qui demandent des suivis plus longs. Et, malheureusement, on ne peut pas toujours leur offrir un suivi adapté
, poursuit la doctorante.