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Piloter un avion-citerne, « c’est comme la formule un » sans connaître sa piste

Sur la ligne de front des combats contre les feux de forêt, il y a bien sûr des camions d'incendie, des pelles mécaniques et des bulldozers. Mais il y a aussi des avions-citernes – les fameux canadairs CL-215 et CL-415 – qui larguent des colonnes d'eau pour contrer les incendies. De précieux alliés pour lutter contre les flammes.

Un avion CL-215 de Canadair laisse tomber de l’eau lors du salon international de l’aviation de Torre del Mar, le 29 juillet 2018.

Un avion CL-215 de Canadair laisse tomber de l’eau lors du salon international de l’aviation de Torre del Mar, en Espagne, le 29 juillet 2018.

Photo : AFP / Jorge Guerrero

Radio-Canada

Gaston Audy a été pilote de Canadair pendant 25 ans. Un métier un peu fou. Mais « le plus beau métier du monde », clame le pilote au micro d'Alec Castonguay sur ICI Première. Entrevue.

Quand on vous appelle pour un feu, qu’est-ce qui se passe dans votre tête?

Bien, on espère avoir le plan d’eau le plus près possible du feu pour faire le plus de largages [possible]. On pense aussi à la manière qu’on nous a décrit le feu. Souvent, c’est un aéropointeur qui nous dit que le feu a tant de mètres, de milles, de kilomètres.

Comment attaquez-vous le feu?

Habituellement, on attaque toujours le feu face au vent, parce que l’eau est plus facile à déverser où on veut la mettre. Si la flamme est tellement grosse, on l’attaque de côté. Le [modèle] 415 avait moins de frappe que le [modèle] 215. Le 215 contient 1200 gallons, mais par contre, c’est deux portes qui ouvrent en même temps et la charge est très massive.

Feux de forêt 2023

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Le ciel était orangé à Senneterre tellement la fumée était épaisse en après-midi le 6 juin.

Le 415 a quatre portes, l’eau est mieux dispersée, c’est plus facile pour le pilote. Avec le 215, la frappe est beaucoup plus grande au départ pour le Québec, mais si on va en Californie, le 415 est plus efficace, parce que la forêt est moins dense.

À quelle distance du feu descendez-vous?

Un feu s’attaque à 100 pieds du sol et à la vitesse de 100 noeuds. C’est bas et c’est pour ça que ça prend des pilotes qualifiés pour faire ça et qui aiment ça. Parce qu’un pilote, habituellement, vole très haut et très vite, alors qu’un pilote d’avion-citerne¸ ça vole très bas puis très lent. C’est rare qu’à 30 000 pieds tu frappes quelque chose, mais à 100 pieds, tu peux en frapper.

Est-ce que vous avez déjà eu peur?

Tu as peur quand tu t’assis devant une bière après ton feu, mais pas sur le feu même. Des fois, t’es assis, puis le coeur te débat parce que tu te dis : Oh, j’ai peut-être été trop loin.

Est-ce que c’est difficile d’aller chercher l’eau?

C’est là que notre expérience de pilote de brousse joue en notre faveur. Habituellement, quand on est sur notre territoire, on sait qu’il y a déjà quelqu’un qui est allé sur ce lac-là.

Avec un 215 ou un 415, un lac d’un mille de long, c’est en masse si on a le bon vent. Par contre, je me rappelle d'une fois, après 10 écopages sur le même lac, je n’ai pas été capable de faire le 11e. Il a fallu que je change de lac à cause des vents contraires.

Vous voyez le feu comme un adversaire, comme une bête?

Ah, c’est une bête, c’est l’ennemi à contrôler pour que nos pompiers au sol l’éteignent! C’est pas nous qui éteignons le feu. Nous, on l’amène aux pompiers du sol qui peuvent l’approcher pour l’éteindre.

Vous avez pratiqué ce métier pendant 25 ans, qu’est-ce que vous aimiez le plus?

C’est de revenir à la base en sachant que nos pompiers au sol finissent la job. Les pilotes d’avion-citerne ont toujours été exploités et sous-payés, et c’est pour ça qu’il en manque. Et il va en manquer des bons, parce qu’il y en a beaucoup qui ont quitté; parce qu’à un moment donné, le salaire devient quand même important dans notre vie.

Est-ce que ça prend des personnalités un peu spéciales pour faire ce métier-là?

Disons qu’être un peu fou, ça ne nuit pas. C’est de la formule un, de la formule un plus, parce que le gars de formule un, il peut marcher à pied, faire le tour de la piste, tandis que nous on ne peut pas le faire. Moi, je trouve que j'ai fait le plus beau métier du monde.

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