La pollution de l’air inquiète des personnes vulnérables

Environnement Canada prévient que la mauvaise qualité de l'air pourrait persister jusqu'en fin de semaine à Toronto.
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
Les nuages de fumée et la mauvaise qualité de l'air qui flottent au-dessus de Toronto, en raison des feux de forêt qui sévissent au Québec et dans le Nord-Est de l’Ontario, inquiètent certaines personnes à la santé fragile. Environnement Canada prévient que cette pollution peut être nocive « pour la santé de tous ».
Les niveaux élevés de pollution sont particulièrement dangereux pour les personnes vulnérables, notamment celles qui vivent avec des problèmes aux poumons, comme Barbara Moore, qui souffre d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) depuis une vingtaine d’années, ce qui rend sa respiration difficile.
Mme Moore explique que l'air qu'elle respire peut mettre sa vie en danger et qu’elle doit rester vigilante en raison du stade avancé de sa maladie.
Même assise avec toutes les portes fermées et l'air climatisé allumé, je peux quand même sentir cette fumée. La sensibilité est très élevée. Cela atteint mes poumons de manière très négative
, témoigne la résidente de Hamilton, ambassadrice de la Lung Health Foundation à Toronto.
C'est très très déprimant, je suis bloquée à la maison, je ne peux pas sortir à l’extérieur de ces murs. Dès que je sors ma tête dehors, je peux sentir la fumée.

Le smog sur Toronto au lever du soleil en raison de la fumée des incendies de forêt
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
Fabien Schneider, le directeur général adjoint des Centres d'accueil Héritage, qui hébergent des personnes de 60 ans et plus à Toronto, partage cette inquiétude pour ses résidents dont certains ont des problèmes respiratoires et de mobilité.
Pour éviter que ses résidents ne soient exposés à la pollution, l’établissement s’assure que les fenêtres sont fermées et diffuse des messages de santé publique pour demander aux aînés de rester chez eux. M. Schneider ajoute que des systèmes de filtration sont installés dans les salles communes et que les activités des résidents sont ajustées en fonction de la qualité de l’air.
Fabien Schneider constate par ailleurs une espèce d’écoanxiété
parmi les aînés. Il y a, selon lui, une perception que l'environnement change, qu’il est plus difficile de passer au travers d'événements climatiques comme les grandes vagues de chaleur en été
.
Même si les personnes sont seules chez elles et peuvent être anxieuses, on a ici une équipe qui connaît bien les résidents et qui peut intervenir de manière à gérer cette anxiété
, assure M. Schneider.
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Qui sont les personnes vulnérables?
Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille et membre du conseil d’administration de l'Association canadienne des médecins pour l'environnement, explique que plusieurs catégories de personnes sont vulnérables face à la pollution de l’air.
La Dre Pétrin-Desrosiers mentionne notamment les personnes qui vivent avec des problèmes pulmonaires que ce soit l’asthme ou des maladies pulmonaires chroniques, comme les bronchites à répétition.
Il y a aussi celles qui ont des problèmes cardiaques ou cardio-vasculaires, qui ont déjà fait ou qui sont à risque de faire des crises du cœur ou des AVC, poursuit la médecin.
La pollution a une charge très lourde pour ces personnes-là et souvent on voit une augmentation de la mortalité par infarctus et AVC durant les épisodes de pollution aiguë.
Claudel Pétrin-Desrosiers ajoute que les femmes enceintes et les enfants sont aussi vulnérables à la pollution, tout comme les sportifs qui font leurs exercices en extérieur et qui s'exposent de façon plus importante à la mauvaise qualité de l’air.
De façon générale, quand il y a des épisodes de smog aigu comme ça, il y a une augmentation des consultations, que ce soit en première ligne ou dans les urgences
, remarque la médecin de famille.
Mme Pétrin-Desrosiers ajoute que les changements climatiques sont la plus grande menace à la santé du 21e siècle
et que les feux de forêt comme ceux qu'on connaît ont des répercussions sur des milliers de kilomètres
, sur la santé physique et psychologique des habitants.

La Ville de Toronto prévient que certains programmes municipaux de loisirs de plein air ont été annulés ou déplacés à l’intérieur.
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
La Ville et les écoles adaptent leurs activités
Devant les risques liés à la mauvaise qualité de l'air, les récréations et autres activités extérieures des écoles des conseils scolaires publics anglais de Toronto et de la région de York ont été déplacées à l'intérieur jeudi, tandis que le Conseil scolaire catholique de Toronto indique que ses écoles peuvent envisager une récréation intérieure en fonction de la Cote air santé (CAS).
Pour sa part, la Ville de Toronto prévient que certains programmes municipaux de loisirs de plein air ont été annulés ou déplacés à l’intérieur et que les activités de plein air dans les garderies municipales ont été suspendues.
La Ville affirme également qu'elle dispose d'équipes de proximité qui se rapprochent des personnes sans-abri, pour vérifier leur bien-être, leur fournir de l'eau et les encourager à rentrer à l'intérieur. Elle ajoute qu’elle s'efforce d'ouvrir des espaces temporaires supplémentaires dans certains centres d'accueil pour sans-abri.
Le zoo de Toronto assure quant à lui qu'il répond aux avertissements sur la qualité de l'air en réduisant ses heures d'ouverture. L’établissement était ouvert jeudi de 9 h 30 à 15 h afin de protéger ses animaux, son personnel et ses bénévoles.
Environnement Canada prévient que la mauvaise qualité de l'air pourrait persister jusqu'en fin de semaine. Sous l'effet de la fumée des feux incontrôlés, la qualité de l'air et la visibilité peuvent changer sur de courtes distances et varier considérablement d'heure en heure
, prévient l'agence fédérale.
Avec les informations d’Andréane Williams