Christian Riou, la voix des bulletins de nouvelles au Manitoba, tire sa révérence

Christian Riou présentera son dernier bulletin radio vendredi.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Arrivé au Manitoba en 1991, Christian Riou est, depuis 15 ans, la voix des bulletins d’information radiophonique en français dans la province. Les auditeurs pourront l’entendre une dernière fois vendredi, car, après 34 ans dans le métier, il a décidé de prendre sa retraite.
Bonjour, ici Christian Riou, voici les informations.
C’est par cette phrase que le journaliste, natif de Rivière-du-Loup, au Québec, commence ses bulletins d’informations depuis 2008. Réglé tel un métronome, c’est lui qui informe toutes les heures les francophones à la radio, du lundi au vendredi.
Dans la salle de nouvelles bruyante au 5e étage du 541 avenue Portage, Christian se démarque par sa discrétion. L’homme, taiseux, fait preuve d’une concentration extrême entre chaque bulletin, au point qu’il parvient à faire abstraction des perturbations alentour pour être au service de la rigueur et de l’exactitude des informations qu’il livre. C’est sa marque de fabrique.
Au service de l’information depuis 1989
Avant de s’installer à Winnipeg, Christian Riou a commencé sa carrière à Radio-Canada à Toronto comme commis. Mon travail consistait, entre autres, à distribuer les journaux aux journalistes
, se souvient-il.
Moins d’un an plus tard, il part à Windsor, dans le sud de l’Ontario, où il fait ses débuts comme journaliste à temps partiel, déjà à la radio. J’aimais beaucoup Windsor. On parlait beaucoup d’agriculture et d’industrie automobile
, explique ce passionné de voitures et de mécanique.

Des annotations sur les feuilles d'un bulletin de nouvelles assurent un minutage et un rythme impeccable.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Néanmoins, les conditions de travail à Windsor ne sont pas optimales et, quand on lui promet 11 mois de travail à temps plein à CKSB, il n’hésite pas. Il n’a jamais regretté ce choix : Je suis arrivé en octobre 1991 et, en décembre, j’avais un emploi permanent. Le Manitoba m’a fait confiance et je n’ai eu aucune envie d’aller ailleurs
, dit-il, reconnaissant.
Après deux ans à la radio, il passe à la télévision où il fait des reportages à partir de 1993, avant de présenter l’ancêtre du Téléjournal, Manitoba ce soir, pendant une saison en 1995-1996.
Premier journaliste RDI au Manitoba
Il devient ensuite le tout premier journaliste au Manitoba à travailler pour la nouvelle chaîne d’information en continu Réseau de l’information (RDI), lancée en 1995. Chaque jour, dans l’émission L’Ouest en direct, je présentais une nouvelle du jour du Manitoba. J’ai fait cela pendant 10 ans.
Parallèlement, il est aussi pupitre à la télévision, où il corrige les reportages des journalistes qui sont diffusés le soir. Il occupe ce poste pendant 12 ans, avant de retourner à la radio en 2008.
Je suis devenu pupitre radio, c’est-à-dire que je présentais les bulletins d’informations toutes les heures. J’animais aussi l’émission Midi +, du lundi au vendredi, de 12 h 05 à 12 h 30
, explique-t-il.
Deux ans au service de la NHK japonaise
Puis, en 2012, Christian Riou quitte temporairement le Manitoba pour aller travailler au Japon, au service de la NHK, le diffuseur public japonais. Encore une fois, il est un pionnier, puisqu’il est le tout premier journaliste de Radio-Canada à aller travailler au Japon dans le cadre d’un nouvel accord entre les deux diffuseurs publics.
La culture japonaise m’intéressait depuis tout petit. J’y avais été en voyage en 1991 et la NHK cherchait quelqu’un de Radio-Canada pour son service de langue française. Il y avait 10 candidats et j’ai été choisi
, se souvient-il.

Christian Riou
Photo : Radio-Canada / Colombe Fortin
À son retour, il retrouve son poste de pupitre à la radio, médium qu’il préfère. J’ai vraiment eu une affinité immédiate avec la radio. On est plus autonome qu’à la télévision, on peut être créatif et j’invite les journalistes à beaucoup sonoriser leurs reportages
, explique-t-il.
Cette transmission du savoir, Christian Riou l’a dans le sang. Depuis son retour du Japon, la salle des nouvelles a beaucoup changé : Il y a beaucoup de nouveaux. Ça fait partie de mon travail de les former, insister sur l’exactitude des faits, les heures de tombée…
Prêt à passer à autre chose
Sa longévité au Manitoba contraste fortement avec le nombre de journalistes qui sont passés ici en plus de 30 ans. Ce qui l’a fait rester? Le contenu local.
Est-ce qu’on va vraiment couvrir de meilleures nouvelles si on va à Vancouver, par exemple? Pas nécessairement
, affirme-t-il, à l’adresse des jeunes journalistes qui entrent dans la profession.
Il faut s’enlever de la tête qu’il n’y a qu’au niveau national ou international qu’il y a des nouvelles sexy. C’est en écoutant les gens qu’on trouve des sujets intéressants.
À l’aube de son dernier jour, Christian Riou est serein : Je suis prêt à passer à autre chose et c’est le fun de donner la chance à d’autres personnes de présenter les informations.
Après 32 ans passés au Manitoba, il s’apprête à quitter la province. Ce n’est pas la fin de quelque chose, mais le début de quelque chose de nouveau et je suis content de savoir qu’il y a une relève.
Je suis reconnaissant de la chance qu’on m’a donnée au Manitoba et je suis content d’avoir été au coeur de l’actualité provinciale pendant 30 ans. Mais, surtout, je suis content que les auditeurs aient été là
, conclut-il.

Christian Riou part serein, content qu'une relève soit présente.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy