La concentration de fumée atteint des sommets dans les villes américaines

L'intense fumée en provenance des feux de forêt du Québec donne des allures de film de science-fiction à la ville de New York.
Photo : Reuters / SHANNON STAPLETON
La fumée des centaines d’incendies de forêt qui font rage au Canada continue de perturber les activités dans le centre et l’est des États-Unis, où plus de 75 millions de personnes sont visées par des avertissements de pollution de l’air jugé carrément « dangereux » par endroits.
De nombreuses écoles sont fermées, toutes les activités extérieures sont annulées à New York et des centaines d’avions sont cloués au sol ou retardés dans les aéroports de la côte est en raison de la mauvaise visibilité.
L’épais couvert de fumée en provenance du Québec qui enfume l’est des États-Unis, du lac Ontario jusqu’au Maine, doit poursuivre jeudi sa progression vers le sud et les zones les plus densément peuplées des États-Unis.
La fumée, qui obscurcit le ciel du nord de l’État de New York jusqu’en Virginie, devrait par ailleurs persister encore plusieurs jours en raison d’un système météorologique qui s’est installé sur la Nouvelle-Angleterre et qui pousse les masses de fumées vers le sud.
Selon les services météorologiques américains, ce système pourrait perdurer jusqu’à la semaine prochaine. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les Américains.

Les manœuvres de la garde se faisaient dans une épaisse fumée jeudi matin près du Lincoln Memorial, à Washington.
Photo : Reuters / JOEY ROULETTE
Plus de 400 incendies font rage dans les forêts du Canada, dont plus de 150 au Québec, où peu ou pas de pluie n’est annoncée au cours des prochains jours. Un nombre de feux 10 fois plus élevé que la moyenne pour cette période de l’année au Canada. Plus de 3,3 millions d’hectares de forêt sont partis en fumée depuis le début de l’année. Du jamais-vu au pays si tôt en saison.
À 9 h, New York figurait au premier rang des villes où l’air est le plus pollué dans le monde, alors que Détroit, au Michigan, occupait le quatrième rang.
Il suffit de rester à l'intérieur. Il est dangereux de sortir dans presque toutes les régions de notre État.
Tard dans la nuit de mercredi, l'indice de qualité de l'air à New York a dépassé 320 – sur un total de 400, en sachant qu'une bonne qualité de l'air se situe entre 0 et 50 –, ce qui signifie qu'il était carrément dangereux
.
L’indice de pollution atmosphérique atteignait le niveau 6 sur 6, soit la pire désignation d'AirNow.gov, un site de données sur la qualité de l'air géré en partenariat par plusieurs agences gouvernementales.

Entrevue avec Fanny Chauvin, collaboratrice spéciale à New York.
Tôt jeudi matin, Philadelphie et Harrisburg, en Pennsylvanie, étaient les zones métropolitaines les plus touchées, affichant à leur tour un niveau de qualité de l'air dangereux
.
D'autres grandes villes américaines comme Baltimore, Newark, Pittsburgh, Détroit, Cleveland, Cincinnati, Indianapolis et Washington D.C. doivent aujourd’hui elles aussi composer avec des indices élevés de pollution.
Distribution de masques
La santé publique américaine recommande aux gens qui habitent dans les secteurs touchés par la fumée de porter un masque N95 bien ajusté pour se prémunir des effets nocifs de l’air saturé de particules en suspension.

Plus d'un million de masques N95 ont été sortis des réserves de la Sécurité intérieure afin d'être distribués aux habitants de l'État de New York.
Photo : Reuters / MIKE SEGAR
L'État de New York a commencé à distribuer près d’un million de masques N95 issus des stocks de la Sécurité intérieure à la population, a annoncé la gouverneur Kathy Hochul mercredi soir.
Les écoles publiques de Yonkers, dans l'État de New York, sont fermées jeudi. D'autres districts scolaires de New York, du Maryland, de Virginie et de Washington ont annulé les activités en plein air, tandis que le gouverneur du New Jersey a encouragé les districts scolaires locaux à faire de même.
Si vous n'êtes pas obligés d'être à l'extérieur, ne le faites pas.
Jeudi matin, les autorités anticipaient une importante détérioration de la qualité de l’air dans le Delaware, le Maryland, le nord de la Virginie et Washington D.C. en raison des vents qui ont tourné vers le sud.
Sur cette vidéo du National Weather Service (NWS) qui couvre une période de trois heures en journée mercredi, on peut voir à quelle vitesse la ville de New York a été littéralement envahie par la fumée des feux de forêt.
Des centaines de vols retardés
Dans plusieurs grandes villes américaines, la fumée est à ce point dense que l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) a suspendu ou retardé les vols dans les aéroports de LaGuardia à New York ainsi qu’à l’aéroport de Philadelphie pour des raisons de faible visibilité.
Les aéroports de New York et de Philadelphie, les trois aéroports de Washington et celui de Charlotte sont tous susceptibles de faire l'objet de mesures similaires, ont annoncé les autorités aériennes.
Selon le site FlightAware, les compagnies aériennes américaines avaient retardé 472 vols jeudi matin en plus d’en annuler 55. L'aéroport JFK, de New York, et l'aéroport Newark Liberty de Newark, dans le New Jersey, ont été les plus touchés.
Selon Mark Zondlo, chimiste atmosphérique et professeur de génie civil et environnemental à l'Université de Princeton, la fumée des incendies a engendré des mesures de la qualité de l'air parmi les plus médiocres qu’on ait enregistré aux États-Unis depuis des décennies.
Ce qui rend cette situation vraiment unique – outre le fait que les incendies sont énormes – c'est que l'air reste très près du sol, a-t-il expliqué sur les ondes de CNN. Ainsi, au lieu d'être transporté vers le haut et de se disperser dans l'atmosphère ou dans la couche située à 10 000 pieds au-dessus de nos têtes, l'air épouse le sol et ne se disperse donc pas.

Trois pompiers du service d'incendie d'Halifax combattent les feux de forêt dans le secteur de Tantallon, le 30 mai 2023.
Photo : Communications Nouvelle-Écosse
La Maison-Blanche assure pour sa part être en contact constant avec les dirigeants des États touchés par la fumée, mais également avec le gouvernement canadien.
Les États-Unis contribuent également à la lutte contre les feux de forêt au Canada, notamment en fournissant plus de 600 pompiers et du matériel, dont des avions-citernes, pour prêter main-forte aux sapeurs canadiens qui maîtrisent actuellement moins de la moitié des gigantesques feux qui ravagent les forêts du pays.
Des pompiers d’Afrique du Sud, de Nouvelle-Zélande, de France, d’Australie et d’autres pays ont aussi été envoyés au Canada. L'Union européenne a pour sa part proposé d’envoyer près de 300 pompiers de plus.
Nous sommes solidaires avec le Canada face aux terribles feux de forêt. Le Canada a demandé à l'UE un soutien par le mécanisme de protection civile et nous répondons avec promptitude. La France, le Portugal et l'Espagne ont proposé l'envoi de plus de 280 pompiers
, a annoncé mercredi soir la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen.
À lire aussi :
Avec les informations de Agence France-Presse et CNN