Les statues controversées s’inscrivent dans un débat plus large, selon Mary Simon

La gouverneure générale Mary Simon inspecte une garde d'honneur alors qu'elle est accueillie à Winnipeg, mercredi, pour une visite de trois jours.
Photo : La Presse canadienne / John Woods
La statue de la reine Élisabeth II, vandalisée à nouveau le lendemain de sa réinstallation sur le terrain du Palais législatif du Manitoba, remet la question des monuments à l’effigie de figures controversées à l’ordre du jour. D’après la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, les personnes des deux côtés du débat peuvent se rassembler et apprendre à se respecter.
Mercredi, la gouverneure générale était de passage à l'Assemblée législative du Manitoba. Elle s’est entretenue avec la première ministre Heather Stefanson pendant une demi-heure et a rencontré des dirigeants autochtones pendant une heure.
Elle a, par la suite, été interrogée par des journalistes sur la question des statues installées sur le terrain du Palais législatif du Manitoba.
En 2021, la sculpture de bronze à l’effigie d’Élisabeth II ainsi qu’une statue de la reine Victoria avaient été jetées au sol par des manifestants lors de la fête du Canada, après la découverte de tombes non marquées sur des terrains d’anciens pensionnats en Colombie-Britannique. La statue d’Élisabeth a été récemment restaurée, une réparation estimée à 60 000 $ par la province. Elle a été réinstallée à sa place, à côté de la maison de la lieutenante-gouverneure, vendredi, poavant d'être à nouveau vandalisée le lendemain.
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Photo : Radio-Canada / Josh Crabb
La gouverneure générale a déclaré que son bureau était apolitique, mais qu'elle pouvait aider les parties à se comprendre entre elles.
J'ai le pouvoir de rassembler les gens pour discuter de ces sujets
, affirme Mary Simon, qui est la première gouverneure générale autochtone dans l’histoire du Canada.
Il ne s'agit pas seulement des statues, mais des effets à long terme que la colonisation a eus sur les peuples autochtones. Je pense que c'est une question qui nécessite beaucoup de discussions entre différentes autorités, différentes personnes.
Pour ma part, je suis là pour essayer de m'assurer que tout le monde se comprenne.
Des rappels de l’histoire
D’après la gouverneure générale, les statues sont le rappel d’une partie de l'histoire de la colonisation.
Je pense qu'il est vraiment important pour les peuples autochtones de s'exprimer de la manière qu'ils veulent, mais il est également très important pour nous de reconnaître que les effets de la colonisation et des pensionnats ont été dévastateurs pour les cultures et l'identité des peuples autochtones, qu'il y a des frustrations. Il y a de la colère
, ajoute-t-elle.
Et [les peuples autochtones] vont, de temps en temps, exprimer cette colère et ces frustrations. [E]n tant que représentante du Roi, mon rôle est d'aider à comprendre ce qui se passe. Donc d'une certaine manière, je ne peux pas dire si c'est bien ou pas.
De son côté, l'Assemblée des chefs du Manitoba a critiqué le gouvernement du Manitoba pour avoir réinstallé la statue d’Élisabeth II avant d'ériger le mémorial à l'effigie du chef Peguis. Celui-ci, qui en est encore au stade de la conception, sera le premier à représenter un membre des Premières Nations sur le terrain du Palais législatif.
Les membres des Premières Nations cherchent toujours activement à guérir des blessures de la colonisation et du génocide occasionnés par les pensionnats
, a déclaré mercredi la grande cheffe de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, dans un communiqué de presse.
Remplacer la statue de la reine Élisabeth avant d'en ériger une qui rend hommage à l'histoire des Premières Nations démontre un manque d'engagement envers la réconciliation et la responsabilité de cette province
, a-t-elle déclaré.

Mary Simon a rencontré des dirigeants autochtones à l'Assemblée législative du Manitoba, mercredi. Le grand chef de l'Organisation des chefs du sud du Manitoba, Jerry Daniels, est assis à sa droite, tandis que la grande cheffe de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, est à sa gauche.
Photo : La Presse canadienne / John Woods
Enjeux territoriaux
Jerry Daniels, le grand chef de l'Organisation des chefs du sud du Manitoba, qui représente 34 communautés autochtones, affirme avoir discuté des traités et des revendications territoriales lors de la rencontre avec la gouverneure générale.
La terre nous a été volée, et elle l’est toujours
, a-t-il déclaré aux journalistes après la réunion.
Les comptes doivent être faits sur la question des terres.
La gouverneure générale achèvera sa visite de trois jours au Manitoba jeudi. Elle est attendue dans la matinée au Centre national pour la vérité et la réconciliation.
Dans l'après-midi, elle prononcera le discours d'ouverture lors d'une cérémonie de collation des grades à l'Université du Manitoba. Elle y recevra également un doctorat honorifique en droit.
Avec les informations de La Presse canadienne