La Ville d’Ottawa cherche à tripler le nombre d’embauches d’ambulanciers paramédicaux

Il a souvent été question du fait que les ambulanciers doivent attendre plusieurs heures avant qu’un hôpital prenne en charge un patient. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean Delisle
La Ville d’Ottawa cherche à tripler le nombre d’embauches d’ambulanciers paramédicaux l’année prochaine, tandis que la demande d’ambulances monte en flèche et que les intervenants d’urgence sont à bout de souffle après plusieurs années de stress intense.
Dans un rapport qui sera présenté en comité le 15 juin, le chef du Service paramédic d'Ottawa (SPO), Pierre Poirier, expose une stratégie visant à ajouter 40 postes à temps plein dans chacun des trois prochains budgets annuels de la Ville.
En 2024, le SPO ajouterait également trois employés à temps plein chargés du soutien psychologique des employés.
Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport aux 14 postes d’ambulanciers paramédicaux ajoutés annuellement au cours des dernières années. Il n’en demeure pas moins que la Ville n’est pas toujours en mesure d’envoyer des ambulances lorsque les résidents en font la demande.

Le chef des ambulanciers paramédicaux de la Ville d'Ottawa, Pierre Poirier (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Le problème a même été jusqu’à s’aggraver d’année en année. Il a souvent été question du fait que les ambulanciers paramédicaux doivent attendre plusieurs heures avant qu’un hôpital prenne en charge un patient. Il est arrivé 1806 fois, en 2022, que les ambulanciers d’Ottawa enregistrent un code de « niveau zéro », ce qui est plus du double de l’année précédente.
Le niveau zéro représente un risque important pour la sécurité publique
, a admis Pierre Poirier dans son rapport annuel.
Pendant ce temps, la demande continue d’augmenter. Le personnel a eu à intervenir 184 113 fois en 2022, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année 2021. À l'échelle de la province, la demande d'ambulances augmente plus rapidement que la population, selon M. Poirier.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les problèmes préexistants en matière de soins de santé, a-t-il expliqué, ce qui a eu pour effet d’aggraver la situation des ambulanciers. Résultat : le Service paramédic d’Ottawa n’a pas réussi à atteindre ses objectifs en matière de réponse aux appels urgents et aux appels mettant la vie en danger, ce qui avait été réussi entre 2018 et 2020.
Le conseiller municipal Riley Brockington, qui préside le Comité des services de protection et de préparation aux situations d’urgence, a convenu que ces données sont troublantes
.
Nous pensons qu'il s'agit d'une priorité absolue et que l'ajout de ressources contribuera à résoudre ce problème
, souligne-t-il.

Riley Brockington préside le Comité des services de protection et de préparation aux situations d’urgence. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Système de santé provincial contre ambulanciers municipaux
La Ville d’Ottawa n’a pas l’intention de payer pour toutes ces embauches. Pierre Poirier propose de partager le coût annuel de 23 nouveaux postes avec la province, ce qui correspond à l’entente actuelle de partage des coûts.
Le dirigeant a aussi l’intention de demander au ministère de la Santé de payer entièrement les 17 autres postes.
Selon l'administration municipale, le maire Mark Sutcliffe devrait demander à la province d’assumer la totalité des coûts des 51 postes étalés sur trois cycles budgétaires, car les retards dans le transfert des patients vers les services d’urgence sont dus au système de santé provincial.
De nombreux programmes ont été mis en place ces dernières années pour accélérer les choses, comme la prise en charge de patients en ambulance par des infirmières spécialisées ou l’extension des pouvoirs des ambulanciers afin que le passage aux urgences ne soit pas la seule option possible.
La Ville d’Ottawa ne peut pas tout faire
, a expliqué M. Brockington. Nous pouvons inonder la ville d’ambulanciers, ce qui améliora nos délais d’intervention. Mais il y aura toujours de longues files d’attente à l’hôpital lorsque nous arriverons pour la prise en charge des patients.
Par courriel, la porte-parole de la ministre de la Santé, Hannah Jensen, a laissé entendre que l'Ontario n’avait pas l’intention de financer ces 17 nouveaux postes.
La ministre de la Santé Sylvia Jones a quant à elle rencontré le maire Mark Sutcliffe cette semaine. Ils ont discuté des 2,6 millions de dollars investis par la province dans un programme destiné aux infirmières qui s’occupent des patients arrivant en ambulance.
L’Ontario a également payé pour augmenter la disponibilité des ambulances de plus de 30 000 heures l’année dernière, a souligné Mme Jensen.
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Les demandes d'indemnisation de la CSPAAT augmentent
Le syndicat qui représente les centaines d’ambulanciers et de répartiteurs se concentre sur les actions du conseil municipal plutôt que sur celles de la province.
La section locale 503 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a demandé que du personnel supplémentaire soit ajouté au budget 2023, plutôt que d’attendre 2024.
Attendre que la province réponde, attendre que la province résolve un problème de système de santé, n’est pas dans le meilleur intérêt des membres qui sont en première ligne
, a expliqué la trésorière Carrie Lynn Poole-Cotnam.

Carrie Lynn Poole-Cotnam, trésorière de la section locale 503 du Syndicat canadien de la fonction publique
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Le rapport Poirier indique que les demandes d’indemnisation pour des événements traumatisants ou stressants survenus sur le lieu de travail sont en augmentation.
En moyenne, 60 membres du personnel étaient en congé chaque mois en 2022 pour des blessures couvertes par la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) de l'Ontario, contre 11 par mois, en 2016. Les ambulanciers paramédicaux utilisent plus souvent leurs congés de maladie.
Les ambulanciers paramédicaux avaient l'habitude de faire des heures supplémentaires à la fin de leur quart de travail et même de se proposer de faire des heures supplémentaires, mais la Ville affirme que l'intérêt pour ces heures supplémentaires payées a depuis diminué.
Lorsque vous commencez à vous fier sur les heures supplémentaires, cela devrait être un message clair pour la Ville que les niveaux de personnel ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins
, a déclaré Mme Poole-Cotnam.
Avec les informations de Kate Porter de CBC