Dégradation de la qualité de l’air : quelles conséquences sur la santé?
La capitale du Canada, Ottawa, sous la fumée des feux de forêt.
Photo : La Presse canadienne
Alors que l’indice de la qualité de l’air crève le plafond depuis maintenant deux jours dans la région de la capitale fédérale, les professionnels de la santé jugent la situation préoccupante.
Une bonne partie de la région de l’Outaouais se trouvait encore dans la fumée des feux de forêt mercredi. Cette situation devrait d’ailleurs perdurer jusqu’en fin de semaine, à en croire Environnement Canada.
La médecin-chef de Santé publique Ottawa (SPO), la Dr Vera Etches, se dit donc inquiète en raison du grand nombre de personnes potentiellement concernées.
Cela affecte tout le monde et il y a des populations à plus grand risque à cause des difficultés [en rapport] avec les maladies respiratoires et les maladies cardiaques
, explique-t-elle.
La situation aurait d’ailleurs provoqué une augmentation du nombre de visites aux urgences, selon la médecin, qui désigne les particules fines comme les grandes responsables de la détérioration de l’état de santé de nombreuses personnes.
La Dre Vera Etches est médecin-chef en santé publique à Santé publique Ottawa.
Photo : Radio-Canada
Mentionnant une réalité historique pour la région de la capitale fédérale, le surintendant aux relations publiques pour le Service paramédic d’Ottawa, Marc-Antoine Deschamps, souligne quant à lui les risques élevés courus par les jeunes enfants et par les personnes âgées.
N’importe quelle maladie qu’ils peuvent avoir dans ces catégories-là va empirer des suites de la mauvaise qualité de l’air
, estime-t-il.
Éviter le plus possible l’extérieur
Parlant de risque élevé à très élevé pour la santé, la médecin-chef en santé publique à Ottawa préconise ainsi de limiter les activités physiques à l’extérieur, notamment pour les personnes qui ont des problèmes d'ordre respiratoire.
C’est important pour [les personnes] qui ont des maladies préexistantes, pulmonaires ou cardiaques, de [prêter] attention aux symptômes, de savoir [les] gérer et d’aller chercher de l'aide en cas de difficulté
, recommande-t-elle.
Il est possible, avec ce taux de particules fines dans l’air, d’avoir des symptômes plus lourds et des conséquences graves.
Si la priorité dicte de rester le plus possible à l’intérieur, selon la médecin, le port d’un masque de type N95 pourrait par ailleurs aider à réduire la quantité de particules fines inhalées.
C’est une option qui peut aider les gens s’ils sont dans la fumée, mais ce n’est pas une solution complète parce qu’il y a aussi des gaz qui peuvent entrer dans les poumons. Alors la première chose à faire, c’est de réduire le temps passé dans la fumée.
La CNESST invite travailleurs et employeurs à la prudence
Du côté québécois, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) invite également les travailleurs et les employeurs à demeurer à l'affût des symptômes éventuels liés aux fumées d’incendies.
Selon son porte-parole, Nicolas Bégin, la sécurité et la santé au travail sont d’ailleurs des responsabilités partagées entre les deux parties, l’employeur et l’employé ayant des droits et des devoirs en la matière.
Nous, les recommandations qu’on met de l’avant, [...] c’est d’abord d’être attentif aux différents avis publics qui sont émis. Si ce sont des avis d’évacuation, par exemple, ils doivent être respectés, mais c’est aussi de fermer les fenêtres dans les milieux de travail, de mettre quand c’est possible les systèmes de ventilation en mode recirculation de l’air. C’est de demeurer à l'intérieur des bâtiments autant que possible, c’est aussi de repousser dans la mesure du possible les travaux à l'extérieur
, énumère-t-il.
Nicolas Bégin est porte-parole à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Photo : Radio-Canada
À l’instar de la Dre Vera Etches, M. Bégin conseille également aux personnes qui n’ont pas le choix de travailler à l’extérieur de se munir d’un masque. Il encourage par ailleurs tous les travailleurs ayant des questions à propos des symptômes à contacter le 811 et le 911 en cas d’urgence.
Pour l’instant, la situation est maîtrisée, tempère-t-il toutefois. En ce sens, on y va de recommandations. Ce ne sont pas des obligations mais des recommandations.
Pas de fort achalandage dans les hôpitaux pour le moment
Si la situation a provoqué une légère hausse de l'achalandage aux services d’urgences d’Ottawa lundi, selon la Dre Etches, tout est revenu à la normale au cours de la journée de mardi.
La Dre Etches encourage d’ailleurs les personnes qui se posent des questions à propos des symptômes de se renseigner dans un premier temps auprès des services appropriés avant de prendre la décision de se rendre à l’hôpital.
Pour les gens qui ont des difficultés, [vous pouvez] parler avec votre médecin. On peut aussi appeler au 811 pour Accès santé Ontario : il y a 81 infirmières par jour pour discuter des symptômes et pour aider avec l’évaluation et la décision d’aller aux urgences.
Du côté du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO), aucune augmentation notable de l’achalandage n’est également à déplorer.
Avec les informations d'Inès Ali-Khan et de Claudine Richard
