L’aéroport de Québec va créer près de 250 nouvelles places de stationnement
Les passagers sont de plus en plus enclins à prendre leur voiture quand vient le temps d'attraper un vol.

On compte à l’heure actuelle plus de 2300 places de stationnement sur le site de l’aéroport de Québec. (Photo d’archives)
Photo : Crédit : Marc Couture/Aéroport international Jean-Lesage de Québec
La reprise post-pandémie du trafic aérien, l’ajout de nouvelles liaisons et la préférence marquée des passagers pour la voiture quand vient le temps d’attraper un vol ont convaincu l’aéroport de Québec d’aménager 229 cases de stationnement supplémentaires afin de répondre à la demande.
L’administration aéroportuaire a lancé au cours des derniers jours un appel de propositions combiné pour l’aménagement d’un stationnement de surface de courte durée au pied de la tour de contrôle et l’agrandissement du stationnement extérieur P2B.
Le stationnement de courte durée aura une capacité de 95 places et sera utilisé par les automobilistes qui viennent déposer ou récupérer des passagers à l’aéroport.
Pour les accompagnateurs
C'est un nouveau produit qu'on va offrir à l'aéroport de Québec pour les accompagnateurs qui viennent chercher les passagers. De cette façon-là, ça va libérer le linéaire [de trottoir situé en face de l’aérogare]
, indique en entrevue à Radio-Canada Marie-Noëlle Simard, directrice principale du Bureau de projets et infrastructures à l’Aéroport international Jean-Lesage.
Les travaux d’agrandissement du stationnement P2B permettront quant à eux d’ajouter 134 cases de stationnement.
C'est vraiment le prolongement des installations qu'on a actuellement au-dessus de notre champ de géothermie qu'on a construit en 2017
, précise Mme Simard.
Capacité bonifiée de 10 %
Les stationnements de l'aéroport de Québec totalisent à l’heure actuelle plus de 2300 espaces. L’ajout de 229 cases représente donc une augmentation d’environ 10 % de leur capacité totale.
Les passagers utilisent davantage leur véhicule étant donné qu'on a mis en place une nouvelle politique de tarification qui est très avantageuse. Donc, ça incite les passagers à utiliser nos stationnements. On a rajusté nos modèles de prédiction et c'est pourquoi on fait ces espaces supplémentaires de stationnement en [prévision] de recevoir de nouveaux passagers chez nous
, rapporte Marie-Noëlle Simard.

Marie-Noëlle Simard mentionne que la nouvelle politique de tarification incite les clients de l’aéroport à utiliser ses stationnements.
Photo : Radio-Canada
C’est sans compter que l’achalandage à l’Aéroport international Jean-Lesage se rapproche à vitesse grand V de son niveau prépandémie. En 2022, l’organisation a accueilli 1,17 million de passagers, une hausse de 232 % par rapport à 2021.
En 2019, près de 1,8 million de voyageurs avaient transité par l’aéroport de Québec. La direction s’attend à revenir à ce niveau de fréquentation d’ici les deux ou trois prochaines années.
Même si la situation tend apparemment à se résorber, la diminution du nombre de taxis disponibles à Québec durant la pandémie pourrait avoir incité certains passagers à préférer se rendre à l’aéroport avec leur propre voiture.
Espaces temporaires
Afin de répondre à la demande toujours plus importante de stationnement, les autorités aéroportuaires ont aménagé des espaces temporaires sur différents terrains inutilisés, dont une partie sera maintenue en service durant les travaux à venir. L’aéroport s’en servira comme stationnement de débordement
.
On a une centaine de places qu'on a conservées sur le tablier 2 étant donné que lors de la construction des espaces de stationnement supplémentaires, on va venir handicaper nos espaces de stationnement, d'autant plus qu'on a des travaux d'entretien préventif à faire au niveau du stationnement étagé et du stationnement de surface
, explique Mme Simard.

En 2022, 1,17 million de passagers ont transité par l’aéroport de Québec. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Louis-Simon Lapointe
Les travaux devraient commencer au cours de l’été et se poursuivre jusqu’à la fin de l’automne. La direction de l’aéroport a produit des estimations des coûts pour la construction du stationnement de courte durée et l’agrandissement du P2B. Elle ne les rend toutefois pas publiques pour des raisons de confidentialité.
Enlever de l'espace à l'auto
Le directeur général du Conseil régional de l’environnement (CRE) pour la région de la Capitale-Nationale, Alexandre Turgeon, croit que l’aéroport fait fausse route en procédant à la création de nouvelles cases de stationnement dans un contexte de lutte contre les changements climatiques.
En matière de mobilité durable, on sait que les solutions passent par une diminution progressive de l’espace qu’on accorde à l’automobile, autant pour les voies de circulation que pour l’offre en matière de stationnement
, fait valoir M. Turgeon en entrevue à Radio-Canada.
Il ajoute que la fréquence de plus en plus élevée des événements climatiques extrêmes
tels que les centaines de feux de forêt en activité au Québec et au Canada appelle à des gestes immédiats pour limiter les changements climatiques jusqu'à les éliminer ou à les rendre carboneutres, et ce, le plus rapidement possible.

Alexandre Turgeon affirme que l’augmentation des espaces de stationnement à l’aéroport de Québec est «un geste dans la mauvaise direction». (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Pour ça, il faut qu’on arrête d’ajouter aux problèmes, qu’on fasse systématiquement des gestes qui vont dans la bonne direction et pour moi, tout geste qui ajoute à l’offre en transport, que ce soit par l’augmentation de la capacité routière ou l’augmentation des espaces de stationnement, c’est un geste dans la mauvaise direction
, plaide Alexandre Turgeon.
Le directeur général du CRE de la Capitale-Nationale souligne par ailleurs l’importance d’améliorer l’offre de transport collectif à destination de l’aéroport. La mise en service, au cours des dernières années, de deux parcours du Réseau de transport de la Capitale (RTC) n’a visiblement pas suffi à diminuer la demande pour des cases de stationnement.
Il faut qu’il y ait des alternatives rapides, viables et constantes qui fassent en sorte qu’on se rende très rapidement vers les différents pôles de Québec en transport collectif quand on arrive ou on veut aller à l’aéroport
, insiste M. Turgeon.
On est très mal desservi quand on arrive ou on veut aller à l’aéroport de Québec en matière de mobilité durable. Ça, je pense que ce n’est pas acceptable.
Selon lui, l’amélioration de la desserte passe notamment par des passages plus fréquents et réguliers à n’importe quelle heure de la journée où il y a des vols.
Il nous [en] passe dans la face, ce n’est pas grave, il y en a un [autre] dans 15 minutes. Donc, je pense que les solutions passent par là
, plaide l’environnementaliste.
Bonifier l'offre
Il invite la direction de l’aéroport à se responsabiliser
à investir pour aider le RTC à trouver des solutions pour bonifier l’offre de transport collectif.

Le parcours 76 relie l’aéroport de Québec aux gares d'autocars et de trains de Sainte-Foy. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
De son côté, le RTC ne prévoit pas d’augmenter la desserte de l’aéroport. Il estime que les parcours 76 et 80, qui relient respectivement l’aéroport aux centres-ville de Sainte-Foy et de Québec, répondent aux besoins actuels.
Le RTC déploie toujours son service en fonction de la demande. [...] Ces deux parcours ont répondu à une demande des citoyens et voyageurs, de la communauté d’affaires de Québec, du secteur hôtelier et de représentants de l’industrie touristique
, précise la société de transport dans un courriel à Radio-Canada.
Avec la collaboration de Marie Maude Pontbriand