Entre nature et culture : des expositions se penchent sur le cycle des saisons à Winnipeg

Marc Beaudry présente pour la première fois publiquement ses toiles sur le Festival du Voyageur.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Deux expositions sur la thématique du cycle des saisons et de l’utilisation des éléments de la nature pour créer des œuvres d’art sont actuellement présentées à la Maison des artistes visuels francophones, à Winnipeg.
L’exposition D’une saison à l’autre présente des œuvres de l’artiste franco-manitobain Marc Beaudry. La galerie accueille aussi Double trame, une exposition résultant du travail de quatre artistes autour de l’art textile.
D’une saison à l’autre
Marc Beaudry travaille à partir de photographies qui lui inspirent des émotions.
Je ne cherche pas à reproduire la photo, je cherche à faire ressortir des émotions que je ressens en regardant la photo
, explique-t-il
Ses toiles racontent des histoires, l’histoire de sa famille, de son expérience en tant que bénévole durant 15 ans au Festival du Voyageur ou encore de ses voyages. L'artiste confie que c’est la première fois qu’il présente publiquement ces toiles.
J'avais fait plusieurs tableaux en 2021 pour le Festival et c'est l'année où le festival n’a pas eu lieu
, confie Marc Beaudry.

Tableau de Marc Beaudry sur le thème du Festival du Voyageur
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
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Marc Beaudry ne peint que durant l’hiver, puisque, à l'arrivée la saison estivale, il abandonne ses pinceaux au profit du couteau.
Il profite des beaux jours pour sculpter à l'extérieur du bois de l’écorce du peuplier de Virginie. Il s’agit de morceaux d’écorce qui proviennent des berges de la rivière Seine et de la rivière Rouge.
Je ne suis jamais certain du produit final. Je laisse l'image surgir du bois à mesure que je sculpte
, raconte Marc Beaudry.

Marc Beaudry sculpte des visages suivant la forme du bois.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Si les toiles de Marc Beaudry parlent davantage de sa culture franco-manitobaine, la pratique du bois est davantage liée à un attachement à la nature.
Le bois est intéressant parce que c'est rattaché directement à la terre. Ça reflète un peu ce qu'on vit ici dans ce pays
, relate l’artiste franco-manitobain. Je me perds davantage dans cette activité-là. Les heures passent et je ne m'en rends même pas compte. Tandis que les tableaux, c'est plus éparpillé. Le premier jet se fait assez rapidement, mais ça prend un peu plus de temps pour trouver le bon mélange de couleurs.
L’exposition D’une saison à l’autre est à découvrir jusqu’au 9 juin au studio de la Maison des artistes visuels francophones.
Double trame
L’exposition Double trame a pour ambition de mettre en valeur les réflexions de quatre artistes acadiennes et manitobaines autour du travail du textile.
L'Acadienne Tara K. Wells travaille à partir de coupons de tissus sur le principe de la courtepointe pour créer des tableaux de chutes de tissus récupérés. Elle explique que la question écologique est au cœur de son travail.

Détail du travail de l'artiste textile Tara K. Wells
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Elle aussi originaire d'Acadie, Alisa Arsenault propose deux vidéos intitulées Memorandum, qui se questionnent sur le rôle de la postiche.
L'artiste a créé les perruques de laine qu’elle a filmées et portées sur la tête. La postiche représente ce que l’on cache, ce qu’on ne souhaite pas montrer.
Traditionnellement, ce sont les femmes qui travaillent le textile. C'est une pratique qui était faite à l'intérieur de la maison. C’est la domestique qui observait ce qu’il se passait à l'intérieur de de la famille… Les secrets de la maison étaient absorbés, les anecdotes, les histoires de la maison étaient absorbées par cette pratique
, raconte Alisa Arsenault.

Capture d'image d'une des vidéos des postiches en laine d'Alisa Arsenault
Photo : Alisa Arsenault
Le travail d’Alisa Arsenault résonne justement avec celui de l’artiste franco-manitobaine Rosemarie Péloquin.
Cette dernière s'interroge sur le sens du travail de la laine. Des mains sculptées rendent notamment hommage aux travailleurs dans les usines de laine.

Rosemarie Péloquin sculpte la laine.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
De son côté, la photographe winnipégoise Mandy Malazdrewich s’est mise au textile il y a une dizaine d’années en cousant d’abord pour elle et pour ses enfants. Elle utilise les ressources naturelles comme les plantes pour fabriquer de la teinture.
Elle travaille avec des plantes qui se trouvent dans son jardin qu'elle trouve dans les parcs près de chez elle. Donc c'est vraiment d'utiliser les ressources qui sont à sa portée pour créer ces différentes impressions-là
, indique la directrice adjointe de la Maison des artistes visuels francophones et commissaire de l’exposition, Lou-Anne Bourdeau.

Lou-Anne Bourdeau, devant le travail de Mandy Malazrewich.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Il y a quelque chose de très cyclique, car elle va récolter certaines choses au printemps, d'autres plus tard l'hiver, une fois que la neige est arrivée
, poursuit-elle.
Il s’agit de comprendre les cycles naturels qui sont liés aux couleurs, de prendre le temps de voir ce qui est autour de nous plutôt que d’être dans la consommation d'eau à grande échelle, avec de grands bains de teinture avec des produits parfois chimiques qui sont ensuite rejetés dans la nature.
L’exposition Double trame est à découvrir jusqu’au 1er juillet à la galerie de la Maison des artistes visuels.

Marc Beaudry présente pour la première fois publiquement ses toiles sur le Festival du Voyageur.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier