Congédiement de Jean-Luc Roberge : un possible conflit d’intérêts avec l’UQAC évoqué

Jean-Luc Roberge a été congédié en 2022.
Photo : Radio-Canada
L’ex-directeur général de la Société de transport du Saguenay (STS), Jean-Luc Roberge, admet qu’il a négocié un partenariat de 750 000 $ avec l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) alors qu’il était en couple avec une cadre de l’institution.
Lors de la sixième journée des audiences du Tribunal administratif du travail (TAT) concernant le congédiement de Jean-Luc Roberge, l’avocat de la STS a longuement questionné l’ancien directeur au sujet de sa relation à l’époque, alors qu’il était question d’implanter un corridor d’écomobilité à l’UQAC, nécessitant le versement de 150 000 $ par année par l’université à la STS pendant cinq ans. Des discussions avaient été amorcées en 2017.
L’avocat de la STS, Me Félix-Antoine Michaud, a demandé à Jean-Luc Roberge s’il avait informé son conseil d’administration qu’il avait une relation amoureuse avec quelqu’un qui était directement impliquée dans les négociations.
Il a répondu qu’il ne l’a pas fait, mais qu’il a avisé les différents directeurs de la STS pour éviter des inconforts et des malaises
.
Est-ce que vous pensez que vous êtes en conflit d’intérêts en négociant avec votre blonde un contrat avec l’UQAC? […]. Si vous considérez important de le déclarer à vos subalternes, pourquoi vous ne considérez pas important de le dire à votre conseil d’administration?
, a questionné l’avocat de la STS.

Les allégations visent les négociations d'une entente de 750 000$ avec l’Université du Québec à Chicoutimi.
Photo : Radio-Canada / Lynda Paradis
Jean-Luc Roberge est néanmoins convaincu qu’il n’a enfreint aucune règle d’éthique.
Je n’ai pas été en conflit d’intérêts. Un conflit d’intérêts aurait été que je me serais retrouvé, en 2019, à conclure quelque chose dont personne n’était au courant, quelque chose de caché, qu’on n’a pas été transparent vis-à-vis de personne […]. On ne faisait rien d’illégal à mon sens
, a répondu le témoin.
Contrairement à d'autres éléments amenés en preuve par Me Michaud depuis le début des audiences, ce possible conflit d'intérêts se trouvait dans la lettre envoyée à Jean-Luc Roberge pour lui expliquer les raisons de son congédiement. Cette lettre se basait sur une validation d'éléments se trouvant dans le rapport de la vérificatrice générale réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Radio-Canada en avait obtenu copie.
Une déclaration d’intérêts en preuve
Me Félix-Antoine Michaud a déposé en preuve une déclaration d’intérêt soumise par son ex-conjointe à son employeur le 11 septembre 2019 pour lui signifier qu’elle était en couple avec Jean-Luc Roberge. Elle a déclaré que son conjoint était directeur général de la STS et qu’elle assumait la coordination de certains projets avec la société.
Jean-Luc Roberge a rappelé qu’il n’a pas conclu l’entente avec l’UQAC avant 2020. À ce moment, il n’était plus en couple avec elle. Félix-Antoine Michaud a toutefois indiqué que les discussions entourant la réalisation du projet ont eu lieu pendant qu’il la fréquentait.
Aucune entente signée
Au moment de la suspension de Jean-Luc Roberge, l’entente-cadre avec l’UQAC n’avait pas encore été signée. Le directeur avait néanmoins comptabilisé la première tranche de 150 000 $ au budget de la STS, sur la base du courriel acheminé par son ex-conjointe le 16 octobre 2020.
Le directeur congédié a aussi dû admettre qu’il n’avait pas présenté l’entente avec l’UQAC à son conseil d’administration. Il a aussi confirmé que tout au long des négociations avec l’établissement d’enseignement supérieur, il n’a jamais été accompagné d’un autre membre de la direction de la STS lors des rencontres auxquelles ont également participé l’ex-rectrice Nicole Bouchard et l’ancien vice-recteur Alexandre Cloutier.
Au final, en l’absence d’un protocole d’entente dûment signé, l’UQAC a versé un seul montant de 150 000 $ à la STS. Dans la lettre de congédiement acheminée à Jean-Luc Roberge en mai 2022, il est notamment précisé que le reste du montant, soit 600 000 $, n’a jamais été payé par l’UQAC parce qu’il n’existait aucune entente-cadre signée.
À sa défense, Jean-Luc Roberge a invoqué le fait que la pandémie a tout paralysé à la STS et qu’il y avait des dossiers plus prioritaires que l’entente avec l’UQAC.
Les audiences se poursuivent mercredi après-midi.
À lire aussi :
- Congédiement de Jean-Luc Roberge : l’absence de plan stratégique de la STS critiquée
- Congédié de la STS : Jean-Luc Roberge dit que Michel Potvin a minimisé le rapport de la VG
- Congédiement de Jean-Luc Roberge : des liens avec le conseiller Michel Tremblay dénoncés
- L’ex-DG de la STS n’a pas déposé le projet de rapport final de la vérificatrice au C. A.