Confrontées à une pénurie de pompiers volontaires, les brigades misent sur la jeunesse

Audrey Fontaine est apprentie pompière depuis environ deux mois avec le service d'incendie de Balmoral.
Photo : Gracieuseté - Audrey Fontaine
Il est de plus en plus difficile de recruter des pompiers volontaires pour bien des communautés au Nouveau-Brunswick, qui en ont pourtant grand besoin. Les brigades doivent trouver des alternatives et miser sur la relève. C'est ce que fait celle de Balmoral, en recrutant des apprentis pompiers issus de l’école secondaire.
Très difficile de recruter, aussi c'est difficile la rétention
, lance le chef pompier du service d’incendie de Balmoral, Jean-Eudes Leclair.

Jean-Eudes Leclair, chef pompier de la brigade d'incendie de Balmoral
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Il explique que sa brigade est entièrement composée de pompiers volontaires. Actuellement, elle compte 26 pompiers, l’idéal serait d'en avoir 30.
Devenir pompier volontaire prend du temps et de l’engagement, explique le chef pompier.
Le gros challenge que nos nouveaux pompiers ont, c'est le niveau 1. On parle de 200 heures de cours de théorie, de pratique, c’est quand même très demandant.
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Les jeunes à la rescousse
Le niveau 1 est le niveau requis pour devenir pompier volontaire au village de Balmoral. Devant une diminution du nombre de candidats, le service d’incendie a décidé de promouvoir ce poste auprès des jeunes dans les écoles.
Ce qui est nouveau, pour nous autres, depuis deux ans, c’est des pompiers juniors, on s’est lancé dans cette aventure-là
, dit Jean-Eudes Leclair.

Le service d'incendie de Balmoral est composée de 26 pompiers volontaires.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Il explique que ces apprentis pompiers ne peuvent évidemment pas faire toutes les tâches d’un pompier qui détient un niveau 1 de certification.
C’est un rôle qui est quand même limité, il peut quand même pas aller dans le feu, il doit rester à l'extérieur de la zone rouge et il a des fonctions, tous les pompiers ont chacun des fonctions
, explique-t-il.
Là, avec les juniors, on a remonté nos chiffres, donc c’était du positif pour cette décision-là.
Sa brigade compte maintenant cinq apprentis pompiers.
Une opportunité d’aider la communauté
Audrey Fontaine est âgée de 16 ans. Elle a choisi de se lancer dans cette aventure, il y a environ deux mois.

Pour Audrey Fontaine, faire partie du service d'incendie de Balmoral en tant que pompière junior est l'occasion de pouvoir aider sa communauté.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
L’idée de devenir pompière germait dans son esprit depuis longtemps. Elle a sauté sur l’occasion qu’offrait la brigade de Balmoral.
Notre communauté de Balmoral, Eel River, tout Bois-Joli, c’est vraiment important pour moi et je trouvais que ça pouvait aider les personnes, on en manque de ça surtout, les pompiers on en cherche souvent
, raconte-t-elle.
C'est comme une famille, c’est comme tous mes pères! On a des femmes aussi, c'est comme mes mères aussi, c’est une deuxième famille!
Elle croit que ce programme permet de mettre les jeunes en valeur, de leur laisser la chance de montrer leur savoir-faire.
On peut pas aller comme dans les feux, mais on est traînés de la même façon que les autres, on tient les choses, on dévisse, on fait la même chose qu'eux, avec notre habit, on n’a juste pas les masques d’oxygène
, précise-t-elle.

La brigade d'incendie de Balmoral mise sur la relève en accueillant des apprentis pompiers dans son équipe depuis deux ans.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Audrey Fontaine ajoute que les pompiers juniors ont certains règlements à suivre et ne peuvent pas répondre à un appel pendant la nuit, s’il y a de l’école le lendemain.
Même si les entraînements sont difficiles physiquement, Audrey Fontaine espère devenir pompière certifiée et rester dans la région après ses études.
Une pénurie généralisée
Le vice-président de l’Association des chefs pompiers du Nouveau-Brunswick, Roger Pitre, affirme que le manque de pompiers volontaires affecte la majorité des communautés dans l’Amérique du Nord.
Même si des initiatives sont organisées, comme des journées portes ouvertes ou des campagnes de recrutement, le problème persiste.
Le contexte économique et social expliquerait la situation, selon lui. Les personnes sont beaucoup plus occupées qu’ils l’étaient, je pense que les conditions économiques, le coût de la vie en général, ça demande aux personnes de se prendre des emplois qui sollicitent plus de leur temps.

Selon le vice-président de l'Association des chefs pompiers du Nouveau-Brunswick, Roger Pitre, la pénurie de pompiers volontaires sévit partout en Amérique du Nord.
Photo : Radio-Canada / Ezra Belotte-Cousineau
Qu’à cela ne tienne, il faut se tourner vers d’autres alternatives. Roger Pitre souligne que l’association essaie de vulgariser le métier aux nouveaux arrivants et aux personnes plus âgées.
On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de tâches sur une scène d'incendie qui demandent pas de la grosse forme physique, de l’endurance, c’est des tâches de soutien
, explique-t-il.
Selon l'association des chefs pompiers, 95 % des quelque 5000 pompiers de la province sont des bénévoles.
Roger Pitre applaudit donc les brigades qui se tournent vers les jeunes. La jeunesse, c’est sûr que c’est le futur.
Si on est capable des accrocher lorsqu'ils sont jeunes, peut-être que ça allume la bougie, et ça fera un intérêt, on cherche tous pour le prochain chef pompier!
D’après les informations de Serge Bouchard