Patrick Norman : « Je souhaite que vous m’entendiez encore longtemps »
Entouré de ses guitares, qu’il surnomme ses « maîtresses », Patrick Norman a reçu Patrice Roy dans sa campagne au nord de Montréal, pour un entretien.

La carrière de Patrick Norman a débuté en 1969.
Photo : Radio-Canada
Tant qu’il pourra chanter et faire des spectacles, Patrick Norman compte le faire. « Ça me rend heureux », résume-t-il simplement. « Je ne peux pas ne pas jouer. »
Bien que sa plus récente tournée soit présentée comme une tournée d’adieu
, l’artiste, qui se produira sur les plaines d’Abraham pour la Fête nationale, compte poursuivre ses apparitions sur scène tant que sa santé le lui permettra.
Une opération au cœur l’a d’ailleurs forcé à annuler quelques spectacles au début du mois de mai, mais il a effectué un retour sur scène depuis.
Peut-être que ça va moins me tenter de me pencher sur de nouvelles tournées, mais ça ne m’empêche pas de donner des spectacles
, explique-t-il.
Son désir de performer le suit depuis son plus jeune âge. Il a commencé à jouer tout jeune, avec une guitare Kay appartenant à son père. Il ne voulait pas que je prenne sa guitare, mais quand il m’entendait jouer, il ne disait rien
, raconte-t-il avec le sourire.
J’ai toujours fait de la musique. […] C’était plus fort que moi, il fallait que je le fasse.
Lorsqu’il a cessé ses études, son père lui a dit qu’il devait travailler. J’allais travailler, pour plaire à mes parents, puis je faisais de la musique les fins de semaine et les soirs
, dit-il.
Un talent qui n’a pas toujours été reconnu
Comme il le raconte dans son livre Patrick, Yvon et vous, paru à l’occasion de ses 50 ans de carrière, Patrick Norman a dû jongler avec un manque de reconnaissance et un certain snobisme de l’élite musicale durant son parcours.
Il faut faire avec
, se résigne-t-il. Ça vient avec la job, mais on a tellement de belles récompenses à faire ce qu’on aime.
Il rappelle qu’il a autrefois été perçu comme quétaine
et ridiculisé pour son poids et sa perruque frisée. J’étais caricatural, mais c’était un personnage aussi
, nuance le chanteur et guitariste. Ça fonctionnait. Je vendais plus de disques que tous les grands, les élites et tout ça.
Je n’ai pas pilé sur les pieds à personne.

Avant de pleinement assumer son style musical, Patrick Norman, de son vrai nom Yvon Éthier, a tenté de se faire connaître comme chanteur de charme. Je n'aimais pas ça
, avoue-t-il. Je ne me sentais pas bien dans cet habit-là.
Il affirme qu’il ne le faisait pas nécessairement par choix, mais bien en raison des pressions de l’époque. J’étais loin d’être un tombeur pour les femmes, alors ce n’était tellement pas moi
, ajoute-t-il.
C’est lorsqu’il s’est mis à jouer ce qui lui ressemblait, accompagné de sa guitare, que sa carrière a réellement pris son envol. En 1973, il est choisi pour endisquer la chanson thème du film Papillon, qui devient un véritable coup d’accélérateur pour sa carrière.
Un refrain qui atteint l’Afrique
Son plus grand succès, la chanson Quand on est en amour, a eu des échos jusqu’au Rwanda. Il raconte que plusieurs personnes ont témoigné avoir écouté ou entendu son hymne à l’amour et à l’espoir dans ce pays déchiré par un génocide en 1994.
Pendant qu’une famille se faisait massacrer à coups de machette, une petite fille cachée se bouchait les oreilles et chantait Quand on est en amour en boucle dans sa tête
, dit-il. C’est quelqu’un à qui c’est arrivé qui est venu me raconter.
Il explique avoir reçu plusieurs témoignages du genre. Des Rwandais m’ont abordé et m’ont expliqué ce qu’ils avaient vécu
, indique-t-il.
Je n’ai jamais été [au Rwanda], mais j’ai la ferme intention d’y aller en octobre prochain
, soutient le chanteur. Si je n’y vais pas, je vais le regretter toute ma vie.
Bien qu’il ait interprété Quand on est en amour à maintes reprises et dans plusieurs langues depuis sa sortie en 1984, le chanteur country ne se lasse pas de sa célèbre ballade. Je l'adore continuellement, parce que je ne peux pas ne pas être en accord avec le message qu’elle véhicule
, soutient-il.
Ça fait partie de mes cordes, c’est qui je suis. C’est ma vérité à moi.
Grandir avec le country
Lorsqu’on lui demande de parler de ses racines musicales, Patrick Norman souligne d’emblée l’apport de son père, qui l’a initié à la musique western. Une des premières mélodies que j’ai retenues, dans ma petite tête de gamin de 3 ans, c’est Bergerette de Georges Guétary
, confie-t-il en souriant.
L’un des albums favoris de son répertoire est Where I Come From, sur lequel il interprète à sa manière 12 chansons tirées du répertoire de Hank Williams. C’est un des albums dont je suis content. J’ai chanté qui je suis.
Si son père a parfois exprimé des réticences à l’idée que Patrick Norman fasse carrière en musique, il a un jour pris soin de souligner sa fierté. Mon père m’a dit : "Je suis fier de toi, mon gars", raconte le chanteur avec émotion. Je ne l’ai jamais oublié.