Poursuite de près de 900 000 $ contre le patron de la Commission de transport de Toronto
Un ancien employé allègue que Rick Leary fait preuve d'« un mépris flagrant pour la sécurité du personnel ».

Rick Leary dirige la Commission de transport de Toronto depuis 2017.
Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle
Un ancien employé de la Commission de transport de Toronto (CTT) poursuit au civil son président-directeur général pour 885 000 $ parce qu'il soutient que Rick Leary ne se préoccupe pas de la sécurité du personnel et estime que son congédiement était injustifié.
Thomas Farrell cumulait plus de 30 ans de service en tant qu'agent spécial de la CTT, lorsqu'il prétend avoir été renvoyé le 17 février 2023.
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Le résidant de Brantford avait gravi les échelons jusqu'à devenir directeur adjoint à la sécurité, empochant un salaire annuel de 140 000 $.
Il avait toutefois été accusé d'inconduite par son employeur avant que deux accusations en ce sens ne soient abandonnées à la suite d'une enquête externe. Le mal semblait toutefois avoir déjà été fait.
Un congédiement injustifié
Selon des documents judiciaires dont Radio-Canada a obtenu copie, M. Farrell affirme qu'il a été forcé à prendre un congé payé durant deux ans, avant qu'il ne laisse finalement son emploi à cause d'un environnement de travail qu'il qualifie de toxique et d'intolérable
.
On peut notamment y lire que la CTT a finalement modifié les conditions fondamentales de l'emploi de Tom Farrell sans explication à des fins punitives, arbitraires et inavouées
.
Le plaignant de 55 ans soutient qu'il a rencontré M. Leary pour la première fois en 2013 ou 2014 et que son patron lui a dit qu'il ne l'aimait pas et qu'il ne voulait pas de lui
au sein de son organisation.
M. Farrell allègue que M. Leary a exprimé de l'animosité
ou des préjugés à l'égard de M. Farrell et qu'il a même participé à une campagne visant à l'humilier
.

Les documents de la poursuite de M. Farrell et de la défense de la CTT.
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Nadeau
La CTT s'est refusé à tout commentaire, parce que le litige est maintenant devant les tribunaux, mais assure qu'elle a l'intention de se défendre contre les accusations de M. Farrell.
Elle a d'ailleurs envoyé à Radio-Canada les documents judiciaires qu'elle compte présenter pour sa défense au moment des audiences.
Les documents indiquent que la CTT dément toutes les allégations de M. Farrell et nie que son PDG ait adopté un comportement préjudiciable à l'égard du plaignant.
La défense de la CTT assure en outre que M. Farrell a remis sa démission volontairement et en toute connaissance de cause, et qu'il n'a pas été congédié.
Aucune date d'audience n'a encore été fixée pour entendre la cause et aucune des allégations de M. Farrell n'a été prouvée devant une cour de justice.
La sécurité en toile de fond
La poursuite contre la CTT survient à un bien mauvais moment pour la Commission, qui fait face à une flambée de violence dans son système de transport.
Quelques usagers ont été tués, aspergés d'acide, poignardés ou poussés devant une rame de métro au cours des dernières années.
Ces actes criminels ne comptent pas les comportements hostiles de passagers, qui agressent le personnel de la CTT dans les bus, les tramways ou le métro.

Une conductrice d’autobus de la CTT a été victime d’une attaque au pistolet à air comprimé le 22 janvier 2023.
Photo : Radio-Canada / Spencer Gallichan-Lowe
À en croire les documents, la sécurité dans les transports est d'ailleurs au cœur de la plainte de M. Farrell, qui affirme que la CTT aimerait remplacer ses agents spéciaux par des gardiens de sécurité, notamment par souci d'économie.
Le mémoire de défense de la CTT ne mentionne toutefois pas cet aspect de la poursuite.
La CTT y souligne par contre qu'elle a mis l'accent sur le potentiel de la police communautaire et du service à la clientèle par opposition à une approche plus traditionnelle de l'application de la loi
.
M. Farrell précise que M. Leary n'a pas tenu compte de ses inquiétudes au sujet de la sécurité de ses collègues et qu'il leur aurait suggéré de refuser de travailler ou de s'adresser au ministère du Travail de l'Ontario à ce sujet.

Le logo de la Commission de transport de Toronto à l'entrée nord de la station de métro Bloor-Yonge.
Photo : Radio-Canada / Michael Wilson
L'ancien employé affirme qu'il a fait les frais de la colère de M. Leary, lorsqu'il a subi une enquête pour inconduite professionnelle en 2020.
Il croit que M. Leary lui a fait payer son désaccord avec sa position au sujet de la stratégie de la CTT en ce qui a trait à la sécurité.
L'enquête d'un cabinet d'avocats a toutefois conclu que les allégations d'un collègue contre M. Farrell n'étaient pas fondées en vertu de la prépondérance des probabilités.
En revenant au travail à la fin de son congé, M. Farrell précise qu'il a été placé sous les ordres d'un employé qui était son subordonné avant son départ, un geste qu'il qualifie de représailles dans sa plainte.
La CTT mentionne plutôt que l'employeur de M. Farrell n'a jamais cherché à créer un environnement de travail empoisonné qui le forcerait à démissionner
.
Elle ajoute qu'il a été mis en congé conformément au code de conduite de la Commission, lorsqu'un employé fait l'objet d'une enquête.
Elle précise en outre que les dommages que réclame le plaignant sont excessifs pour les difficultés qu'il dit avoir endurées.