Manque de logements abordables à Calgary : le conseil municipal divisé sur les solutions
Le groupe de travail de la Ville de Calgary sur le logement et l’abordabilité fait 6 recommandations et propose 33 actions pour s’attaquer au problème.

Les Calgariens ont de plus en plus de difficulté à se trouver un logement adapté à leurs revenus.
Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh
La ville de Calgary connaît « une crise du logement » et sa réputation de ville « abordable et habitable est en danger », selon le plus récent rapport du groupe de travail de la Ville de Calgary sur le logement et l’abordabilité présenté au conseil municipal mardi. Toutefois, les conseillers municipaux ne sont pas convaincus par les solutions proposées.
Après plus d’un an de consultations avec différents groupes qui touchent de près ou de loin le logement, le groupe de travail propose un plan d’action comprenant 6 recommandations et 33 actions concrètes, dont 18 qui peuvent être implantées dès maintenant, à peu de frais, pour renverser la vapeur avant qu’il ne soit trop tard.
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Le groupe de travail estime que si la ville perd son abordabilité, il sera très difficile d’y revenir dans le futur.
Nous ne voulons pas être dans la même situation qu’à Vancouver ou Toronto
, estime Francisco Alaniz Uribe, professeur d’urbanisme de l’Université de Calgary. L’urgence, c’est d’empêcher que ça arrive.
Le rapport suggère notamment de faciliter la construction de logements abordables en accélérant l'autorisation de la construction d'appartements secondaires dans les sous-sols et les cours arrière des propriétés.
Il faudrait aussi, selon eux, exiger un minimum de 15 % de logements abordables dans tous les quartiers de la ville pour assurer une distribution et un accès mieux répartis.
Il est aussi proposé de soutenir les initiatives de coopérative de logement.
Le but ultime est d’accroître l’offre de 15 000 nouveaux logements abordables au minimum pour répondre à la demande. Le groupe de travail souhaite le développement de 1000 logements supplémentaires par an sur le marché résidentiel et de 3000 logements abordables subventionnés par année.
Des conseillers municipaux divisés
Le conseil municipal de Calgary recevait les recommandations du groupe de travail mardi. La présentation du plan a suscité un vif débat sur les actions proposées, notamment le changement de zonage pour permettre les appartements secondaires et le retrait du minimum d'emplacements de stationnement exigé lors de la construction de logements.
Je ne peux pas soutenir toutes les recommandations
, a déclaré le conseiller municipal André Chabot lors de la pause d’après-midi, alors que les discussions n’étaient pas terminées.
Quand tu passes de un à huit [logements] et que c'est [tous] des loyers, tu ne sais jamais qui habite à côté de toi. C'est ça qui inquiète beaucoup de monde.
Le conseiller du quartier 10, un quartier avec un haut taux de maisons unifamiliales, croit aussi que le logement abordable est avant tout une responsabilité provinciale et fédérale.
Plusieurs amendements ont été proposés par les conseillers municipaux et devaient faire l’objet d’un vote tard en après-midi mardi.
Une situation critique
L’avenir des locataires est sombre, selon ce rapport. Les individus dont le salaire est sous la barre des 87 000 $ par année n’ont accès qu’à 40 % du marché locatif, l’autre 60 % étant trop dispendieux.
Le pourcentage de logements abordables disponibles sur le marché est en dessous de la moyenne canadienne, soit de 3,5 % comparativement à 6 %. Un ménage sur 6 utilise plus de 30 % de ses revenus pour se loger.
C’est un drapeau rouge
, affirme le professeur Francisco Alaniz Uribe.
La situation risque de continuer à s’aggraver si rien n’est fait selon le groupe de travail.
La population de Calgary a gagné 100 000 nouveaux résidents au cours des 4 dernières années et la Ville prévoit l'arrivée de 110 000 personnes supplémentaires au cours des 4 prochaines années.
Les villes de Vancouver et Toronto ont été submergées par ce tsunami et se demandent comment s’en sortir. Nous, nous voyons le tsunami s’en venir. Ça s’en vient
, prévient le professeur d’urbanisme.
Il estime qu'il faut des actions agressives comme celle du changement de zonage si Calgary veut éviter les problèmes que connaissent actuellement Vancouver et Toronto.
Les 3 objectifs du groupe de travail :
Augmenter et diversifier l’offre de logements abordables.
Renforcer le secteur immobilier pour promouvoir la collaboration.
Améliorer les conditions de vie des locataires.
Comment y arriver en 6 recommandations :
Faciliter la construction de logements dans toute la ville.
Accroître le nombre de terrains disponibles pour la construction de logements.
S’assurer que l’offre de logements abordables répond aux besoins des populations autochtones et d’autres groupes en mal d’équité.
Rassembler l’industrie immobilière pour améliorer la collaboration.
Augmenter les investissements pour soutenir ceux qui offrent des logements.
S’assurer que les individus ont un logement sécuritaire.