Le CISSS Chaudière-Appalaches déplacera 400 employés en renfort cet été
Pour contrer la pénurie de personnel dans son réseau de la santé, le CISSS assigne une partie de ses professionnels de la santé dans des hôpitaux et CHSLD.

De plus en plus de malades contaminés par le coronavirus se présentent aux urgences de l'Hôtel-Dieu de Lévis. Les effets de la 7e vague de COVID-19 se font sentir en Chaudière-Appalaches.
Photo : Radio-Canada
« Ça va être un été qui va être difficile parce qu’on a moins de personnel que les autres années », lance le Dr Jean Lapointe dans un corridor de l’Hôtel-Dieu de Lévis, le principal hôpital de Chaudière-Appalaches.
Celui qui est aussi directeur des services professionnels adjoint au CISSS en a vu d’autres. Il est lucide. L’été sera très chargé pour les travailleurs sur le plancher. Et il y aura du temps supplémentaire obligatoire (TSO).
Je ne te le cacherai pas, il va y en avoir, admet le Dr Lapointe. On n’est pas à l’abri de ça.

Le Dr Jean Lapointe est le directeur des services professionnels adjoint au CISSS Chaudière-Appalaches. Il croit que l’été sera « difficile » en raison du manque de personnel dans les urgences de la région. Inévitablement, certains employés risquent de faire du temps supplémentaire obligatoire (TSO).
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Mais la direction du CISSS tentera tout de même de diminuer la charge de travail pour éviter les complications et l’épuisement de son personnel. Le réseau de santé compte moduler ses activités
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Des services seront en dormance
de la fin juin à la fin août. Environ 400 employés seront affectés à des services essentiels comme les urgences, les unités de soins et les CHSLD où les services doivent être maintenus.
Cette année, on a décidé de faire autrement.
Par exemple, des infirmières scolaires ou en groupe de médecine familiale seront redirigées à l’hôpital pour donner un coup de main aux équipes. Des CLSC, des centres de prélèvements verront aussi leurs heures de service diminuées et leur personnel réaffecté.
Les besoins sont partout dans notre région
, explique Isabelle Vézina qui gère cette nouvelle façon de faire en gestion de ressources humaines, cet été. On a diminué certains services de façon très temporaire de la fin juin à la fin août pour venir s’assurer que notre personnel puisse avoir des vacances.
Les gestionnaires du réseau sont conscients que des patients auront parfois à faire de plus longs déplacements, mais soutiennent que tous les soins nécessaires seront offerts.

Isabelle Vézina est la directrice exécutive du Réseau local de service Alphonse-Desjardins au CISSS Chaudière-Appalaches. Elle croit que la diminution de certains services dans le réseau pendant les mois de juillet et août permettra d’aider les équipes les plus touchées par la pénurie de main-d'œuvre dans les hôpitaux et les CHSLD.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Un été infernal
, selon le syndicat
Le Syndicat des professionnels en soins de Chaudière-Appalaches (FIQ) est loin d’être séduit par la nouvelle initiative estivale du CISSS.
On s’attend à un été très très chaud, lance la présidente du syndicat, Carole Mercier. Ça va être quoi cet été? Du temps supplémentaire obligatoire, des gens non remplacés et des plans de contingence qui vont être utilisés tous les jours!
Le syndicat soutient que plusieurs membres sont loin d’être enchantés par le mouvement de personnel et les réaffectations dans le réseau pendant l’été.
Le mouvement de personnes, ça va être de les faire partir en maladie.
Ça frustre énormément les gens de devoir se faire déplacer de leur milieu de travail
, explique Carole Mercier.

Carole Mercier est la présidente du Syndicat des professionnels en soins dans la région de Chaudière-Appalaches. Elle croit que l’été sera « infernal » et « très chaud » pour les infirmières et les inhalothérapeutes qu’elle représente.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
En pleine négociation avec le gouvernement pour le renouvellement des conventions collectives, elle promet d’ici quelques semaines des moyens de pression de la part de ses membres.
C’est certain que les moyens de pression vont s’accélérer. Ils vont augmenter en gradation aussi selon l’état des négociations.
Des patients de moins en moins patients...
À l’urgence, même si la période des virus respiratoires semble s’être essoufflée, les taux d’occupation continuent de fréquemment dépasser le seuil du 100 % en Chaudière-Appalaches.
Pour les urgentologues, l’été est le signe de plusieurs cas variés.
Beaucoup de blessures! Quand il fait beau, les gens vont dehors, souligne le Dr Jean Lapointe. Les tondeuses, les petites rénovations, les enfants tombent à vélo. C’est la période de l’année où c’est un amalgame de choses!
Et les personnes en attente dans les salles d’urgence sont aussi beaucoup moins patientes.
Il y a un sentiment depuis la pandémie... tout le monde est un peu irrité, explique le Dr Jean Lapointe. Souvent quand les gens n’ont pas nécessairement ce qu’ils veulent dans le délai, la pression monte.