De nombreuses critiques adressées à La Mante du Carré de Danville

La mission de La Mante du carré est de « mettre en valeur et rendre disponible à notre communauté, tout au long de l’année, des produits locaux, santé et issus d’une production durable ainsi que de créer des échanges entre les producteurs et les consommateurs », peut-on lire sur le site de l'OBNL.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
Fournisseurs impayés, climat de travail difficile, gestion remise en question : la Mante du Carré de Danville est sous le feu des critiques depuis quelque temps. La situation a pris une telle ampleur qu’elle préoccupe maintenant la mairesse de la municipalité, Martine Satre.
Nadia Loria Legris a été l’une des premières à dénoncer publiquement la gestion faite à La Mante du Carré. L'artiste allègue n’avoir jamais été payée pour les cartes de souhaits déposées en consignation à l’établissement qui auraient été vendues. Ce n'est pas un si gros montant sauf que ça représente une centaine de cartes que j'ai faites à la main
, souligne-t-elle.
C'est la relation de confiance qui a été brisée qui est le plus dommageable dans toute l'histoire.
Radio-Canada a constaté que le cas de Nadia Loria Legris n’est pas unique. Deux entreprises se sont même récemment tournées vers les tribunaux dans l'espoir d'être payées. Selon nos informations, l’une d’entre elles réclame 20 000 $ pour de la viande qui n’aurait pas été payée.
Plusieurs anciens employés de l'endroit dénoncent aussi la gestion du président, Christian Perreault. Parmi les 11 témoignages recueillis, la majorité déplore des irrégularités dans le traitement salarial et dénonce un climat de travail difficile. Pendant les trois ou quatre moins où j'ai été là, les payes rentraient toujours en retard
, donne en exemple Clémence Couture.

Clémence Couture affirme avoir toujours eu des problèmes à être payée lorsqu'elle était à l'emploi de La Mante du Carré.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
Un autre ex-employé, Xavier Mascre, a même porté plainte. Il avait fait le voyage de France pour venir travailler à la Mante du Carré. L’immigration avait accepté que je change de travail, donc ce n’est pas pour rien non plus
, affirme l'ex-employé.
Au C.A. sans le savoir
D'autres dénoncent aussi la mainmise sur l’organisme à but non lucratif (OBNL) par un seul individu : le président Christian Perreault. Il est le seul membre du conseil d’administration à apparaître au Registraire des entreprises du Québec. On y trouve aussi Catherine Chapeau. Sauf qu'elle affirme avoir été nommée à son insu. C'est insécurisant parce qu'on est nommé pour quelque chose dont on n'a aucune connaissance et qu'on ne savait même pas qu'on était nommé. On ne peut pas se déprendre de ça
, déplore-t-elle.
Depuis qu'il m'a nommé, il ne m'a jamais parlé de quoi que ce soit de La Mante. Il la gère tout seul La Mante.
Le président de l’organisme, Christian Perrault, se défend de la situation et indique que deux nouveaux administrateurs ont été récemment nommés et apparaîtront sous peu dans les documents officiels. C'est juste qu'il y a un délai au niveau du Registraire pour que notre document soit traité. Ils ont des retards ces temps-ci, mais ça devrait être fait incessamment.
Ce dernier attribue les problèmes financiers de La Mante du carré à la pandémie, mais assure qu'à ce jour, les fournisseurs ont tous été payés ou sont en voie de l'être. La situation, en majorité, est revenue à la normale. Notre chiffre d'affaires va très bien
, affirme M. Perreault.
Toutefois, il soutient que plusieurs réclamations, dont celles de 20 000 $ en viandes, sont infondées. Au niveau de la boucherie, pour de vrai, il n'y a pas de montants qui sont dus
, martèle-t-il.
La réponse est la même concernant les revendications de certains artisans. Ce sont des gens qui ont des réclamations qui n'ont pas pu être prouvées sur lesquelles il y a des litiges
, dit Christian Perreault. Quant aux anciens employés, le président affirme que ce n’est qu’une minorité d'entre eux qui est à l’origine des allégations. On est supporté par une grande majorité de la communauté
, avance-t-il.
« Un réel problème de gouvernance »
Quoi qu’il en soit, la bisbille actuelle dépasse largement les murs de l’organisme et préoccupe même la mairesse de Danville, Martine Satre. C'est un réel problème de gouvernance
, dit-elle.
C'est regrettable et on est impuissants par rapport à ça.
La mairesse souhaite une sortie de crise pour ce lieu touristique important. C'est un lieu qui est important pour Danville. C'est central
, ajoute-t-elle.
L'ex-employée, Clémence Couture, abonde dans le même sens.C'est pour ça que je me bats. Ça devrait être quelque chose qui devrait être pour et par la communauté. C'est au cœur de Danville. Ça pourrait tellement permettre à la communauté de s'élever, d'avoir un lieu d'échanges, un lieu de partage.
Tous espèrent le maintien des activités, mais le lien de confiance avec la direction semble avoir été rompu aux yeux de plusieurs.
La Mante du carré a pignon sur rue depuis 17 ans à Danville.
Avec les informations de Thomas Deshaies