Foyers de soins : le syndicat réclame 7 % à 10 % d’augmentations au gouvernement Higgs

Les syndiqués des foyers de soins, affiliés au SCFP, se disent prêts à se battre pour obtenir des augmentations salariales.
Photo : CBC / Hadeel Ibrahim
Un nouveau bras de fer se prépare entre le gouvernement conservateur de Blaine Higgs et un groupe de syndiqués. Un an et demi après la grève de 20 000 employés de la fonction publique, c’est maintenant au tour du Conseil des syndicats des foyers de soins du Nouveau-Brunswick d’affronter le gouvernement.
Le CSFSNB représente 4600 travailleurs de foyers de soins provinciaux. Il s’agit, entre autres, d’infirmières auxiliaires, de préposés aux soins, à la maintenance, à l’entretien ménager, aux services alimentaires.
Le vice-président du CSFSNB, Jason St-Onge, dit que les négociations entre son syndicat et l’Association des foyers de soins se déroulaient assez bien, du moins jusqu’au 30 mai. Depuis cette date, les échanges seraient ralentis en raison du paquet monétaire
, croit-il.

Jason St-Onge, vice-président du Conseil des syndicats des foyers de soins du Nouveau-Brunswick, dit que les syndiqués sont prêts à se battre pour obtenir gain de cause.
Photo : Radio-Canada
On demande de 7 % à 10 % par année, sur trois ou quatre ans.
Le syndicat négocie directement avec l’Association des foyers de soins, qui transmet les demandes au gouvernement. Selon Jason St-Onge, le gouvernement ne semble pas vouloir céder sur la question des salaires.
Cette fois-ci, on demande une bonne augmentation salariale, puis on va tenir notre bout jusqu’à la fin, parce que dans les trois, quatre dernières années, avec la COVID, ces choses-là, le gouvernement a offert des primes, a offert des augmentations, des ajustements salariaux à certains endroits au niveau des soins, puis, oui, eux aussi ont droit à leur part de gâteau, et on est contents pour eux autres, mais nous autres, au niveau des foyers de soins provinciaux, on est encore négligés, encore oubliés.
Négociations entre les foyers de soins et la province
Des discussions sur les salaires se déroulent, en ce moment, entre l’Association des foyers de soins et le gouvernement du Nouveau-Brunswick. La PDG de l’Association des foyers de soins, Julie Weir, n’a toutefois pas voulu révéler si elle appuyait les demandes syndicales.
Nous sommes en discussion en ce moment, et je travaille pour obtenir une augmentation de salaire au SCFP dont je peux être fière
, dit-elle.
Nous devons être compétitifs lorsque nous recrutons.

Julie Weir, PDG de l'Association des foyers de soins du Nouveau-Brunswick, dit que des discussions ont lieu avec la province sur la question du salaire des employés.
Photo : Gracieuseté de Julie Weir
Elle souligne qu’une augmentation salariale est importante pour que les établissements puissent garder leurs employés et en recruter d’autres.
Des moyens de pression envisagés
Les membres du CSFSNB n’ont pas fait la grève depuis 2000. Mais cette fois, tout est envisagé pour obtenir gain de cause.
Nos moyens de pression vont commencer dans le bas de l’échelle [...] mais plus ça va aller, si le gouvernement résiste encore une fois, les moyens de pression vont escalader, vont être de plus en plus grands
, explique Jason St-Onge.

En 2021, lors des négociations avec plus de 20 000 employés de la fonction publique, le premier ministre Blaine Higgs avait fini par reculer face à la grève déclenchée à l'automne.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Ces moyens de pression devraient commencer dans les prochaines semaines ou les prochains mois, précise le syndicat.
On va se battre jusqu’au bout.
En ce qui a trait à une éventuelle grève, le syndicat reconnaît que l’adoption, l’automne dernier, du projet de loi 17 impose de nouvelles restrictions.
Le gouvernement a restreint un peu notre droit de grève en désignant un certain pourcentage d’employés qui doivent travailler, et un certain autre qui peuvent aller faire la grève
, souligne Jason St-Onge, qui croit cependant que cela n’empêchera pas les syndiqués de faire valoir leurs revendications.
Rétention et soins aux résidents
La ministre du Développement social, Dorothy Shephard, reconnaissait récemment qu'il y a près de 300 lits vacants dans les établissements, faute de personnel. Selon le syndicat, cela est directement lié aux salaires et aux conditions de travail.
On voit beaucoup beaucoup de départs, parce que les surcharges de travail sont terriblement hautes [...] meilleurs salaires, meilleurs avantages, meilleures conditions de travail, beaucoup plus de monde vont être intéressés à venir travailler, donc plus de monde dans les foyers de soins, ce qui va réduire les crises de manque de personnel, donc le résident, au bout du compte, va bénéficier de ça aussi
, estime Jason St-Onge.

Jules Chiasson, directeur général sortant de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick
Photo : Radio-Canada
L'Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick (AFANB) est aussi d'avis que les employés des foyers de soins devraient être mieux payés.
Ça fait un certain temps, à l'Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick, qu'on demande que les préposés et les employés des foyers de soins soient mieux rémunérés
, affirme Jules Chiasson, directeur général sortant de l'AFANB.
Qu'est-ce qui est demandé par le syndicat, ce n'est pas exagéré.

Selon le syndicat, des augmentations salariales permettront de recruter davantage d'employés, ce qui assurera de meilleurs services aux résidents.
Photo : Radio-Canada / Michel Nogue
Le manque de lits dans les établissements, faute de personnel, force la province à maintenir des aînés dans des lits d’hôpitaux, ce qui occasionne d’autres problèmes pour l’ensemble du système de santé.
Je pense que c’est le temps que le gouvernement ouvre les yeux, qu'il arrête de faire l’autruche avec les travailleurs des foyers de soins, veut veut pas, on prend soin des personnes qui ont bâti la province du Nouveau-Brunswick, donc je pense qu’ils méritent des soins avec dignité et respect
, ajoute-t-il.
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Personne, du côté gouvernemental, n'était disponible pour nous accorder une entrevue sur cette question.
Avec les informations d'Alix Villeneuve