Congédié de la STS : Jean-Luc Roberge dit que Michel Potvin a minimisé le rapport de la VG

Le conseiller municipal et président de la Commission des finances de Saguenay, Michel Potvin (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
L'ex-directeur général de la Société de transport du Saguenay (STS), Jean-Luc Roberge, s'est défendu lundi en affirmant que le président de la Commission des finances de Saguenay, Michel Potvin, a minimisé la teneur du rapport de la vérificatrice générale sur la STS, et ce, malgré le fait que le document était extrêmement sévère en ce qui a trait à la gouvernance et à la gestion de l’organisme.
C’est ce qui est ressorti en matinée de la quatrième journée d’audiences du Tribunal administratif du travail (TAT) où Jean-Luc Roberge conteste son congédiement survenu en mai 2022.
En cours d’interrogatoire, l’avocat de la STS, Me Félix-Antoine Michaud, a fait admettre à Jean-Luc Roberge qu’il n’a partagé le projet de rapport final de Sylvie Jean qu’avec trois membres du conseil d’administration : le président et le vice-président de l’époque, Jean-Marc Crevier et Michel Tremblay, de même que Michel Potvin.
Comme l’a soulevé le procureur, qui tente de démontrer depuis le début des audiences que Jean-Luc Roberge administrait mal l’organisme et ne respectait pas les règles d’éthique, Michel Potvin ne détient pourtant aucun pouvoir particulier au sein du C. A.
Trois administrateurs ont eu en primeur le projet de rapport final […]. Comme directeur général, pensez-vous que vous aviez le droit de faire du cherry picking sur les administrateurs à qui vous alliez l’envoyer, de les cibler?
, a insisté Me Michaud.
Jean-Luc Roberge a été pressé d’expliquer pourquoi il a omis de déposer le rapport, qu’il avait en main depuis quelques semaines, à l’ensemble du conseil d’administration plutôt que de trier trois membres sur le volet.
Oui, c’était ma prérogative. J’ai toujours informé ces administrateurs-là régulièrement
, a répondu Jean-Luc Roberge.
« Un rapport comme les autres »
À la suggestion de Jean-Marc Crevier, Jean-Luc Roberge est allé remettre le rapport à Michel Potvin en main propre, à sa résidence, le 19 janvier 2022.
Après l’avoir feuilleté, le gardien des finances de la Ville aurait dit à Jean-Luc Roberge que ce n’était qu’un rapport parmi tant d’autres et qu’il ne voyait rien d’inquiétant dans le document, pourtant extrêmement critique à l’endroit de la STS.
C’est d’ailleurs ce rapport d’audit, commandé par la Ville, qui a mené à la suspension, puis au congédiement de Jean-Luc Roberge.
Il [Michel Potvin] est d’avis qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans le rapport et qu’il n’y a aucune raison de mettre du monde dehors pour ça
, a répondu Jean-Luc Roberge, qui dit avoir passé 45 minutes chez Michel Potvin à parcourir le document de 145 pages.
D’autres textos déposés
À plusieurs reprises, Jean-Luc Roberge s’est fourvoyé dans les dates et a eu du mal à répondre clairement à l’avocat de la STS, qui tentait de refaire la chronologie de la transmission du rapport.
Il a déclaré ne pas se souvenir de l’avoir envoyé au président Jean-Marc Crevier avant le 2 janvier 2022, même s’il possédait le document depuis plusieurs jours.
Cette même journée, les deux hommes ont discuté par texto. Selon Jean-Luc Roberge, Jean-Marc Crevier aurait associé le rapport à du « grattage ».
J’ai lu le document. J’ai l’impression que c’est Kevin [Armstrong] qui l’a rédigé
, a écrit Jean-Marc Crevier à Jean-Luc Roberge.
L’avocat de la STS a rappelé que le conseiller municipal Kevin Armstrong siège à la Commission des finances de Saguenay, qu’il est rigoureux et qu’il posait beaucoup de questions sur la STS.
Il trouvait que Mme Jean grattait beaucoup de choses. Il [Jean-Marc Crevier], trouvait que c’était un peu exagéré et que ça ressemblait à de l’acharnement
, a relaté Jean-Luc Roberge. De plus, M. Crevier lui aurait dit que ça frôlait la commande politique
, a-t-il ajouté.
Le 5 janvier, Jean-Luc Roberge a partagé le projet de rapport final avec le vice-président Michel Tremblay. Placé dans l’embarras par l’avocat de la STS la semaine dernière en raison de demandes qu’il a faites à Jean-Luc Roberge au cours de la campagne électorale de 2021, il a démissionné de son poste d’administrateur.
Les autres membres du conseil d’administration de la STS ont pu prendre connaissance du contenu du rapport et de ses quelque 70 recommandations lors de son dépôt au conseil municipal le 4 février 2022.
Les audiences se poursuivent lundi après-midi, mardi et mercredi.