Feux de forêt : un printemps mouvementé en chiffres

Un avion disperse un mélange d'eau et de produit ignifuge au-dessus de l'incendie près du lac Barrington, en Nouvelle-Écosse.
Photo : La Presse canadienne / Communications Nouvelle-Écosse
De la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, les feux de forêt se sont multipliés ces dernières semaines et ont déjà brûlé des millions d'hectares en plus de forcer l'évacuation de milliers de Canadiens. Tour d'horizon en chiffres.
En date du 6 juin, le nombre de feux de forêt actifs au Canada s'élevait à près de 400, dont environ 240 n'étaient pas circonscrits.
D'après le gouvernement fédéral, 2214 incendies ont consumé environ 3,3 millions d'hectares jusqu'à présent, soit environ 13 fois la moyenne sur 10 ans. Au total, 120 000 personnes ont été forcées de quitter leur domicile et 26 200 autres sont en cours d'évacuation.
En conférence de presse lundi, le directeur général du Centre de foresterie du Nord chez Ressources naturelles Canada, Mike Norton, a souligné qu'il n'était pas normal d'assister à une telle multiplication des feux d'un océan à l'autre aussi tôt dans l'année.
De plus, les prévisions pour les mois à venir laissent présager une activité des incendies de forêt supérieure à la normale.
Début de saison compliqué dans l'Ouest
C'est dans l'ouest du pays que la saison des feux de forêt a frappé tôt, c'est-à-dire au début du mois de mai. En Alberta, les autorités ont dû combattre près de 580 incendies cette année, dont plus de 300 provoqués par des activités humaines.
À ce jour, les brasiers, qui ont contraint 38 000 Albertains à évacuer leur logement, ont rasé plus d'un million d'hectares dans la province.
Dans l'histoire de l'Alberta, la plus grande superficie de terres brûlées remonte à 1981, année lors de laquelle 1,3 million d'hectares avaient été brûlés au cours d'une saison entière.
Même si l'état d'urgence provincial décrété le 6 mai a pris fin le 3 juin dernier, la province compte toujours plus de 60 feux actifs.
La province voisine de la Colombie-Britannique combat quelque 80 incendies, dont l'imposant feu de Donnie Creek, qui couvre pour le moment 240 480 hectares. Il s'agit d'un des plus gros feux de forêt de l'histoire de cette province.
Au même moment, un énorme feu qui a déjà consumé plus de 200 000 hectares de terres dans les Territoires du Nord-Ouest menace la communauté de Sambaa K'e.

Entrevue avec Yan Boulanger, un scientifique travaillant pour Ressources naturelles Canada
Feux « sans précédent » en Nouvelle-Écosse
Dans les Maritimes, la Nouvelle-Écosse connaît une de ses pires saisons de feux de forêt. Dans le sud-ouest de la province, le feu près du lac Barrington, dans le comté de Shelburne, qui fait rage depuis le 27 mai, n'est toujours pas maîtrisé.
Ce brasier, qui couvre actuellement 24 980 hectares, est devenu le plus grand incendie de l'histoire de la province. En près d'une semaine, 26 680 hectares ont été détruits par les flammes.
Plus de 20 000 personnes ont dû être évacuées et 200 résidences ont été rasées par les incendies.
Le premier ministre néo-écossais Tim Houston a indiqué que jamais la province n'avait mobilisé autant de ressources pour combattre des feux. Ces incendies, a-t-il ajouté, sont sans précédent
.
La pluie des derniers jours a toutefois facilité le travail des pompiers, qui ont réussi à circonscrire les feux de la ville de Shelburne, du village de Pubnico et d'Halifax.
Dur printemps au Québec
Épargné l'an dernier par la saison des feux de forêt, le Québec manque d'effectifs cette année pour combattre les nombreux incendies qui se sont déclarés sur son territoire. La province avait pourtant connu un début de saison très calme en raison de températures sous les normales saisonnières et d'un important épisode de verglas
, selon la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).
Au début du mois de mai, cet organisme recensait 18 feux de végétation, qui avaient touché environ 5,2 hectares de forêt. Or, en date du 5 juin, ce sont plus de 150 incendies que les autorités tentent de maîtriser.
Depuis le début de la saison, 417 feux ont été recensés et ont touché plus de 159 000 hectares. C'est bien au-dessus de la moyenne des dix dernières années à pareille date, qui s'élève à 199 feux pour 247,3 hectares touchés.
La région de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, et le secteur de Chute-des-Passes, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sont particulièrement touchés, selon Josée Poitras, agente à la prévention et aux communications à la SOPFEU. Il en va de même dans les environs de Lebel-sur-Quévillon, où les feux 344 et 312 cumulent un total de plus de 27 900 hectares brûlés.
Comparativement aux années précédentes, le printemps 2023 est particulièrement dévastateur. En date du 5 juin, le nombre d'hectares brûlés dépassait de loin le total des superficies incendiées des saisons passées, d'après les données de la SOPFEU.
Selon Mme Poitras, la foudre a contribué à déclencher de nombreux incendies contre lesquels les autorités québécoises luttent depuis le mois de mai.
Bien qu'intense, la saison des feux que nous traversons n'est pas la pire de l'histoire de la province. On n'est pas dans des situations jamais vues dans le passé
, relativise Yves Bergeron, professeur et chercheur à l'Institut de recherche sur les forêts de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. En 1922, dit-il, ce sont 6500 kilomètres carrés [650 000 hectares] qui ont brûlé au Québec.
Le gouvernement fédéral, qui anticipe une situation difficile
cet été, rappelle de son côté que les prévisions de temps chaud et sec pourraient contribuer à une augmentation du nombre de feux de forêt dans une grande partie du Canada
.
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Avec les informations de La Presse canadienne